Elections législatives : pourquoi il faut y aller maintenant

Maintes fois reportées pour cause de bras de fer politique entre le pouvoir et l’aile dure de l’opposition, les élections législatives censées mettre un terme à la transition guinéenne devraient enfin se tenir le 24 septembre prochain. Pour tous les observateurs avertis et objectifs, toutes les dispositions devraient alors être prises pour que cette date soit respectée. 

La séparation des pouvoirs, on le sait, est un principe sacré dans un Etat de droit. La Guinée n’a d’autre choix que de s’inscrire dans cette voie si elle veut réellement se retrouver dans le grand cercle des pays démocratiques.

En novembre 2010, le Pr Alpha Condé, à l’issue d’un scrutin libre et transparent, est devenu le premier président démocratiquement élu de la Guinée indépendante. Les élections législatives devraient s’organiser six mois plus tard pour doter le pays d’une assemblée nationale représentative du paysage politique actuel. Mais ces élections n’ont pas pu se tenir à cause notamment de profondes dissensions entre le pouvoir et l’opposition.

Le Conseil national de la Transition, mis en place par le général Sékouba Konaté et dont la légitimité est contestée par bon nombre de Guinéens, a continué alors à jouer le rôle de parlement.  Cellou Dalein Diallo et ses camarades de l’opposition avaient dressé une longue liste de préalables à satisfaire avant leur participation effective au processus électoral devant conduire à la tenue des élections législatives.

Parmi les préalables brandis par les différents blocs de l’opposition, l’on peut citer entre autres : le départ de Loucény Camara de la présidence de la CENI, la recomposition paritaire de cette même CENI, le vote des Guinéens de l’étranger, le départ du couple Waymark-Sabary Technologie.

Et pour amener le pouvoir à accéder à leurs revendications, qu’ils jugent légitimes, les opposants au régime Condé ont régulièrement fait recours aux manifestations de rue. Des manifestations qui, dans la plupart des cas, ont été émaillées d’incidents plus ou moins graves.

En plus des morts, l’on a enregistré à chaque fois de nombreux cas de blessés et des dégâts matériels importants, renvoyant ainsi une mauvaise image de la Guinée à l’extérieur. L’absence d’un parlement élu et la recrudescence des violences politiques ont eu pour effet le blocage total ou partiel de beaucoup de projets de développement.

Il est inutile de rappeler ici que les investisseurs s’aventurent rarement dans un pays où l’opposition a choisi de faire des manifestations de rue un exercice hebdomadaire. Dans un souci d’apaisement et pour montrer clairement sa bonne foi, le pouvoir a accédé à ce jour à l’essentiel des revendications de l’opposition, que d’aucuns trouvent capricieuse et encline à jouer abusivement à l’enfant gâté.

Grâce à la facilitation d’un diplomate onusien, Saïd Djinnit, assisté de deux facilitateurs nationaux, un accord politique a pu être signé le 3 juillet dernier entre la mouvance présidentielle et l’opposition, chaque camp ayant accepté de faire des concessions pour aller aux élections.  

La mouvance a cédé sur le vote des Guinéens de l’étranger aux législatives. Ce qui n’était jamais arrivé par le passé. Quant à l’opposition, elle a dû mettre beaucoup d’eau dans son vin en acceptant d’aller aux élections avec l’opérateur sud-africain Waymark.

 

La date du 24 septembre a été par la suite retenue pour la tenue de ce que beaucoup appellent le scrutin de tous les espoirs pour le peuple de Guinée qui, ces dernières années, n’a que trop souffert de la crise sociopolitique dont il aurait pu et dû être épargné.

Il y a donc de bonnes raisons qu’on aille enfin à ces  élections pour élire les représentants légitimes du peuple à la future assemblée. Les Guinéens sont fatigués de tous ces tiraillements politiciens, porteurs des germes de l’instabilité.

Les investisseurs nationaux et internationaux ainsi que les partenaires multilatéraux n’attendent que ce scrutin pour mettre en œuvre ou financer les nombreux projets de développement dont la plupart sont bloqués aujourd’hui à cause de cette crise sociopolitique que connaît le pays.

Curieusement, c’est en pleine campagne électorale pour les élections législatives, que les Guinéens et la communauté internationale appellent de leurs vœux, que l’opposition a subitement sorti de sa « besace » de nouveaux points de revendication. Elle est allée jusqu’à menacer de faire descendre ses militants dans la rue si la CENI ne corrige pas ce qu’elle considère comme des anomalies rédhibitoires dans l’organisation du scrutin législatif prévu pour ce mardi 24 septembre.

Ce qui fait dire à certains, non sans raison, que Cellou Dalein Diallo et ses camarades sont obnubilés par l’idée d’une élection parfaite, qu’ils exigent du pouvoir actuel et qu’ils se sont pourtant montrés incapables d’offrir aux Guinéens quand ils étaient aux commandes du pays. Par contre, ces allégations sont refutées par d’autres.

Leurs détracteurs leur rappellent à propos que même dans les grandes démocraties (Etats-Unis d’Amérique, France), il n’y a pas d’élections parfaites à 100%. Les opposants guinéens devraient donc faire preuve d’objectivité, de responsabilité et de patriotisme en revoyant à la baisse leurs prétentions à la fois nombreuses et parfois irréalistes. Sauront-ils entendre raison ?

Attendons de voir !  

Amara Moro Lu sur guineenews

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