SYDIA TOURE, LE LEADER DE L’UFR N’A POUR LUI QUE DEUX CHOIX EN 2015 …
Depuis quelques jours, l’actualité politique guinéenne est dominée par une récente sortie médiatique de Sidya Touré, président du mouvement politique Union des Forces Républicaines (UFR).
A 5 mois de l’élection présidentielle, le président de l’UFR déclare ne pas soutenir le candidat de l’UFDG en cas de second tour entre ce dernier et le candidat du RPG-arc-en-ciel. C’était au cours de son passage dans l’émission « grandes gueules » de la radio Espace-FM.
En effet, cette déclaration du faiseur de roi de l’élection présidentielle de 2010 redistribue les cartes de la prochaine élection présidentielle d’Octobre 2015.
De cette déclaration, j’en tire 3 enseignements fondamentaux à savoir :
- Affranchissement de l’UFR de l’opposition
L’institutionnalisation du statut de chef de file de l’opposition dans nos lois prouve que notre marche démocratique malgré les réticences, difficultés est en cours. Ce statut donne l’avantage au pouvoir d’avoir un interlocuteur au nom de l’opposition.
Dans les démocraties « rodées », le chef de file de l’opposition est associé à toutes les grandes décisions de la nation. Et lorsqu’il doit y avoir discussion avec le pouvoir c’est tout d’abord entre le chef de file de l’opposition et le pouvoir.
Ainsi, le président de l’UFR lance un défi à l’égard du leader de l’UFDG en estimant que malgré sa légitimité en tant que chef de file de l’opposition, Cellou Dalein Diallo ne peut pas représenter l’opposition. Ce qui signifie clairement que Cellou, à ses yeux, ne doit pas être l’interlocuteur direct du pouvoir dans le cadre d’éventuelles discussions.
- Probable collaboration de l’UFR avec la mouvance future
Dans le cas d’un second tour aux élections présidentielles prochaines, l’UFR et son candidat auront deux choix : où ne pas donner de consigne de vote et où s’allier avec un des candidats de ce second tour.
L’histoire politique prouve à suffisance qu’un leader politique doit avoir un avis, un choix surtout lorsqu’il s’agit de la destinée de la nation. S’abstenir, c’est signer son arrêt de mort politique. Rares sont des hommes politiques qui ont vécu politiquement après avoir demandé l’abstention de ses militants lors d’une élection aussi importante que la présidentielle.
En annonçant ne voulant pas soutenir le candidat de l’UFDG, le président de l’UFR annonce à demi-mot vouloir soutenir le candidat du RPG-arc-en ciel. A mon avis c’est le choix le plus probable dans la configuration actuelle. Sidya Touré prépare psychologiquement ses militants d’une part et tend la main à un éventuel partenariat politique gagnant-gagnant avec le futur candidat du RPG-arc-en ciel car les élections de 2010 ont laissé des traces au sein de l’UFR.
3.Incapacité du leader de l’UFDG à fédérer l’opposition
Dans sa posture actuelle, le président de l’UFDG a l’obligation morale de fédérer autour de lui l’ensemble de l’opposition pour une meilleure efficacité. Il devrait pouvoir être le chantre d’une opposition solide et parlant d’une même voix.
En effet la démocratie, c’est d’abord une mouvance qui dirige à travers des reformes et une opposition qui prépare l’alternance. La sortie médiatique du leader de l’UFR prouve à suffisance que l’alternance souhaitée par l’opposition n’est pas encore en marche et que l’interlocuteur politique du pouvoir n’est pas en mesure de fédérer la classe politique.
Au-delà l’UFR annonce indirectement son intention d’aller aux élections présidentielles d’octobre malgré la demande formelle du report des élections par le président de l’UFDG donc du chef de file de l’opposition.
Dans la configuration politique actuelle, le candidat du RPG-arc-en ciel doit se frotter les mains car il a un boulevard qui se dessine à l’horizon pour le maintien de la mouvance actuelle au pouvoir.
En outre en politique tout est possible : le président Alassane Dramane Ouattara, mentor politique (et professionnel) du président de l’UFR est le conseiller économique du président Alpha Condé (futur candidat du RPG-arc-en-ciel) qui à son tour est le Conseiller politique du président Ouattara.
Il se peut (alors) que la déclaration de ne pas soutenir le candidat de l’UFDG au second tour de la présidentielle prochaine soit téléguidée depuis l’antichambre du pouvoir ivoirien afin d’étouffer politiquement le candidat de l’UFDG.
Mamoudou Mara