L’UMP est-elle condamnée à gagner en 2017 pour assainir ses finances ?

L’audit réalisé sur les comptes de l’UMP confirme que le parti est en grande difficulté financière et qu’il n’est pas près de s’en sortir. Bien que sa dette soit passée de 79,1 millions d’euros entre fin 2013 à 74,5 millions fin juin 2014 (du fait de l’encaissement de la dotation de l’Etat), elle représente un boulet avec lequel le parti devra composer lors de la préparation des élections à venir.

Le cabinet d’audit propose un scénario financier jusqu’en 2017 qui permettrait au parti de conduire ses activités à l’horizon 2017. Mais pour y parvenir, l’UMP devra « consentir à une gestion rigoureuse de ses ressources » aussi bien dans son action politique que dans son fonctionnement, afin, notamment, de garder la confiance des banques. Ce qui est et restera essentiel pour le parti.

Car, même s’il respecte scrupuleusement le plan de rigueur proposée par le cabinet d’audit – ce qui semble difficilement tenable au vu des habitudes dépensières du parti –, il ne sera pas en mesure de rembourser les échéances contractuelles de 2017 sur son emprunt bancaire et fera face, fin 2017, à un niveau d’endettement encore « très élevé » (55,2 millions d’euros).

Hausse inespérée des recettes

Le cabinet estime que l’UMP doit mener des « actions volontaristes dans la collecte des recettes ». Le parti devra donc stimuler les dons, les adhésions ou encore les cotisations de ses élus, pour « retrouver des niveaux historiques ». Alors que les dons sont en chute en 2013 et en 2014, il devrait, espère le cabinet, faire mieux (+ 10 %) que sur la période 2010-2012, qui est pourtant « historiquement la plus élevée ».

Les revenus des adhésions, eux aussi en retrait dans les deux dernières années, devront également à nouveau croître. Le parti revendique 125 000 adhérents à jour de cotisation, mais ce chiffre devrait, espère le cabinet d’audit, être majoré de 5 % en 2015 et 2016 puis de 10 % en 2017. L’audit table également sur un effet positif de l’augmentation de 5 euros de l’adhésion annuelle.

Réduction drastique des dépenses de campagne

Alors que des échéances électorales importantes approchent (départementales et régionales en 2015, présidentielle et legislatives en 2017), le cabinet d’audit propose de réduire drastiquement les dépenses « d’animation politique ». Elles ne devraient pas dépasser les 19 millions d’euros en quatre ans (2014-2017), dont 17,2 millions sur les années 2016 et 2017 pour couvrir les frais des campagnes législatives et présidentielle.

Ce chiffre paraît dérisoire quand on le compare aux dépenses effectuées dans des périodes comparables précédentes. Ainsi,selon l’audit, sur les années 2006 et 2007, ce chiffre s’élevait à 44 millions. Et, sur la seule année 2012, la Commission nationale des comptes de campagne et du financement de la vie politique (CNCCFP) a révélé que l’UMP a dépensé plus de 33 millions d’euros sur le seul poste « propagande et communication » qui couvre entre autres les meetings, les congrès et la communication.

Le prochain candidat de l’UMP à la présidentielle aura donc un budget très réduit pour mener sa campagne.

Baisse significative des coûts du siège

Le scénario du cabinet d’audit repose sur une diminution de 20 % (par rapport à 2013) des dépenses liées à l’immobilier, au personnel et à la direction du parti. Elles passeront ainsi de 19 millions en 2013 à 15 millions sur les années 2015 et 2016. Rien que sur le personnel, les dépenses passeraient de 8,2 millions d’euros à 6,9 à partir de 2015. Une économie de 1,1 million est également attendue entre 2013 et 2015 sur les dépenses de la direction du parti.

Lire : Comptes de l’UMP : mise en cause, Dati dénonce les « voyous et délateurs »

Le levier immobilier est lui aussi mis à contribution : les remboursements bancaires sont suspendus jusqu’à fin juin 2017. Si ce poste est réduit jusqu’à la présidentielle, il régonflera donc au second semestre 2017.

Même si ce scénario est suivi à la lettre par le parti, les comptes du parti resteront dans le rouge après 2017. Ses dettes resteront très importantes : 55,2 millions d’euros dont 26 millions pour l’immeuble du parti et 27,5 millions d’emprunt bancaire.

Quelles autres recettes possibles ?

L’UMP aura des difficultés à respecter les recommandations du cabinet d’audit. La hausse des recettes et les économies qu’il prévoit sont très importantes et représenteraient une très grande performance pour le parti au vue de la gestion de ses comptes des années précédentes et des échéances électorales qui viennent jusqu’en 2017. Cela dit, peut-il espérer d’autres sources de revenus pour combler les dettes qui lui restera ?

Le cabinet d’audit émet comme hypothèse la cession de l’immeuble de Vaugirard appartenant à l’UMP. Le parti pourrait ainsi en tirer 10 millions d’euros. Mais cela voudrait dire que des dépenses supplémentaires seraient à effectuer, notamment pour la location de locaux. Par ailleurs, Alain Juppé a déclaré mardi 8 juillet que « la vente du siège n’est pas d’actualité ».

L’UMP pourrait-il espérer relancer d’autres opérations du type « Sarkothon » ? Les sympathisants seraient-ils prêts à abonder à nouveau alors que les révélations des dérives dans la gestion du parti se multiplient ?

Gagner les élections pour recevoir plus de dotations de l’Etat ?

La seule réelle source de revenus qui pourrait sauver les comptes de l’UMP en 2017, est la dotation de l’Etat. Après la défaite aux élections législatives de juin 2012, qui a envoyé 120 députés UMP au tapis, elle est passée de plus de 30 millions d’euros jusqu’en 2012 à seulement 20 millions en 2013 et 18 millions dans les années à venir.

Lire l’article : « L’UMP amputée d’un tiers de son financement » qui explique les règles qui déterminent les dotations de l’Etat aux partis politiques.

L’UMP est donc condamnée à gagner les prochaines élections. Mais, comme le relève un membre de la direction du parti, « comment gagner sans avoir les moyens de faire campagne ? »

Philippe Euzen
Journaliste (lemonde.fr)

 

Laisser un commentaire

Démarrer le chat
Actuguinee.org
Avez - vous une information à partager?
Besoin d'un renseignement?
Contacter Actuguinee.org sur WhatsApp