Et si on parlait de l’inadéquation de la loi de finance post Ebola avec les ambitions du Gouvernement ?

Alors que tout le monde est préoccupé par la situation politique qui dégénère, la première loi de finance post-Ebola quand à elle passe et tout le monde fait motus et bouche cousue. Une loi qui se fait remarqué encore une fois de plus par son inadéquation avec les ambitions du Gouvernement (la relance économique par le secteur privé).

Comment le secteur privé peut-il supporter la croissance si le minimum de cadre juridique et sécuritaire n’est pas assuré? Les départements de la sécurité et de la justice s’en sortent avec des miettes (respectivement 358 Millions et 88 Millions GNF). On se demande bien qu’ est-ce qu’on peut faire avec un budget de 88 Millions. Où est passé l’ambition de réforme du système judiciaire? Certains diront que le budget en lui-même est faible.

Le budget ministériel est de 8.000 Milliards. Ce qui signifie qu’en termes d’importance, la sécurité occupe 4% du budget ce qui lui confère sa 8e place, alors que la justice pointe à 16e place avec à peine 1%. La compétitivité se gagne par la protection contre le terrorisme, la construction d’infrastructure, la formation, la santé mais aussi et surtout par la mise en place d’un cadre institutionnel compétitif.

La qualité des institutions est cruciale pour assurer la compétitivité et la croissance. Comment voulez qu’on favorise l’investissement, l’entreprenariat, la prise de risque, l’innovation si nous n’arrivons pas à faire mieux même dans notre zone d’influence (Mano River Union). Dans le rapport 2015 Global Peace Index, qui tente de classer les pays du monde selon leur degré de pacifisme, la Guinée occupe la 117e place derrière le Liberia (105e) et la Sierra Léone (78e).

De même pour le rapport sur la compétitivité des pays établi par le Forum Economique Mondial, notre pays occupe la dernière place (140e) alors que le Liberia et la Sierra Léone occupent respectivement la 129e place et la 137e place. Le propriétaire foncier ou le détenteur d’une licence sur un logiciel ont besoin de protection. Comment voulez-vous booster les productions intellectuelles et artistiques si les producteurs ne sont pas protégés, si l’effort et l’innovation ne sont pas récompensés à leur juste valeur ? Nous voyons par exemple ce que devienne nos grands artistes tant dans le cinéma que dans la musique. Nos universités sont bourrées d’étudiants en sciences littéraires qui ne flirtent même pas avec l’idée de produire une œuvre artistique ou littéraire.

Que dire de nos ingénieurs ?
Autre point accablant, la décentralisation a le même budget que la Présidence à elle seule (300M Millions) malgré la réduction du budget de cette dernière. Quand nous rendrons nous compte que Zoo ou younkounkoun ne sortiront pas de la misère chronique par les décisions de Sekhoutouréah mais par des politiques établies à la base?
Contrairement à ce qui se présageait, les dépenses d’investissement ont baissé d’une manière drastique. Nous sommes d’accord que le contexte épidémiques n’était pas en notre faveur mais cette baisse est peut être due aussi à la gabegie à laquelle s’est livré le gouvernement : des marchés publics très mal négocié, peut être volontairement surfacturés, une opacité absolue sur l’origine des fonds qui ont servis au financement de la campagne de la mouvance présidentielle.
Il est plus qu’évident qu’on ne connaitra pas une réduction de la pauvreté cette année avec cette fameuse augmentation de la TVA sur les produits de première nécessité. C’est vrai que la Guinée a l’une des plus basses pressions fiscales de la sous-région. Mis à part le fait que les politiques économiques et fiscales sont difficiles à critiquer vu qu’il y a une multitude de choix possible, le gouvernement ne pouvait – il pas trouvé d’autres produits à imposer ? Une imposition en même temps sensibilisatrice comme le tabac et l’alcool qui sont plutôt massivement consommé par les guinéens.

Ce n’est pas être pessimiste de dire qu’on ne pourra surement pas atteindre la croissance de 4% prédite par le FMI et le au vu de tous ces facteurs. Sans oublier les potentiels troubles sociaux engendrés par la cherté de la vie : vol, corruption, viol, prostitution, manifestations et j’en passe.
CONDE Boubacar pour actuconakry

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