AFFAIRE SOGUIPAH: UNE LETTRE OUVERTE AU PR ALPHA CONDE!

A son Excellence Professeur Alpha Condé, Président de la République de Guinée, Conakry.

Excellence Monsieur le Président,

Le mémorandum des travailleurs de la SOGUIPAH, Société Guinéenne de Palmier et Hévéa et des populations locales est inquiétant pour tout guinéen qui rêve de voir notre pays enfin jouir d’un Etat de droit, pour une stabilité socio-économique durable. Son contenu est pertinent et mérite votre attention en tant que chef de l’Etat, père de la nation et espoir des victimes de l’injustice sociale.

Le mémorandum dénonce en substance, des irrégularités administratives préjudiciables à l’avenir de la société, si elles ne sont pas radicalement corrigées à temps. Ce sont entre autres:

·    La discrimination notoire dans les recrutements des travailleurs ne faisant recours a aucun critère de compétence et un appel d’offre préalable,

·  Le favoritisme dans l’octroi des promotions  et autres privilèges dans la société,

· La retraite intempestive d’agents par représailles ou pour satisfaire des connaissances,

· Lanon-clarification des conventions entre la SOGUIPAH et les planteurs familiaux,

· Le manque de transparence dans la gestion des Fonds de Développement du Palmier a Huile et Hévéa

·  Le mauvais traitement par la société des planteurs privés qui, n’ayant reçu aucune assistance de la SOGUIPAH, reçoivent les mêmes prix d’achat de leurs produits que ceux qui ont été assistés.

· La mauvaise distribution des Fonds d’Assistance Sociale  qui servent des personnes privilégiées en lieu et place des communautés  hospitalières qui en sont les bénéficiaires légitimes.

· Le manqué de transparence dans la situation des ristournes aux planteurs familiaux,

· Le manque de pragmatisme dans les programmes  de développent rural prévus dans le contrat pour les communautés de Bignamou et Dyécké qui ne sont pas électrifiées. La négligence de la santé et de l’éducation de la population dans le cadre des mesures d’accompagnement

· L’inexistence de plan viable de protection de l’environnement.

De telles irrégularités sont de nature à détruire la société en freinant son développement. Ce sont les caractéristiques d’une gabegie notoire dans la gestion de la chose publique.

Monsieur le Président, la SOGUIPAH a été implantée dans les sous-préfectures de Bignamou et Dyécké, dans la préfecture de Yomou en 1987, suite à un accord avec les représentants des populations locales qui avaient certaines inquiétudes au départ. En effet, ils se réjouissaient des avantages de la création d’une telle société agro-industrielle dans la région, mais craignaient le non-respect des clauses prometteuses du contrat, ainsi que de voir dorloter les populations locales pour les exproprier de leurs terres fertiles, ultimes sources de vie, et négliger leurs intérêts et revendications à la longue. Cette peur se justifiait par le fait que les populations concernées étaient et restent en majorité des agriculteurs vivant dignement de l’exploitation artisanale de leurs terres. Les désapproprier de ces terres sans mesures d’accompagnement qui compenseraient ces pertes des sources de revenus et de subsistance, serait les soumettre à une rude épreuve qui pourrait créer des tentions sociales certaines et naturelles.

En effet, tout être vivant a besoin de satisfaire ses besoins primaires, quelles que soient les conditions. Le priver des moyens de les satisfaire, c’est l’inciter à une réaction logique comme celle que nous vivons maintenant.

Monsieur le Président, le développement de la Guinée a pour préalable la préservation des acquis qui servent de support aux nouveaux projets et programmes. Sauvegarder la SOGUIPAH, l’une des rares sociétés agro-industrielles du genre dans le pays avec ses potentialités agricoles, est donc primordial.

