Faranah : À la rencontre de la famille Keira à Tambayah, qui charme les serpents depuis des siècles

Le pouvoir surnaturel existe toujours en Guinée. Charmer les serpents, est un héritage de la famille Keira résidant à Tambayah, une localité située à 42 km de la préfecture de Faranah. Depuis des siècles, cette famille soignent les personnes victimes de morsures de serpents. Agé de 64 ans, Elhadj Khalo Moussa Keira, héritier de ce pouvoir magique, est l’un des plus grands charmeurs de serpents de la Guinée.

Rencontré par notre reporter, ce fils héritier raconte comment ce pouvoir mystique lui a été transmis. « Depuis mes six (6) ans, j’ai eu tous ces secrets. C’est l’héritage de mon père, qui a hérité de son père, celui-ci aussi de son père, donc c’est un pouvoir que notre famille possède depuis des années. Ce n’est ni du charlatanisme, ni du maraboutage et loin d’une affaire de djinn (diables). Chez nous, il ne s’agit pas d’apprendre à charmer les serpents, c’est loin de l’apprentissage. Dès que tu atteins un certain âge, pour être initié et se rassurer que tu es un vrai fils de la famille, ton père te commissionne d’aller chercher la feuille de nos ancêtres et on ne va pas t’indiquer c’est quoi la nature de ladite feuille. Arrivé en brousse, si tu es un enfant natif de la famille, tu trouveras la feuille au cas contraire, tu te retourneras à la maison sans feuille, cela veut dire que toi tu ne mérites pas ce pouvoir car, tu n’es pas d’origine Keira. Nous sommes plus 100 personnes dans notre famille aujourd’hui, qui peuvent guérir les personnes victimes de morsures de serpents », a-t-il expliqué.

Elhadj Khalo Moussa Keira

La localité de Tambayah est protégée par les serpents depuis des siècles. Selon Elhadi Khalo Moussa Keira, l’Almamy Samory Touré et ses sofas (soldats de guerre ndlr) ont été empêchés d’y accéder à l’intérieur de ladite localité, au temps de la colonisation.

« Au temps de l’Almamy Samory Touré, nos ancêtres ont fait toutes les guerres avec des serpents. Quand Samory et son équipe voulaient attaquer l’un de nos villages, ce sont les serpents qui leur empêchaient d’y rentrer. Donc, les serpents nous ont protégé pendant des siècles, c’est pourquoi chez nous, il est interdit de tuer les serpents, on peut leur empêcher à ne pas causer de problème sur l’être humain et guérir les victimes de morsures », précise-t-il

Par ailleurs, Elhadj Khalo souligne qu’il existe 105 catégories de serpent, « il y a 5 catégories dès que tu vois seulement, tu meurs, ils (les serpents ndlr) te voient aussi, c’est la même chose. La seule chose qui peut te sauver après avoir vu ce genre de serpent, il ne faut jamais raconter à quelqu’un que tu as vu un serpent jusqu’à ta mort. Dès que tu racontes seulement, tu meurs. Les 100 autres catégories, nous avons eu les médicaments pour le traitement de 50, et les 50 dernières catégories, nos ancêtres n’ont pas eu des plantes pour le traitement de morsure de ces serpents, c’est pourquoi quand quelqu’un est victime de morsure de ce genre de serpent, il meurt sur place, sans aucune solution », a fait savoir Khalo Moussa Keira.

Communiquer avec les serpents n’est pas quelque chose d’étrange aux yeux des membres de la famille Keira. Cependant, cette communication n’est pas publique et seuls les initiés peuvent entendre. Khalo Moussa Keira révèle avoir commissionné son fils au centre-ville de Faranah, pour aller dialoguer avec un serpent, avant de le capturer.

« Quand il y a un cas de morsure de serpent, la victime nous trouve ici à Tambayah ou soit, on se déplace pour aller la secourir. Notre dernier voyage sur le centre-ville de Faranah, nous avons été appelés qu’un serpent aurait beaucoup fatigué une famille, chaque fois, il apparaît dans la chambre mais, ils n’arrivaient pas à le tuer. J’ai envoyé mon fils d’aller interpeller le serpent pour m’envoyer. Une fois là-bas, il a appelé le serpent de se rendre, celui-ci a répondu à mon fils que cette famille aurait construit la maison sur sa maison donc, qu’il est chez lui et en plus de cela, qu’ils ont tué l’un de ses enfants, c’est le dernier qu’ils tentent de tuer c’est pourquoi, il sort souvent pour s’imposer. Qu’ils l’ont même frappé à l’aide de pilon une fois, au niveau de son coup. Toutes ces informations données par le serpent, ont été confirmées par la famille, qui dit avoir tué un petit serpent dans ladite concession. C’est ainsi que mon fils a pu maîtriser le serpent et le mettre dans son sac pour l’amener. Il est avec nous ici », a-t-il expliqué.

Les victimes de morsures de serpents viennent de partout à Tambayah, à travers tout le pays ainsi que dans la sous-région. Elhadj Khalo Moussa KEIRA explique son mode de traitement, les difficultés rencontrées, avant de terminer par l’emprisonnement des serpents qui ont fait beaucoup de victimes.

« Nous n’avons pas autres choses que les feuilles de plantes pour guérir les gens. Il y a des personnes que nous recevons ici qui sont victimes du mauvais sort. Vous savez, il y a des gens qui sont capables de commissionner le serpent d’aller mordre quelqu’un. Il y a d’autres aussi qui sont victimes de morsures, sans aucun sort, ils peuvent se contracter avec le serpent en brousse, sans se rendent compte. Ils sont guéris en fonction du degré de leur blessure. Nous rencontrons beaucoup de difficultés, les serpents sont très dangereux, une fois en brousse pour cueillir les feuilles de plantes, ils nous menacent parfois. Il faut être très fort plus qu’eux pour avoir ces feuilles. Ils sont condamnés en fonction de leur dégât causé sur l’être humain. Nous avons des serpents qui ont été condamnés à 100 ans de prison par mon père, beaucoup sont plus âgés que moi, ce sont ces serpents qui ont tué plus de 2 à 3 personnes. Ces serpents
dangereux sont gardés quelque part, loin du village. Ceux qui sont avec nous ici dans ces deux cases que vous voyez, n’ont pas causé beaucoup de dégâts mais, ils sont en prison quand- même », a-t-il conclu.

Ce vieux de 64 ans a initié ses enfants, qui prennent désormais sa place. Lui, il ne fait que coordonner les activités et appuyer ses fils dans cette pratique mystérieuse et ancestrale. Ce qui explique que ce pouvoir magique de la famille Keira, est transmis de génération en génération.

Mohamed DIANÉ pour Actuguinee.org 00224 622074075

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