Guinée : Le sursaut d’orgueil des militants du RPG Arc-en-ciel

http://Actuguinee.org / Les militants et sympathisants du RPG arc en ciel commencent à se remettre de leur émotion. Cet événement brusque et inattendu qui a bouleversé leurs habitudes, semble s’évanouir pour laisser place à une prise de conscience effective de la gestion du parti ces dernières années. Les barons du parti jadis haut perchés sont descendus de leur piédestal. Sont-ils réellement conscients de leur agissement, leur entêtement et de leur mépris à l’égard de ces milliers de militants qui ont lutté pour le parti ?  En plus d’un mea-culpa, ils doivent demander pardon et céder la place à ceux qu’ils ont intentionnellement rejetés hier.

      Depuis belle lurette, le parti présidentiel était confronté à une crise interne générationnelle. Il faut se rappeler cette fronde qui a profondément secoué le parti, au lendemain des présidentielles de 2015 après la composition du nouveau gouvernement. Cette crise persistera et engendrera un clivage profond entre les caciques du parti qui souffrent d’un manque de confiance chez le chef de l’Etat et les jeunes cadres censés être la relève du parti.

      La vieille génération qui a consenti assez de sacrifices pour conduire son leader à la magistrature suprême, n’entendait pas reculer pour faire place aux jeunes cadres. Cette crise se fondait sur le manque de confiance en la vieille génération, qui n’a rien entrepris pour faciliter l’émergence de la jeunesse. Elle a refusé de reconnaitre son déphasage au regard des récentes réalités qui ont marqué la vie du parti. Elle a refusé de voir l’avenir du parti pour s’accrocher bec et ongle à leurs avantages matériels et ne voulait pas se laisser influencée par cette jeunesse qu’elle jugeait ambitieuse.       

 Ces vieux n’ont pensé qu’à leur propre intérêt, ils n’ont jamais accepté d’agir dans le sens de la pérennisation du parti pour assurer la relève. Ils ne voulaient que manger le beurre et le prix du beurre. C’est cet égocentrisme qui a fait que le Pr. Alpha CONDE n’approuvait pas leur façon de faire, de voir les choses dans la conduite des affaires et aussi de la vie du parti. Toute formation politique est prédisposée à une perpétuelle régénération, elle évolue avec le temps et les contextes sociopolitiques.

Si en 2010 des hommes et des femmes se sont sacrifiés pour porter le Pr. Alpha CONDE au pouvoir, ils s’attendaient à un effet boomerang de leur engagement politique. Malheureusement leur déception est devenue totale quant à la place qui leur a été réservée. Ces hommes et ces femmes ont été victimes du régime militaire, ils ont été persécutés, humiliés et discriminés pour leur appartenance au RPG. Depuis l’époque de la clandestinité, ces militants ont mis la main à la poche pour soutenir ce parti. Ils ont risqué leur vie en bravant les militaires et ils ont même rejeté les offres de construction faites par le régime de Conté. Ils ont fait preuve de courage et de détermination pour exprimer leur personnalité et leur dignité à travers cette attitude contestataire.

Une fois le pouvoir acquis ces braves hommes et femmes seront oubliés et jetés aux mouches comme une feuille avec laquelle on a fini de se torcher. Ils seront écartés et ne bénéficieront jamais des dividendes de leur combat. Pire leurs ennemis d’hier sont devenus les nouveaux parvenus du pouvoir, ils se demandent pourquoi.

Pour justifier on dit qu’il faut faire une ouverture vers les autres mais cela ne doit pas pousser à ignorer les premiers venus. Chaque homme, chaque femme qui s’est battu pour le RPG vient d’un village, d’une agglomération. Et les habitants ont cru à leur message pour les suivre dans cette aventure mais si aujourd’hui ils n’arrivent plus à satisfaire les espérances de ces populations, imaginez alors les conséquences.