Votre gouvernement, tout comme les précédents, peut apprécier son impact sur l’essor socio-économique du pays. Son intensification et sa gestion seine sont un élément d’équilibre certain pour les populations locales qui ont cédé leurs terres pour le pays. Toute mauvaise gestion de cette société est une atteinte certaine à la stabilité dans la région et dans le pays. Or, l’instabilité dans une région du pays ne reste pas locale. Ses effets peuvent s’étendre partout  dans le pays d’une manière imprévisible et parfois incontrôlable. Par exemple, les sans-emplois dans la société qui n’ont pas de plantations familiales par manque d’espace, sont contraints de se déplacer massivement vers les villes, sans qualification technique, donc sans espoir de trouver d’autres emplois. Cela augmente le coût de la  vie et l’insécurité dans les centres urbains qui attirent et accueillent ces populations rurales qui auraient pu mieux prospérer dans leurs villages et réserver les villes aux fonctionnaires, artisans et commerçants. Dans le désespoir des difficultés quotidiennes, la criminalité reste parfois le meilleur le recours hélas !

Les hommes qui ont positivement marqué leurs peuples et l’histoire ont tout simplement défendu et préservé les vertus chères à leurs sociétés à savoir: la paix, la sécurité, et la justice pour tous. Ils ont  créé les conditions d’épanouissement de chaque citoyen et promouvoir un développement socio-économique qui renforce l’équilibre et la stabilité dans leurs pays. Ils ont tout simplement été intègres.

Monsieur le Président, vous savez la triste réalité que, pendant 55 ans d’Indépendance, le peuple de Guinée vit dans une injustice institutionnalisée qui caractérise le manque d’état de droit. Car, l’histoire retiendra que vous vous êtes battu pendant de longues années, pour restaurer la vie républicaine en Guinée, qui a connu des dictatures sanglantes avant vous. Vous avez vécu dans un état de droit durant votre long exil en France. Vous avez vu ses caractéristiques en action: le respect de la constitution par tous; la protection par le pouvoir central des droits de chaque citoyen; la sauvegarde de l’intégrité territoriale et une vision pour la prospérité socio-économique horizontale et verticale du pays. A diverses occasions, vous avez eu à apprécier ses impacts sur la vie des gouvernés et celle des gouvernants, qui vivent dans la paix et l’honneur après leur retraite du pouvoir public. Vous avez aussi été victime de l’absence de l’état de droit. Vous avez subi et senti les conséquences des violations des droits constitutionnels d’un citoyen; faisant de vous le premier président guinéen à vivre les deux facettes du pouvoir avant de l’assumer; à savoir: le respect et la violation de la constitution. Cela vous donne la lourde responsabilité d’user de tous vos pouvoirs légitimes pour éradiquer ce fléau qui détruit l’équilibre social de la Guinée et cause la misère malgré ses fabuleuses potentialités économiques.

De ce fait, le peuple compte sur votre intégrité, pour réaliser ces idéaux qui vous impulsaient et qui ont motivé votre choix comme président de la république et nouveau maître de son destin. C’est pour vous un défi loyal.

Monsieur le Président, par l’élection récente de l’assemblée nationale vous avez complété les trois pouvoirs républicains du pays à savoir: l’exécutif, le judiciaire, et le législatif. Cela donne au peuple l’espoir que la résultante de leurs effets pourrait restaurer l’état de droit tant rêvé, qui garantisse la paix, la sécurité et la stabilité; pour soutenir les activités économiques du peuple et de l’état; et surtout, rassurer et attirer les investisseurs étrangers qui nous observent dans l’espoir de venir soutenir nos efforts de développement. Car, sans l’état de droit, il n’y a pas de paix ni d’harmonie sociales. Des valeurs  sans lesquelles l’aspiration à un développement socio-économique est purement utopique.

Le mémorandum publié dénonce des abus de pouvoir par la haute hiérarchie de la société, qui, par sa mauvaise gestion des ressources matérielles et humaines ainsi que les revenus de la société, est entrain de violer les droits primaires des travailleurs et des populations locales.

Ces populations, Monsieur le Président, par leur hospitalité historique, n’ont certainement pas la prétention d’être les seules bénéficiaires de la société parce que tout simplement elle est implantée chez elles. Mais, privées de leur sources ancestrales de survie, elles devraient bénéficier de traitements spécifiques tels que prescrits par le contrat d’implantation de la société. Les enrôler dans la société en fonction de leurs habiletés et les accorder leurs pleins droits, les aiderait à se sédentariser dans la localité et y survivre. Négliger les points cardinaux de ce contrat serait créé un conflit aux conséquences redoutables.

