Affaire vente Air Guinée: Cellou Dalein Diallo,rattrapé par ses écrits et son cachet!

Le rapport rendu public par le comité d’audit et de surveillance des secteurs stratégiques de l’économie, lève un coin du voile épais qui entourait la faillite de l’ancienne compagnie nationale Air Guinée. Pour certaines personnalités comme le leader de l’UFDG, Cellou Dalein Dalein Diallo et l’ancien ministre de l’économie et des finances Cheick Amadou Camara, la charge semble rude et la situation exige des explications convaincantes.

L’histoire d’Air Guinée a tous les contours de celle du crapaud qui voulait être plus gros que le bœuf. A l’origine, El Hadj Mamadou Sylla, PDG de Futurelec Holding, un homme d’affaires aux ambitions démesurées, fort de sa proximité avec le chef de l’état de l’époque décide d’avancer ses pions. Un de ses objectifs : mettre sur pied et gérer une compagnie aérienne privée qu’il pourrait, selon ses calculs, rentabiliser très rapidement. Le monde n’est pas à l’époque frappé par la crise financière qui, par l’onde de choc qu’elle a provoqué dans le secteur pétrolier, n’avait pas encore plombé l’aviation civile. En théorie, le plan devrait marcher comme sur des roulettes.

Pour votre lanterne, les actifs de la compagnie nationale se résumaient essentiellement à un Boeing 737-200 d’une valeur d’environ 4 millions de dollars USD, un Dash 7 d’une valeur de 700000 dollars USD, des pièces de rechange d’une valeur de 2 millions de dollars USD, deux moteurs Boeing estimés à 550000 dollars USD, deux groupes électrogènes de 75 KVA chacun, coûtant environ 50000 dollars USD et quelques immeubles. Ces chiffres ont été révélés suites à l’expertise demandée par les auditeurs auprès des compagnies d’assurances et de réassurances UGAR et AXA…

Malgré ce patrimoine, Air Guinée croulait sous les dettes du fait d’une gestion aléatoire et pas du tout ambitieuse ; pour preuve les deux moteurs Boeing ont fini leur course en gage au niveau de la Société israélienne Bedek Aviation Group, celle-là même qui était chargée de la révision du Boeing d’Air Guinée.

El Hadj Sylla constate – à juste titre – les nombreuses difficultés dans lesquelles se débat la compagnie nationale Air Guinée et décide de tenter sa chance en proposant un forfait de 5 millions de dollars USD pour l’ensemble des actifs dont certains seront en bail. Ces derniers comprenaient outre la liste indiquée plus hauts un terrain de 1796,94 m2, des ateliers et un garage situés à l’aéroport de Conakry Gbessia, un batiment R+1 disposant d’une cour de 1163 m2 pour usage de bureaux au quartier Almamya à Kaloum (seuls 1291406 USD seront effectivement payés par Sylla d’après le rapport).

Le même rapport accuse Mamadou Sylla d’avoir bénéficié pour la location du siège d’Air Guinée d’un prix préférentiel de 2 millions GNF par mois, partiellement payé du reste. « Malgré ce loyer dérisoire, Air Guinée Express (nom de baptême choisi par Sylla pour sa nouvelle compagnie), n’a pu payer que 11 mois sur les 26 qu’a duré le contrat commercial, soit 15 mois impayés » (sic !), affirme le document des auditeurs.

Le rapport enfonce le clou en accusant le concessionnaire (Mamadou Sylla) d’avoir détourné les 2 moteurs du Boeing « laissés en gage en Israël » et les 2 groupes électrogènes de 75 Kva, soit au total 600000 dollars USD ! On compte bien sur Sylla dont le caractère bien trempé et accrocheur n’est plus à démontrer pour, au cours de la conférence de presse à venir, faire pièce des accusations portées contre son honorable personne.

Selon le rapport d’audit dont Médiaguinée a vu copie, le processus de mort programmée d’Air Guinée a commencé à partir du moment où Cellou Dalein Diallo, à l’époque ministre des transports et des travaux publics a donné l’ordre à Ibrahima Camara, alors directeur de l’unité de privatisation, de préparer les premiers documents de base devant servir à la cession des actifs de la compagnie.

« Monsieur Cellou Dalein Diallo, ministre des Transports et des Travaux publics à l’époque des faits (…) a instruit M. Ibrahima Camara, alors directeur de l’Unité de privatisation, de préparer le Décret de dissolution de la Compagnie Air Guinée et la convention de cession des actifs à M. Mamadou Sylla, opérateur économique », affirme le rapport qui précise que, durant les investigations, Cellou Dalein Diallo n’a pu être auditionné en raison de son absence du territoire national.

