Il est temps de se réveiller à Siguiri (Par Docteur Abou Billy KEITA Médecin généraliste, citoyen)

http://Actuguinee.org / Cette ville natale, que je chéris de tout mon cœur et c’est justement pour cela que je trouve nécessaire, voire urgent, de faire cette tribune pour son salut, elle qui mérite mieux.

D’emblée, je voudrais préciser que la vocation de cette plume n’est ni de fustiger qui que ce soit, ni de m’attirer une certaine attention positive, mais de susciter des réflexions autour du progrès socio-économique de cette ville dont les réalités sont largement au-dessous de ce qu’elle aurait dû mériter.

Siguiri, c’est l’une des plus grandes villes de la Guinée, de par son importance démographique, de par la prolifération de ses activités économiques et de par la présence des principales sociétés aurifères du pays sur son sol.

Malgré tous ces avantages, la ville enregistre une insuffisance criarde en termes d’infrastructures sociales de base, d’électricité, d’adduction en eau potable – alors qu’elle traversée par le Niger – ; d’emploi jeunes et tant d’autres besoins.

Ainsi, n’est-il pas légitime de se poser des questions et de leur trouver des réponses pour le progrès de cette ville ? Cette transition en cours n’est-elle pas une occasion de faire le bilan du passé et d’en tirer des conséquences ? Comment profiter de la refondation prônée par le Président de la République, Le Général Mamadi DOUMBOUYA, pour changer la donne à l’avantage de la ville ? Voilà entre autres des interrogations autour desquelles cette réflexion doit s’articuler.

Je ne prétends pas détenir le monopole des réponses à ses questions, je voudrais tout de même essayer – d’après mes expériences d’ancien conseiller communal et mes observations, étant citoyen de la ville – d’y apporter quelques idées si modestes soient-elles.

Le progrès socio-économique, tant voulu par les uns et les autres, à Siguiri, ne sera jamais un coup de baguette magique. Il sera la résultante d’un sacrifice majeur et des efforts conjugués par tous en s’inscrivant dans une dynamique de réveil patriotique à tous les nivaux. Cela implique une rupture fondamentale d’avec certaines pratiques anti-progretistes tant au niveau des gouvernants (I) que des gouvernés (II).

  • Au niveau des Gouvernants.

Nos maux sont faciles à être identifiés, ils sont connus et on ne pourra jamais changer la donne si on manque de courage de les affronter. Ce n’est qu’en ce sens qu’on leur apportera des solutions concrètes et durables. Siguiri a longtemps souffert de la gestion alambiquée des cadres en manque de vision, semeurs de divisions, trop politiques et trop soucieux des intérêts personnels.

Hostile au régime Conté tout au long de son pouvoir, soit plus de deux décennies, par une politisation en outrance de sa population, Siguiri n’a été pourvu que peu d’infrastructures dignes de nom. Il a mis son espoir et son salut du côté du Professeur Alpha CONDE qui n’accèdera à la magistrature suprême qu’en 2010. C’était donc l’occasion tant attendu pour lui -Siguiri- de voir tous ses rêves réalisés. C’était en quelque sorte, pour lui, l’heure de sa revanche sur son passé ; hélas. Il est encore douloureux d’observer que Siguiri, de par ses cadres, n’a pas pu saisir sa chance ; n’a pas su être au rendez-vous de sa propre histoire ; n’a pas pu profiter du régime qu’il a longtemps soutenu et pour lequel il a souffert le martyre durant des décennies. Il a préféré se donner en spectacle par le fait de ses cadres plus préoccupés à se servir qu’à lui servir ; plus soucieux de leurs ascensions personnelles qu’au progrès de la ville ; plus inspirés des manœuvres de division que doués pour unir les uns et les autres autour de l’essentiel ; plus performants à manipuler la jeunesse qu’à leur trouver des opportunités de formation et d’emploi.  Résultat : Siguiri n’a pas eu grand-chose du régime Condé.

