Menace de grève syndicale : Pourquoi le gouvernement Youla ne pourra pas céder aux revendications de l’intersyndicale ?

Mamadou Gando Bah, spécialiste de gestion publique n’est pas du tout favorable au mot d’ordre de grève lancé par le syndicat en vue d’une diminution du carburant. Il évoque tout de même des facteurs qui ne permettent pas actuellement à l’Etat guinéen de diminuer le prix du carburant malgré la dégringolade du prix du baril sur le marché mondial. Des facteurs que sont Ebola et les reformes économiques actuelles, ne permettent aucunement au gouvernement de Mamady Youla de céder aux revendications du syndicat sinon le pays risque de tomber dans une faillite économique sévère. A lire cet entretien qu’il a accordé à votre quotidien électronique.

Actuconakry.com : Pourquoi le gouvernement ne doit pas  diminuer le prix du carburant ?

Mamadou Gando Bah : La diminution du prix du carburant qu’évoquent les syndicalistes, relève d’une revendication sociale. Mais il faut distinguer deux choses, la légalité de la grève et l’opportunité de cette même grève dans le contexte économique actuel. La grève en tant que telle, elle est légale, parce qu’elle est prévue par nos textes de lois notamment par la constitution. Donc il est tout à fait légal pour les syndicalistes de manifester leurs mécontentements auprès de nos gouvernants s’ils estiment qu’il y a des points qui n’ont pas été appliqués dans leurs différents accords. Donc c’est tout à fait un droit au syndicat de demander au gouvernement qu’on adapte le prix du carburant  par rapport à une règle de flexibilité du prix du baril sur le marché mondial.

Actuconakry.com : Une éventuelle grève du syndicat est-elle  opportune dans le contexte économique actuel?

Mamadou Gando Bah : Moi je pense en tant que spécialiste de gestion publique que cette grève n’est pas opportune, d’abord le contexte guinéen est différent de ceux des pays frontaliers. La Guinée a connu des situations difficiles qui ne sont pas du tout favorables à la diminution du prix du carburant maintenant. La Guinée vient de sortir d’Ebola en fin 2015 avec un taux de croissance  de 0,5%, donc Ebola a déstructuré toutes les prévisions économiques du pays, qui a d’ailleurs éclipsé l’élan du gouvernement en matière de reformes économiques.

Malgré ce contexte l’Etat guinéen a pu organiser les élections avec une participation financière de 35%. Donc le pays vient de sortir d’une situation non appréciable. Pour moi, dans une telle situation, le syndicat aurait dû attendre que les leviers économiques soient relancés voire pour qu’il ait de plus au moins de mobilisations économiques sur le plan interne, que le cadre macro économique soit relancé. Ce sont des hypothèses une fois obtenues, le syndicat à son tour pourra demander une diminution du prix du carburant. A partir du moment l’Etat est en cours de liquidité, de recettes, on ne peut pas imposer à ce même Etat de renoncer à certaines taxes pour faire face à certaines dépenses. Par conséquent l’Etat doit se sacrifier sur sa position actuelle de ne pas céder à cette revendication du syndicat sinon l’Etat va subir la faillite économique la plus sévère. »

Propos recueillis par Moussa Diabaté pour Actuconakry.com

 

 

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