Ebola : Yimbaya Bougie:Les dessous d’une manifestation contre la construction d’un centre de traitement Ebola
Les autorités gouvernementales et communales de Matoto, les responsables de la coordination de lutte contre Ebola, les Ambassadeurs des Etats-Unis d’Amérique et de la France et les agents de médecins sans frontières (MSF) étaient mobilisés ce jeudi 4 décembre 2014 à Yimbaya bougie, dans la commune de Matoto, pour procéder à la réunion d’une sensibilisation en vue de la construction d’un centre de traitement Ebola dans ledit quartier. Malheureusement, cette activité n’a pas pu se tenir pour cause de résistance de nombreux jeunes du quartier.
Pour ces jeunes, il n’est pas question d’implanter un centre de traitement dans leur localité pour plusieurs raisons. « C’est un terrain qui est convoité par tous les jeunes de ce quartier. Nous n’avons pas un autre lieu où ces nombreux jeunes que vous voyez peuvent aller se récréer. Vouloir nous priver ce terrain et construire le centre de traitement Ebola est une chose que nous n’apprécions pas pour le moment. Donc, quand les jeunes disent ce matin non, je trouve qu’ils sont pleinement dans leur droit. Parce que les responsables du quartier et ceux de la commune n’ont pratiquement rien fait dans le cadre de la sensibilisation pour faire comprendre aux uns et aux autres le bien-fondé de la décision des plus hautes autorités de notre pays. Il y a un comité qui devrait passer dans toutes les familles pour dire pourquoi le centre doit être construit ici. Ce comité n’a jamais fait ce travail qui pourrait sans nul doute décrisper la tension et temporiser l’ardeur des jeunes. Les jeunes du quartier que nous sommes pensent que si ce centre est construit là, ce serait un lieu de contamination des populations. Quelque part, nous défendons les populations de notre quartier contre cette maladie qui a déjà fait des ravages en plusieurs endroits du pays. Voilà de manière très brève pourquoi les jeunes protestent. Ceux-là qui devraient sensibiliser les jeunes et leurs parents ont failli à leur mission et c’est qui est à la base de tout ce que vous voyez maintenant sur le terrain », nous a expliqué Aboubacar 2 Diaby, porte-parole de ces jeunes en colère.
Après plusieurs tentatives de convaincre ces jeunes qui ne voulaient apparemment rien comprendre, le gouverneur de la ville de Conakry, Soriba Sorel Camara s’est adressé à l’Ambassadeur de France en Guinée, Bertrand Cochéry en ces termes: « Vous savez, il y a les contraintes sociales, il y a la communication, il y a l’adhésion de l’esprit de la population. On va s’y mettre et rien n’est pressé pour le moment. Il faut d’abord l’adhésion de la population. C’est pourquoi respectueusement je tiens à vous informer de cela Monsieur l’Ambassadeur ».
En réponse, le diplomate français a encouragé les autorités à privilégier le dialogue et la compréhension avec les populations de Yimbaya. Il a en outre souligné que ces comportements des populations ne décourageraient jamais les partenaires qu’ils sont à appuyer la Guinée dans cette lutte contre Ebola.
« La construction d’un centre de traitement se fait avec les populations et non contre les populations. Ce que nous avons réussi à faire à Macenta avec Médecins sans frontières (MSF) dans une zone très difficile, il n’y a pas de raison qu’on n’arrivera pas à le faire ici à Matoto Yimbaya. Mais il faut pour cela appliquer la même démarche qui est celle d’être à l’écoute des populations, des représentants des différents groupes du quartier », fera t-il savoir.
Au moment où nous quittions les lieux, une réunion dite d’urgence entre les jeunes protestataires et le Premier ministre, Mohamed Said Fofana était annoncée par le gouverneur de Conakry dans les locaux de la commune de Matoto.
Affaire à suivre !
Keita Youssouf Hawa
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