Monsieur le Président, promouvoir la paix et la stabilité , c’est éteindre toute source de tension sociale où que ce soit; c’est respecter les normes et principes. Or, dans le respect de la loi et des droits des citoyens, les agents de l’état, formés et payés pour servir le peuple et au besoin, l’éclairer, doivent servir d’exemples. Leur professionnalisme et leur grandeur doivent se traduire par les services qu’ils rendent aux citoyens pour améliorer leurs conditions de vie, et non par l’usage du pouvoir pour violer leurs droits et la loi dans l’impunité. Ce qui se passe et se dénonce à la SOGUIPAH est une violation flagrante de ce principe élémentaire d’un état de droit.

En cas de violation de son droit, Monsieur le Président, tout citoyen compte sur les pouvoirs de l’état pour la restitution.

Or, le peuple de Guinée à majorité analphabète, ignore ses droits et surtout, comment les réclamer. On l’enseigne souvent ses devoirs plus que ses droits qui lui sont à dessein cachés. Il faut donc la médiation impartiale de l’état pour restituer ces droits et arrêter l’action des mauvais agents qui aggravent la misère des citoyens et  les incitent ainsi aux insurrections qui déstabilisent le pays et affectent la crédibilité du pouvoir central. De telles pratiques continuent encore chez nous parce que ces mauvais agents jouissent du confort de l’impunité et parfois du soutien des chefs hiérarchiques. Sinon, on n’assisterait pas aux tueries dans le pays, de personnes revendiquant leurs droits piétinés pendant des années. Or, il est autant dangereux pour la stabilité d’un pays d’exposer les agents de l’état à la colère des citoyens que d’ignorer les plaintes de ces derniers contre des injustices à eux infligées par ces agents. Cela ternit votre image Monsieur le Président, car le gouvernement dont ils sont agents est le vôtre. Ils font souvent ce qui les arrange, mais pas toujours ce qui vous honore.

C’est pourquoi, Monsieur le Président en votre qualité de père de la nation, il serait souhaitable que ce problème, qui n’est pas le premier du genre dans notre pays, soit résolu avec justice, deuxième élément de notre devise, pour préserver une société aussi importante que la SOGUIPAH. Restaurer les droits violés et au besoin faire répondre  les coupables de leurs actes devant la justice, pourrait éradiquer de telles pratiques scandaleuses qui créent l’instabilité et freinent le développement socio-économique du pays. L’intimidation des plaignants, ou les calmer par de fausses promesses, armes souvent  privilégiées, n’apportent que des solutions éphémères aux crises, parce qu’elles n’éliminent pas les causes des plaintes.

Selon une fable locale, un roi recevait toujours des plaintes de certains sujets contre un citoyen dans le royaume. A chaque jugement, le même accusé avait raison sur tous les plaintifs. Pour en finir avec la litanie des plaintes, le roi décida d’expulser ce citoyen qui avait toujours raison contre tous. Car, dit –il à sa cour, même s’il a raison sur les autres, il est un élément dangereux qui perturbe la paix et l’harmonie dans mon royaume et me prive du temps de réfléchir sur d’autres problèmes importants.

Ce roi a primé la paix publique  à la raison; il a choisi l’harmonie du public à un individu.

Dans ce cas précis, Monsieur le Président, le choix cornélien qui s’impose est entre la Directrice Générale, agent qualifiée de l’état pouvant servir partout, et la SOGUIPAH avec les multiples populations privées de leurs terres et qui ne comptent que sur les fruits de leurs labeurs dans la société pour vivre. Son départ désamorcerait la crise .Si elle à fait ses preuves de leadership à la SOGUIPAH, elle  peut sûrement mieux servir l’état ailleurs. La SOGUIPAH a besoin d’un leadership stabilisateur, promoteur de l’équilibre social pour que sa rentabilité continue au service du peuple.

J’espère qu’en raison de l’importance de la situation ici exposée, cette lettre retiendra votre bienveillante attention. Car si les mauvais agents de l’état guinéen doivent changer un jour à tous les niveaux, il faudrait qu’un leader prenne la responsabilité historique d’initier ce changement. Le peuple de Guinée a son regard et son espoir sur vous pour ce changement tant attendu.

Merci Excellence Monsieur le Président.

Vive la paix et la stabilité nationales!

Vive la Guinée!

Cécé Jacques Monèmou/USA

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