Les élections de 2013, 2015, 2018 et 2020 sont illustratives de ce malaise profond que couve le RPG. Beaucoup d’anciens militants sont déçus, ils se disent frustrés et voire même décontenancés par l’ingratitude de ce parti. Ils sont aujourd’hui nombreux à se démarquer du RPG car, ils sont ignorés. Pourtant, si le parti est arrivé au pouvoir c’est grâce à leur engagement. Les cadres qui ont été choisis se sont murés dans une fin de non-recevoir. Au lieu d’aider ces hommes et ces femmes, ils se sont contentés de leur nouvelle position sociale avec mépris et arrogance.

Tous ne peuvent pas devenir des préfets ou des ministres cependant, ils pouvaient apporter leur expérience dans la conduite des affaires administratives, surtout que ceux qui sont nommés ne sont pas tous à la hauteur. Le comportement de la hiérarchie supérieure a engendré de nombreux frustrés et déçus ce qui a négativement impacté la vie du parti. Le refus du renouvellement des instances vieilles de plus de 20 ans, le manque de fonds pour assurer le fonctionnement des structures, ont conduit à cette catastrophe qui pouvait pourtant être évitée.

L’hypocrisie collective des responsables qui ont fait croire qu’ils aiment le parti et n’ont jamais voulu dire la vérité au chef de l’Etat. Elles sont indéniables les avancées significatives connues dans nombreux domaines de la vie cependant, il faut également noter le dysfonctionnement dans la conduite des affaires de l’Etat. Tout semblait marcher à merveille, mais à bien observer le climat social et politique on sentait sourdre un malaise profond, consécutif à des frustrations et à des hésitations dans l’application des arrêts de justice.

Toutes les couches socioprofessionnelles du pays avaient dénoncé l’impunité ; les religieux, les opérateurs économiques, les hommes de média, les forces de défense et de sécurité etc. Cette impunité avait atteint le seuil de l’intolérable, ce qui a affaiblit dangereusement l’Etat et les institutions de la République. A cela il faut ajouter le manque de civisme et de patriotisme du guinéen, des cadres qui ne se gênaient aucunement de détourner les deniers publics. On avait même l’impression que ce détournement était devenu institutionnel dans le pays. Et cela se passait sous le regard complaisant ou complice de l’administration.  Il est vrai que la démocratie a des exigences et des principes qu’il faut observer et respecter. Mais il est aussi vrai qu’un Etat doit être fort et intransigeant dans le respect des textes de loi et dans leur mise en application. Une fois qu’il y a défaillance à ce niveau on dérive inexorablement vers une certaine forme d’anarchie, de laisser aller.

 Chacun se croyait tout permis, les institutions étaient méprisées, même le chef de l’Etat n’échappait pas aux outrages de la part des individus mal intentionnés. Pourquoi ces atermoiements de la part de l’exécutif qui est pourtant l’émanation de la volonté populaire ? Quand on a le pouvoir, on doit l’assumer dans toute sa rigueur et dans toutes ses formes. Si réellement le Pr. Alpha CONDE voulait donner une lisibilité aux multiples actes qu’il était en train de poser, il devait revoir la conduite des affaires du pays. Pour cela, il fallait faire peau neuve et s’entourer d’hommes plus responsables.

         Le Pr. Alpha CONDE a été hésitant, sa conception de la société est purement occidentale or, le peuple de Guinée est autre. Il a ses principes et ses méthodes d’appréhension de la vie. Il a connu deux périodes diamétralement opposées : la révolution populaire et le libéralisme incontrôlé.   L’arrivée au pouvoir du Pr. Alpha CONDE avait suscité un grand espoir chez les populations qui ont pensé que la dérive économique, politique et sociale dans laquelle le pays avait sombré prendrait fin. L’angoisse que les hommes avaient de lui s’est estompée avec la fuite des jours. Peu à peu à cause de sa méthode de gouvernance, les hommes ont osé, ils se sont donc permis tous les excès possibles pour ternir son autorité. Certains iront jusqu’à dire qu’il est faible d’autres diront même qu’il est facilement influençable. Malgré que ces propos viennent de ses détracteurs, il faut reconnaitre qu’il y a une part de vérité dans ces déclarations.