Nous aurions été bien entendu beaucoup mieux édifiés si les auditeurs avaient indiqué clairement que l’ancien ministre des Transports et des Travaux publics – surtout que le bonhomme bénéficie de nos jours de la double casquette de leader de l’opposition – leur avait opposé une fin de non recevoir ou un refus catégorique de se prêter à leurs questions.

Ce n’est pas pour rien que la « sentinelle » de l’UFDG, Fodé Oussou Fofana, s’est engouffré dans la brèche pour mettre en exergue ce bien curieux vide dans le dossier. Toutefois, lui rétorqueront les détracteurs de Cellou Dalein, vu la cadence avec laquelle le résultat des audits a été réclamés à cors et à cri par Fodé Oussou lui-même, sa manière de botter en touche (« notre préoccupation ce sont les élections », franchement !) est aussi curieuse que les insuffisances qu’il dénonce dans la démarche des auditeurs. Il est vrai que ces derniers devraient absolument confronter l’actuel leader de l’UFDG avec les résultats de leurs investigations, avant de rendre public leur rapport.

Mais une question nous trotte à l’esprit : pourquoi un rapport d’audit qu’il soit de l’époque du capitaine Moussa Dadis Camara (donc de 2010 comme aime à le dire Fodé Oussou) ou de l’ère Alpha Condé, dans la mesure où il est censé se fonder sur des faits avérés qui ont porté préjudice aux citoyens guinéens, devrait-il être perçu avec plus ou moins de sérieux ? L’esprit – somme toute misérable – du « règlement de comptes » ne saurait quand même pas effacer la gravité des faits révélés au grand jour ! A la place des personnes « mouillées » par le rapport du comité d’audit, nous donnerions nous aussi notre version des faits publiquement.

Les auditeurs mentionnent dans leurs rapports que M. Ibrahima Camara, a catégoriquement refusé de répondre aux questions de la mission au cours des auditions. Pourquoi ? Mystère et boule de gomme.
Toujours d’après la commission d’audit, l’ancien ministre des finances Cheick Amadou Camara a été auditionné mais que ses réponses fournies « se sont avérées évasives et non convaincantes ».

« Selon le règlement général de la Comptabilité publique et la loi des finances, seul le ministre des finances en sa qualité d’ordonnateur principal du budget national, peut aliéner les biens de l’Etat », précise le rapport.

Et les inspecteurs de balancer pèle mêle des noms : Mado Thiam, directrice nationale du trésor dans un histoire de chèque de 2 milliards GNF sans provision, Youssouf Cissé, directeur national du portefeuille, accusé d’avoir opéré une « liquidation illégale et détourné une partie des fonds alloués au règlement du droit de séparation des ex travailleurs de la compagnie », Naby Conté, directeur du Cabinet FIDU-INTER pour avoir « refusé de fournir tous les documents relatifs à la liquidation dont il avait été commis suite à un contrat avec l’unité de privatisation », Blaise Ouo Foromo, ex ministre de l’urbanisme et de l’habitat, signataire du contrat de bail à construction portant sur le terrain qu’abrite le siège d’Air Guinée, Zaou Guilavogui, ex directeur national des domaines et du cadastre cosignataire du même contrat de bail, Mamadou Kobro Bangoura, ex directeur du patrimoine bâti public signataire du contrat commercial portant sur les bâtiments du siège d’Air Guinée.

« Ces trois dernières personnes n’ont pu être auditionnés parce qu’elles n’ont pas répondu à la convocation », précisent les auditeurs.

Le rapport épingle un autre groupe de personnes accusées d’avoir « détourné » les fonds payés par le concessionnaire pour régler les travailleurs d’Air Guinée, soit 500000 dollars USD (« payés par Air Guinée Express »), virés dans les compte du Portefeuille de l’Etat.
« Des investigations menées par la mission ont révélé qu’une partie de ce montant a été utilisée à d’autres fins par les gestionnaires du compte du Portefeuille. La somme compromise représente un montant de 238 844352 GNF, à justifier par les personnes dont les noms suivent : Youssouf Cissé, directeurs national du portefeuille de l’Etat ; Ibrahima Camara, ex directeur de l’unité de privatisation, Amadou Sow, ex secrétaire général du ministère des finances, Ben Yala Sylla, ex chef de cabinet du ministère des finances. Ce dernier groupe a affectivement répondu à la convocation, mais n’a pu donner de justification matérielle au montant compromis », soulignent les auditeurs. Les ex-travailleurs d’Air Guinée apprécieront…

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