C’est l’une des mises au point les plus maladroites, puisque frisant l’incohérence et flirtant avec l’inconséquence. Le ministre porte-parole du Gouvernement de transition soutient, sans sourciller, qu’il reste un militant de l’UFDG, tout en étant l’un des mandarins du pouvoir issu du coup d’Etat.
Non, monsieur « l’Ara du gouvernement », comme l’a dit quelqu’un : soit on est dedans, soit on est dehors ; un pied dedans et l’autre dehors, c’est comme être carrément dehors ! De façon triviale, d’aucuns feront remarquer que l’on ne peut être à la fenêtre et se regarder passer dans la rue.
En effet, pour cela il faudrait à Ousmane Gaoual un réel don « d’ubiquité politique », pour ne pas dire en l’occurrence une grande propension à la duplicité. Se prélasser, sans gène, dans le moelleux fauteuil de ministre de la junte ; tout en revendiquant, avec un sourire narquois, son appartenance à un parti que le jeu trouble des putschistes inciterait plutôt à la prudence.
Non, monsieur le ministre, contrairement au fait d’acquérir légalement une propriété relevant du domaine privé de l’Etat, c’est plutôt votre attitude, en tant qu’ancien responsable du parti de Cellou Dalein Diallo et nouveau compère de Doumbouya, qui jure avec l’éthique, tord le cou à la morale et manque totalement d’élégance.
Ce qui est évident, c’est que l’on ne saurait, au même moment, être au four et au moulin. Cette posture risque de vous conduire finalement à une mise au ban. Et de cette formation politique pour indiscipline et manque de solidarité ; et de l’attelage gouvernemental pour manque de loyauté et comportement ambigu.
En un mot comme en mille, cette sortie vous expose plus qu’elle ne vous protège.
Désormais, au sein du gouvernement vous serez épié, vos moindres paroles et actes passés au peigne fin pour y déceler éventuellement les signes d’un double jeu. Dans les rangs de l’UFDG, où beaucoup vous assimilent déjà à un “Judas”, la suspicion risque de virer à l’aversion, au rejet définitif.
Soit vous n’êtes pas sincère avec le Gouvernement, ou alors vous êtes en train de tromper l’UFDG. Aucun militant de l’UFDG n’est dupe, et le Gouvernement lui non plus n’a pas les yeux bandés, ni les oreilles bouchées.
C’est peut-être le nouveau challenge de notre Ousmane Gaoual national. Mais très malheureusement pour lui, il lui sera bien difficile, quasiment impossible, de pouvoir s’asseoir à la fois sur deux chaises. Personne ne croirait plus en lui.
Avec cette sortie totalement ratée, on peut être certain qu’il est sur la bonne voie pour décrocher, haut les mains et le « Poutoh » bien vissé sur la tête, le titre peu glorieux de nouveau “Talleyrand Guinéen”.
C’est tout dire…
Vouloir, coûte que coûte, manger ici et boire là, au même moment, pourrait mener au paradoxe de l’âne de Buridan. Une parabole selon laquelle, un âne mourrait de faim entre deux picotins d’avoine placés à égale distance de lui, faute d’hésiter, de ne pouvoir se résoudre à choisir.
Que cela soit au moins clair pour tous !
Habib Marouane Camara, éditorialiste