Même pas un minimum d’électrification. Il a apporté beaucoup plus au régime qu’il en a reçu. Il n’a été que cette vache laitière du régime Condé en lui fournissant son électorat le plus décisif. N’avait-il pas été déclaré, par l’ancien président Alpha CONDE, comme capitale du RPG parce qu’il a été pratiquement son capital démographique ?

Ayant vécu toutes ces déconvenues, il est temps de se réveiller et de s’unir autour des intérêts supérieurs de la ville. Cette transition du CNRD doit nous servir d’occasion pour déclencher notre envol. Il nous suffira de changer notre cheval de bataille. De servir le CNRD en servant Siguiri.  Tout progrès réalisés maintenant ne seront mis que sur le compte du régime actuel. Se battre pour demander plus d’infrastructures sociales de base ; pour l’électrification de la ville ; pour l’adduction en eau potable ; pour la création des opportunités d’emploi pour les jeunes ô combien de fois manipulés et désorientés.

Une prise de conscience est plus qu’urgente aussi dans la gestion des ressources financières de la ville. Un contrôle rigoureux est indispensable dans leur utilisation. Et une politique efficace pour les orienter vers les besoins fondamentaux de la population locale. Nombreux sont des observateurs qui affirment que Siguiri est l’une des rares villes guinéennes qui peuvent rapidement satisfaire ses propres besoins en attendant peu de l’Etat. Cela n’est pas faux et c’est bien possible. Pour cela, il nous faudra nécessairement des cadres et administrateurs PATRIOTES, COMPETENTS et INTEGRES.

  • Les gouvernés ou la population locale.

Certains diront que je devrais même commencer par là et ils n’auront pas tort puisqu’il s’agit de la base. Les gouvernants ont été d’abord des gouvernés et c’est pour ces derniers que les premiers existent… Cependant, nos problèmes sont si profonds qu’il est presqu’impossible de voir des actions salvatrices chez les gouvernés sans qu’ils ne soient orientés ou appuyés par les gouvernants.

N’est-il pas d’ailleurs le sens du bon leadership, emmener ceux dont on a la charge à s’épanouir ? Je pense donc que lorsque nous aurons des leaders avec des vertus citées ci-haut, il serait encore facile d’orienter les gouvernés.

Alors, il faudra qu’on sache, nous les citoyens, que notre salut ne viendra que de nous-mêmes. Qu’il est temps de recouvrer notre véritable rôle en tant que citoyens. Qu’il nous faudra inverser notre attitude devant nos affaires publiques, d’une participation passive à celle active. Il faudra qu’on prenne conscience que nous sommes les immanquables victimes des maux que nous avons longtemps encouragés sans s’en rendre compte. Il est temps de comprendre que toute manipulation ne fera que nous voler notre propre bonheur et celui des générations futures. Il faudra qu’on conditionne notre adhésion à toute sollicitation politique par la réalisation de nos besoins essentiels en tant qu’une des plus grandes villes du Pays.

Qu’on demande plutôt des infrastructures, de l’électricité, de l’eau, de l’emploi, de formation de qualité pour nos enfants au lieu des miettes, des t-shirts, des haut-parleurs, des chaises et écrans pour nos grins. Il est crucial qu’on sache qu’on mérite mieux et qu’on soit plus ambitieux. Car, nous ne serons considérés qu’à travers le degré de notre ambition.

Nous devons savoir que lorsque notre ville gagne, que tout le monde en profitera ainsi que des générations qui viendront après nous.

Ainsi, il est impératif qu’on s’unisse autour de notre propre bonheur et de ne donner l’occasion à aucune velléité de division ou de manipulation pour des intérêts personnels. Cette transition est donc une précieuse opportunité pour nous de revoir nos copies en mettant en avant notre progrès à nous. Qu’on s’entende et soutienne toute initiative qui s’inscrit dans le cadre du développement de notre préfecture. Qu’on repousse toute autre qui prône le contraire.

C’est bien possible et on le fera quand nous le déciderons. Alors pourquoi pas maintenant ?

Docteur Abou Billy KEITA Médecin généraliste

 

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