In Memoriam Pr Djibril Tamsir NIANE, ou la mort d’un Baobab tutélaire

INNAILLAHI WA INNA ILLAYHI RAJOUNE 

Notre Tonton, le Pr Djibril Tamsir Niane, Historien guinéen, mondialement connu pour son apport à la Nouvelle histoire de l’Afrique, qui a su interroger, très tôt, dans les années 60, les racines de l’histoire totale africaine avec Soundjata Keita ou l’épopée mandingue, est un autre baobab africain qui vient de se coucher à jamais !  Sous l’égide de l’UNESCO, le volume IV portant sur L’Afrique du XII au XVIème siècle sera dirigé par lui dans la collection savante Histoire générale de l’Afrique qui comporte 8 volumes en tout.

Est-ce vrai  ce triste message de Dakar qui m’apprends le décès de mon maître et compagnon de Durban en 2001, alors que  nous nous apprêtons, en tant qu’ amoureux de l’histoire et de la  Mémoire du continent africain, à inaugurer, à Conakry, un  centre de recherche et d’appui des initiatives panafricaines dénommé LE CENTRE KURUKAN FUGA, qui entend mettre en relief entre autres l’œuvre historique majestueuse de cet éminent chercheur qui a interrogé et recueilli minutieusement, toute sa vie durant, les détenteurs des savoirs  traditionalistes, dont les Griots ou Djély, ces orpailleurs de la mémoire et de l’histoire africaine ? 

La nouvelle du décès ce samedi, 8 mars 2021, à Dakar, du Pr Djibril Tamsir Niane, plonge son pays natal – la Guinée -, le continent africain et la communauté mondiale des historiens et de la culture dans une profonde tristesse. Quant à moi, je me consolerais difficilement de cette disparition. Ironie de l’histoire :  je venais de parler longuement au téléphone avec mon cousin Ben Cherif Diabaté à Bamako (Mali), président des communicateurs traditionalistes de l’Afrique de l’Ouest. Ce chef des griots du Mali et aussi fils de feu le patriarche de Kita (République du Mali), Kèlè Monzon Diabaté.

Nous avons bien parlé du Pr Djibril Tamsir Niane et de son œuvre, du Comité International Joseph Ki-Zerbo et les Africains de la Diaspora (CIJKAD) qui va naître officiellement le 20 mars prochain, de leurs  anciens camarades guinéens et africains qui ont choisi de suivre cet audacieux indépendantiste Burkinabè dans son aventure guinéenne si exaltante auprès du président Ahmed Sékou Touré, de leurs étudiants devenus l’élite de la nation guinéenne et de leurs compagnons de  soutien à l’indépendance de la Guinée dont Djibril Tamsir Niane alors que les français avaient décidé de laisser dans la panade ce pays qui a osé dire Non à De Gaulle le 28 septembre 1958 à Conakry. 

Je ne me consolerai pas de sitôt de cette absence si douloureuse et si pesante. Mon maître et mon invité d’honneur à la Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est liée, tenue à Durban (Afrique du Sud) du 31 août au 8 septembre 2001. Sa voix et ses conseils précieux dans la célébration de la mémoire et de l’histoire font de ce prince de la culture un sphinx dans son domaine de compétence.

D’ici nous entendons les cris stridents de l’Aigle royal du Mandé ou Mandé Kono; il survolera sans aucun doute toutes les aires géographiques et culturelles de ce vaste empire, autrefois sillonné par le Pr Djibril Tamsir Niane et où  siégea pour la première fois, sur la grande plaine de Kurukan Fuga, en 1234 à Kangaba, dans l’actuel Mali la grande et originale Assemblée des peuples réunie pour la paix et la concorde.

Je suis encore orphelin aujourd’hui comme des milliers de personnes dans le monde, après le décès de ce cher maître et conseiller pour la défense de la Grande histoire de  Afrique. Il va rejoindre ainsi nos autres Silatigui (Maîtres du chemin) ou grandes figures impérissables comme Aimé  Césaire, Amadou Hampaté Ba, Pr Joseph Ki-Zerbo (Prix Nobel alternatif), Abdoulaye Ghana Diallo,  Wangari Maathai (Prix Nobel de la paix), Beseat Kiflé Selassié, Dr Ousmane Kéïta et tant d’autres puits de science et militants infatigables pour le réveil des peuples africains et la mise en orbite du « continent qui a  l’histoire la plus longue de l’humanité ».

Que ses familles en Guinée, en Suisse, au Sénégal, au Mali, en Côte d’Ivoire, la communauté des hommes de culture et les organisations internationales et la société civile mondiale dont il était si proche, les sociétés savantes trouvent dans ces quelques lignes, l’expression de mes condoléances les plus attristées et de mon engagement pour promouvoir les idéaux et l’œuvre magistrale de ce Kuma Tigui.

Djély Karifa SAMOURA Président de la CONGAF

Conseiller aux droits de l’homme du Médiateur de la République/Guinée

Email : sdjely@gmail.com

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