Le Procureur spécial de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), Alioune Ndao et son substitut, Antoine Diome, ont mis à nu le dossier de Karim Wade poursuivit dans le cadre de la traque des biens supposés mal acquis. De la découverte des sociétés offshores, au système de prête-noms, en passant par les virements bancaires dans des paradis fiscaux. Il a aussi été question de la compétence de la Crei sur ce dossier et des supposés 3 000 pages déposées par les avocats de l’ancien ministre d’Etat. M. Ndao et Diome ont passé au peigne fin le dossier du fils de l’ex président Wade, face à la presse, hier, mardi 16 avril, dans leurs locaux, tout en félicitant les enquêteurs de la section de recherches. La commission d’instruction, disent-ils, sera saisie aujourd’hui du dossier de l’ancien ministre d’Etat et ses présumés complices. |
Suite à la garde à vue de Karim Wade et Cie, le lundi dernier, dans le cadre des enquêtes des biens mal acquis, à la gendarmerie de Colobane, le Procureur spécial de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), Alioune Ndao et son substitut, Antoine Diome, ont fait face à la presse hier, mardi 16 avril. Dans une salle archi combe, le Procureur spécial et son adjoint ont passé au peigne fin le dossier de l’ancien ministre d’Etat, ministre des infrastructures, des transports, de la coopération internationale et de l’énergie, Karim Wade. Ils n’ont pas manqué de révéler la découverte des sociétés offshores, le système de prête-noms, les virements bancaires dans des paradis fiscaux, les 3 000 pages déposées par les avocats de Karim Wade sans oublier la compétence de la Crei sur ce dossier. Pour Antoine Diome, adjoint du Procureur, il s’agit pour le dossier de Karim Wade «d’une véritable ingénierie financière frauduleuse a été mise à nu reposant essentiellement sur un système avec deux déclinaisons de prête- noms». Selon lui, «On a découvert des prête-noms simples qui pouvaient ignorer jusqu’aux caractéristiques de l’objet social. Le deuxième système reposé sur des prête-noms opérationnels qui prenaient une part active dans la réalisation de l’enrichissement illicite ». Et de poursuivre : «par des témoignages, des documents, une analyse financière, on a abouti à un lien entre un enrichissement et des personnes identifiées». En plus de cette ingénierie financière frauduleuse, l’adjoint du procureur a souligné que « nous avons découvert de montages complexes. Aujourd’hui, il est plus qu’important de savoir que des secteurs clés de l’économie nationale sont détenus par des sociétés offshores basées principalement à Luxemburg, Panama et des îles vierges britanniques. on a aussi découvert des sociétés à tiroirs. A chaque fois qu’il y a une société offshore, on découvre que derrière ’il y a une autre société offshore qui en est propriétaire». En ce qui concerne les sociétés offshores, M. Diome, toujours dans sa logique de mettre à nu l’ancien ministre d’Etat, a déclaré que «vous avez une société locale implantée dans un secteur juteux de l’économie nationale qui contracte avec une société offshore à laquelle consacre l’exclusivité en matière de fournitures et de services. C’est un système qui permet de sortir des capitaux». «D’autres sociétés, ajoute-t-il, sont spécialisées sur la facturation de services qui n’existent que dans l’imagination de leurs auteurs. Nous avons des documents qui le prouvent et sont estimés à des millions de dollars ou d’euros». Dans son argumentaire, il n’a manqué d’affirmer que « des partenariats techniques ont conclu avec des groupes mondialement connus dont leur seul objectif visait à utiliser leurs références commerciales en contre partie d’un reversement du pourcentage du chiffre annuel». L’adjoint du Procureur a par ailleurs révélé aussi l’implication des Sénégalais connus de tous dans des « virements bancaires découverts de paradis fiscal à paradis fiscal. La stratégie a toujours consisté à se reposer sur des amis, des proches ou des employés» Ce qu’a dit la loi sur le délit de l’enrichissement illicite……….. Revenant sur les 3 000 pages qui constituent le dossier de Karim Wade, le Procureur spécial de la Crei à l’entame de son propos, se veut clair : « Nous nous sommes enfermés, avec mon substitut pour lire le document de 42 pages qui contient encore une fois toutes les réponses aussi bien sur la forme que sur le fond. A chaque fois qu’il y a un renvoie vers une pièce annexe nous la recherchons. Ainsi au bout de 2 heures, nous avons lu l’intégralité du document et nous nous sommes fait une religion précise sur la qualité des réponses apportées par M Wade ». Le Procureur spécial, M. Ndao, a annoncé la saisine du dossier par la commission d’instruction des aujourd’hui. La compétence de la Crei Contre les agissements sur la compétence de la Crei jugée incompétente pour auditionner d’anciens ministres, les enquêteurs, à leur corps défendant, ont apporté des précisions. «Comme je l’ai indiqué tout à l’heure aux deux lois du 10 juillet 1981, elles situent le moment de constitution du délit. On peut considérer le délit caractérisé au moment où la réponse est apportée à la mise en demeure. Si la réponse apportée à la mise en demeure n’est pas satisfaisante, c’est à partir de ce moment que la loi situe la constitution du délit», a-t-il précisé. Avant d’ajouter «Si la personne est poursuivie et au moment où elle apporte la réponse elle ne bénéficie plus de privilèges, elle est jugée comme toute autre personne ordinaire. C’est la loi qui le dise. NOTE Sud quotidien |