Kankan : Un ancien enseignant du colonel Mamadi Doumbouya brise le silence : « Je peux dire que je suis l’un des plus heureux de la Guinée même si je n’ai rien gagné… »(Exclusif)

http://Actuguinee.org / Ancien élève de l’ENP ( École Normale Professionnelle ) de Dabadou, village situé à 7 kilomètres de Kankan-ville d’où il est sorti majeur de sa promotion, donc promu selon le régime révolutionnaire de Sékou Touré, à passer par l’ENI ( École Nationale d’Instituteurs ) en vue d’embrasser la carrière d’enseignement.

Après Kérouané lieu de son tout premier poste, Sanfan Oularé fut affecté à l’école primaire de Kabada dans la ville de Kankan où il passa 10 ans de service. Il y  forma de nombreux élèves parmi lesquels l’on peut citer Siaka Barry, ancien ministre et actuel président du parti MPDG, Sansy Kaba Diakité DG de l’Harmatan Guinée,  Mamoudou Nagnalen Barry, l’actuel ministre de l’agriculture et tant d’autres.

En 1992, Sanfan Oularé est affecté à l’école primaire  »Dramé Oumar’’ toujours dans la ville de Kankan où il consacra 10 ans à la formation des élèves de 6ème année. C’est là qu’il enseigna le colonel Mamadi Doumbouya, l’actuel Président de la transition, Mory Condé, le ministre de l’administration du territoire et de la décentralisation, Moussa Bayo conseiller principal de ce dernier, Aboubacar Sidiki Konaté , DAF de l’OGP et tant d’autres.

Après avoir passé 43 ans de service au compte du système éducatif, ce vieux briscard aujourd’hui à la retraite vit toujours à Kankan.

Il s’est prêté aux questions de l’antenne régionale d’Actuguinee.org :

ACUGUINEE.ORG : Monsieur Sanfan Oularé, selon vous, que représente la carrière enseignante ?

-SANFAN OULARE : Je dirai que c’est un métier noble. C’est pourquoi les grands pédagogues ont dit que l’enseignement est un sacerdoce. Ça veut dire que l’enseignant n’enseigne pas pour qu’il gagne de l’argent mais il enseigne pour un développement serein de son pays.

http://ACUGUINEE.ORG/ Aujourd’hui, vous avez fait valoir vos droits à la retraite. C’est une autre étape de la vie. Comment vous faites pour aborder ce nouveau monde ?

-Eh bon d’accord ! Tout le monde sait ce que prévaut la retraite. C’est avec des difficultés. On passe beaucoup de mois sans avoir la pension. Moi, je ne dis pas que je suis le plus heureux des enseignants guinéens mais, je suis parmi les  plus heureux. Tu enseignes un élève pour qu’il soit quelqu’un de plus que toi. Aujourd’hui, le poste le plus convoité d’un pays, d’un Etat est occupé par un de mes anciens élèves :le colonel Mamadi Doumbouya. Donc, je peux dire que je suis l’un des plus heureux de la Guinée. Même si aujourd’hui je n’ai rien gagné, je demande à tous mes anciens élèves, de regarder un peu derrière car, quand tu plantes le baobab, c’est pour  s’asseoir à l’ombre de cet arbre un jour.

http://ACUGUINEE.ORG / Qu’avez-vous regretté durant toute votre carrière et que vous n’allez jamais oublier ?

-Honnêtement parlant, c’est la ségrégation.  A l’époque, quand l’autorité scolaire sait que toi tu es compétent, tu peux faire l’affaire, on te brise. On ne te donne jamais de promotion. Quand quelqu’un tente de te donner la promotion, on écarte celui-là aussi. C’est ce que j’ai regretté durant ma carrière parce que les plus compétents étaient mis en marge, étaient mis à l’écart, n’étaient pas du tout considérés.

En 1986, sous le régime de Lansana Conté, moi Sanfan, j’ai été le meilleur enseignant de la République de Guinée. En 1987, 1988,1989, quand j’enseignais les Siaka Barry, Sansy Kaba Diakité, j’ai été le meilleur enseignant de la préfecture de Kankan. Les enseignants peuvent le témoigner à Kankan ici et même mes anciens élèves. Un jour, un collègue m’a dit « Monsieur Sanfan, continue à être meilleur enseignant. Tu seras meilleur des zéros aussi. Tu ne seras rien». Je lui ai répondu « Non, je n’enseigne pas pour enseigner. J’enseigne parce que je prends le salaire ».

Honnêtement parlant, je peux jurer de mon enseignement parce que je ne chômais jamais et ceux que j’ai enseignés, aujourd’hui, tiennent très bon devant leurs petits postes.

http://ACUGUINEE.ORG / Quel sera votre dernier message à l’endroit des décideurs pour une meilleure qualification du système éducatif qui a dominé tout au long de votre carrière professionnelle ?

– Le message que je vais lancer aux nouvelles autorités dans le domaine de l’éducation, c’est de former les formateurs car là-bas, le bât blesse. Il ne faut pas qu’elles s’appuient sur les élèves, dire que c’est la faute des élèves. Moi Sanfan, je dis non. Aujourd’hui, 50% des formateurs ne sont pas à la hauteur. Concernant les autorités de la transition, comme on le dit «  tout individu a des défauts et des qualités mais si les défauts dominent les qualités, il est reprochable ». Franchement, je n’ai rien à reprocher aux nouvelles autorités. Elles sont sur le bon chemin et, je souhaite que Dieu guide leur pas. Que la transition soit apaisée, appréciée par tous les Guinéens.

-Monsieur Sanfan Oularé, merci d’avoir répondu à nos questions.

Propos recueillis et décryptés par Mamadi CISSE, Correspondant régional Haute-Guinée

Tel : 629 46 29 29

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