        Le Pr. Alpha CONDE aimait dénoncer mais il ne punissait jamais or, le pilier du pouvoir, sa quintessence même, réside dans la répression ferme des délits. Il a laissé tout le peuple sur sa faim pour les audits menés sur la gouvernance Conté.

  • Les usines, les unités industrielles, le chemin de fer, Air guinée sont autant de dossiers autour desquels le peuple voulait connaitre la vérité.
  • Les détournements de fonds, les contrats mal ficelés, les surenchères sur le dos de l’Etat sont légions et tous ont négativement impacté sur le développement national. Cependant, les principaux acteurs se targuaient de leur position sociale et narguaient même le pouvoir.

Les cadres guinéens appartiennent à une espèce rare dans la conduite des affaires administratives. Ils sont capables de trouver des antidotes à toutes les mesures de redressement envisagées par l’Etat. Sans vouloir tomber dans le conflit générationnel, on a du mal à comprendre les éloges faits aux 518 DAF sur leur gestion. On se demande réellement s’il a ordonné un contrôle autour de leurs activités depuis qu’ils sont venus aux affaires.

Aujourd’hui si ce parti bat de l’aile, c’est qu’il a été secoué par une forte vague de mécontentement. Des militants disent ne pas reconnaitre le leader pour lequel ils ont osé et bravé le régime militaire. Les cas PDG et PUP sont illustratifs pour éviter ce drame, il devait absolument faire face au parti. C’est à ce parti qu’il doit tout, ces hommes et ces femmes qui, au risque de leur vie l’ont porté dans leur cœur. Ils méritent reconnaissance pour leur engagement politique.

Un allié n’est qu’un allié, il ne sera jamais comparable à un véritable militant. Le militant est arrivé par conviction et non par intérêt. Aujourd’hui, il faut avoir le courage de le dire, ni le Président, ni les ministres qu’il a nommés, personne ne se souciait désormais de la vie du parti. Pourtant il faut accorder une place primordiale aux cadres intègres et fidèles au parti. Ce ne sont pas les cadres qui manquent dans ce pays, il y a que les régimes successifs commettent les mêmes erreurs dans le choix des hommes. Tous se focalisent sur les cadres de la capitale pourtant, il y a des hommes compétents et intègres à l’intérieur qui sont indemnes du virus de la malversation.

L’heure n’est plus aux lamentations ce qui est fait, est fait. Dieu l’a voulu ainsi personne ne peut s’opposer à cette volonté divine. Par la faute de ces hauts cadres de l’Etat, ils ont conduit le Président de la République à sa perte. Ils sont tous coupables de cette tragédie inédite arrivée au pouvoir en Guinée. Ils n’ont plus rien à dire à la base qui ne se laissera plus attendrir par leurs propos mensongers et hypocrites. Ils ont barré la route aux cadres honnêtes du parti pour s’ériger à des postes dans lesquels ils ont tourné le dos à la base.

Le RPG ne saurait mourir, il survivra à son fondateur. Cet acquis politique doit être préservé pour la stabilité de la nation et l’épanouissement des jeunes générations. Comme c’est un parti rassembleur, tout doit être fait pour fédérer l’ensemble des partis politiques qui partagent les mêmes aspirations que le RPG. Quand le mille-pattes perd un pied, cela ne l’empêchera pas à se déplacer. Il faut se débarrasser des mauvaises pensées destructrices de l’union, garder sa conviction idéologique et redoubler d’ardeur pour la pérennisation du parti.

Le RPG est et demeure le seul parti national et à dimension internationale. Faire table rase des rancœurs, se donner la main et éloigner de la gestion tous ceux qui ont un passé peu honorable dans la gestion du parti. Le combat politique n’est pas pour un temps mais tout le temps. Un seul homme ne peut pas être le parti. L’arrestation du Pr. Alpha CONDE ne doit pas mettre fin à la vie du RPG, au contraire cela doit galvaniser en chaque militant la farouche volonté dans le combat pour sa libération et pour la sauvegarde des acquis du parti.

Mouloukou Souleymane Cissé

1 commentaire
  1. Amadou Thierno Barry dit

    Le RPG ARC-EN-CIEL est déjà de sa belle mort.

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