L’instrumentalisation
de la jeunesse par une classe politique insipide
Plusieurs traits caractérisent la conduite
politique des jeunes dont la plupart n’ont pas appris à douter des idéologies
politiques, des clivages partisans, cela donne l’impression d’une fracture
entre les ressources politiques et leurs comportements. Par beaucoup d’aspects, les réactions dans le
monde politique et les conduites des jeunes en République de Guinée pourrait
être perçues comme une exacerbation de celles constater chez les hommes qui
dominent de nos jours la scène politique pendant qu’ils sont les plus concernés
par les enjeux majeurs de la société.
Laissée en proie à la politique et à la violence,
cette jeunesse regarde l’avenir et les réalités du pays par des lunettes
politiques caractérisées par des considérations « ethniques » et « régionalistes ».
Notre pays n’a pas encore connu de partis
politiques au sens vrai du mot, mais des mouvements à caractère ethniques,
utilisant des jeunes qui, parfois manquent d’élan patriotique en défendant
leurs intérêts personnels et aidant les « politicards » à mettre en exécution
leur plan machiavélique en organisant une lutte intrasociale pour des fins
personnelles. Les leaders dits « politiques » se
mettent en sécurité ainsi que leurs familles et sacrifient des jeunes à la
fleur de l’âge, parfois ambitieux et visionnaires, espoir de leurs familles
respective, à l’autel des ambitions personnelles.
Les
réseaux sociaux aujourd’hui, canal de diffusion des messages de haine
En ce 21ème siècle, nous sommes comme
impuissants face à la montée grandissante de la violence, des propos
ethnocentriques et régionalistes dans notre pays. Cela nous inquiète et risque
de compromettre l’avenir de tout un peuple.
En faisant un détour sur les réseaux sociaux, nous
constatons au travers de posts et commentaires le plus souvent des jeunes, fils
et filles de ce pays censés être l’avenir de la nation, se laissent à la merci
des politiques de tous les côtés en écrivant ou gazouillant des paroles
toxiques par des vidéos ou audios sur des ethnies autres que les ‘’leurs’’ tout
en sachant que leurs « œuvres » stupides ne ramèneront en retour que
désolation, désespoir et division. La situation actuelle du pays en est
l’illustration parfaite. En effet, vous constaterez, et cela n’a rien
d’accidentel, que toutes les fois où il est organisé une marche dite
« pacifique » autorisée ou non, c’est cette même jeunesse qui se
livre à la violence en détruisant des biens publics et privés.
Quel
rôle pour la jeunesse dans la promotion de la paix et la quiétude
sociale ?
La question de développement de notre
pays est une question collective à laquelle répondre collectivement. Il
est important voire indispensable que la jeunesse ait une position rationnelle
et non passionnelle. Il faudrait que nous jeunes, écartions le préjugé
substantialiste au profit d’une approche constructiviste. Nous devons chercher
à comprendre la politique, la “démocratie ”et le jeu qui se fait autour. La démocratie est une machine compliquée dans
la mesure où Chaque pays construit sa démocratie en fonction de son histoire. Nous
devons résolument prendre le chemin de la non-violence en devenant désormais
des ambassadeurs de la non-violence et de la paix dans nos différentes
communautés, quartiers et même au sein des formations politiques respectives en
répandant des messages de paix, tout en mettant en avant, la possibilité
d’aller au dialogue pour trouver la solution aux différents problèmes notamment
d’ordre politique.Nous devons combattre l’impunité et la manipulation sous
toutes ses formes.
Certes, personnes ne peut se soustraire
de l’influence de sa communauté, ne pas suivre un leader politique par son
appartenance régionale ou ethnique mais plutôt par sa probité morale et son
projet de société, et ce quel que soit le contexte dans lequel nous nous
trouvons, révèle d’une grande sagesse que nous devons tous avoir. Prendre la peine de réfléchir et d’agir de
façon objective à tout ce qui se présente à nous comme actualité est le seul
chemin qui vaille.
Briser les chaînes qui nous lient à la
perception ancienne du point de vue culturel, cette perception de la politique.
Tout cela pour dire que l’identité de souche, qui d’ailleurs détermine le
positionnement aujourd’hui dans le champ politique, doit être mise de côté dans
ce compte pour ne tenir compte que de l’identité de guinéen.
La jeunesse guinéenne ne doit-elle pas rompre avec
les clivages, les perceptions anciennes qui détermine sa trajectoire
politique ?
Par Boh Souleymane DALLO, étudiant guinéen en Licence 3 de
Sociologie à l’Université de Bourgogne, Dijon France.