Tribune : Le RPG entre arrogance et ignorance
La fronde au RPG est, semble-t-il, suspendue jusqu’à la satisfaction des revendications contenues dans un mémorandum adressé au Président Alpha Condé.
Malgré le passage du PRG à son siège samedi dernier, la grogne reste entière et le mémorandum contenant les fameuses revendications plus que jamais d’actualité.
Selon des sources dignes de foi, dans ce Mémo (différent du mémorandum en sept points signé par la jeunesse du RPG), des hauts responsable du RPG réclament entre 50 et 70% des postes au gouvernement, chez les préfets, le Port de Conakry, certaines directions publiques, le gouvernorat de Conakry, etc.
Cette posture du RPG relève soit d’une grave cécité sur la véritable donne politique d’aujourd’hui en Guinée, soit d’une arrogance suicidaire vis à vis des autres forces qui ont porté Alpha Condé au pouvoir.
La question qui se pose est de savoir sur quelle base se fondent les frondeurs pour réclamer ces postes et surtout ces quotas.
Sur 31 postes au gouvernement, le RPG compte 6 postes (Mohamed Diané, Sékou Kourouma, Ibrahima Kourouma, Sanaba Kaba, Damantang Camara, Yéro Baldé) ; soit 19%. Ceci suppose par ailleurs, qu’on considère que Moustapha Naité, qui a rejoint Alpha Condé avant le premier tour de 2010, Siaka Barry dont le père est RPG depuis des décennies et Rachid N’diaye qui, par sa fonction de journaliste en France, s’est battu depuis les années 90 pour donner une visibilité internationale au parti, ne méritent pas d’être considérés comme ministres RPG. Sans compter bien entendu tous les autres qui se sont battus depuis 2010 bien que n’ayant pas de cartes du parti au pouvoir. Passons également par pertes et profits l’investissement du Ministre Cheick Sako pour faire aboutir le dialogue politique et amener l’opposition à participer au scrutin. 19% donc. Soit à peu près, le score du RPG au premier tour de 2010.
Car soyons clairs : le seul indicateur, pour le moment, de la réelle assise du RPG en Guinée, reste ce score de 18% réalisé en 2010 lorsque toutes les forces politiques de Guinée se sont présentées face au peuple. Approximatif ou pas, fraudes ou pas, dysfonctionnements ou pas, ces 18% sont les seuls chiffres officiels permettant de mesurer l’assise électorale du RPG lorsqu’il n’existe aucune alliance et que toutes les formations politiques partent à armes égales aux élections.
En effet, à partir de ce premier tour de 2010, tous les autres scores enregistrés au cours des élections par le RPG, l’ont été d’une part grâce à l’alliance avec d’autres partis politiques, d’autre part grâce aux mouvements de soutien. Autant personne ne peut chiffrer précisément l’apport de ces alliances et soutiens, autant personne ne peut évaluer ce qui serait advenu du candidat du RPG sans ces soutiens et ces alliances.
Et c’est la personne d’Alpha Condé lui-même et lui seul, associée à son entregent et à ses stratégies d’alliances qui ont permis de ratisser au-delà du parti.
Quel est le cadre du RPG qui peut revendiquer le ralliement des électeurs de Sydia Touré au second tour de 2010 et qui continue jusqu’aujourd’hui ? Si les Briki Momoh, Mwalim Touré, Sina Fakhè et les autres cadres de l’UFR ou de la basse-côte n’avaient par rallié Alpha Condé (et non le RPG) lors des présidentielles de 2010, les législatives de 2013 et la présidentielle de 2015 n’auraient pas été gagnées. Que dire en plus du dernier ralliement de Abé Sylla ?
Quel est le cadre du RPG qui peut revendiquer le ralliement des électeurs dissidents de l’UFDG en 2015 ? Si les nombreux cadres de ce parti et ses soutiens financiers (comme Diallo Sadakaadji et plusieurs autres grands hommes d’affaires) n’avaient par rallié Alpha Condé (et non le RPG), les innombrables voix gagnées au Foutah n’auraient pas permis à Alpha Condé de gagner au premier tour. Ceci sans compter les nombreux hauts cadres et hautes personnalités du Foutah qui se sont associée à des hommes politiques comme Baadiko, Bah Ousmane et Boubacar Barry pour jouer un rôle fondamental qui a vu le score d’Alpha Condé plus que tripler dans cette région en principe totalement acquise à l’UFDG.
Quel est le cadre du RPG qui peut revendiquer le raz-de-marée en Forêt pour la présidentielle en 2015 malgré le risque d’émiettement de l’électorat RPG que représentaient la candidature avortée de Dadis Camara et les candidatures agressives de Faya Milimono et Gandhi Tounkara ? Si Jean Marie Doré et les cadres de la forêt (comme l’ancien ministre de la Santé et le nouveau ministre de la Pêche) ne s’étaient pas fortement mobilisés derrière Alpha Condé (et non le RPG) cela n’aurait jamais été possible.
L’ingratitude vis-à-vis de ces apports politiques révèle au grand jour l’irresponsabilité et la cupidité de ces cadres du RPG qui aujourd’hui réclament plus de postes de responsabilité autour d’Alpha Condé. Ce qu’ils lui demandent aujourd’hui, c’est tout simplement de faire comme si ces alliances et ces soutiens n’avaient jamais existé.
Les cadres qui portent cette fronde trompent la jeunesse de la majorité en lui faisant croire à la toute puissance du RPG alors qu’ils savent très bien les limites de ce parti. Dans l’unique but d’obtenir des strapontins politiques et/ou financiers, ils manipulent des militants naïfs et accessibles pour se préparer à l’après Alpha Condé sans se soucier des conséquences futures de leur égoïsme actuel.
En cédant à ce genre de revendications, Alpha Condé détruira le pacte de confiance qu’il a mis en place lors de ces alliances politiques. Ses électeurs qui ne sont pas du RPG lui tourneront alors le dos et deviendront les pires ennemis du parti lors des prochaines échéances électorales. Et cette fois-ci, Alpha Condé ne sera pas là pour mobiliser les Guinéens autour de son parti.
Dr Malick Sanoh RPG Espagne