DISCOURS DE LA MINISTRE DE L’ECONOMIE ET DES FINANCES, MALADO KABA A L’OCCASION DE LA PRESENTATION DU PROJET DE LOI DE FINANCES 2018 DEVANT L’ASSEMBLEE NATIONALE
Conakry, le 2 Novembre 2017 – Honorable Monsieur le Président de l’Assemblée nationale, Mesdames et Messieurs les Honorables Députés
Monsieur le conseiller du Président de la République en charge des relations avec les institutions républicaines,
Mesdames et messieurs les membres du Gouvernement,
Mesdames et messieurs les membres du corps diplomatique et des institutions internationales,
Mesdames et messieurs les membres de l’administration de l’Assemblée nationale,
Chers concitoyens, Mesdames et Messieurs,
C’est à nouveau pour moi un insigne honneur de me tenir devant cette auguste assemblée en cette occasion solennelle de présentation du projet de loi de finances de l’année 2018.
Permettez-moi en ce premier jour du mois de Novembre d’adresser à nos forces armées et de sécurité une bonne fête d’anniversaire
Aujourd’hui marque aussi le démarrage de la semaine de la citoyenneté placée sous le thème du citoyen dans la construction de la Nation.
Honorable Président
Mesdames et Messieurs les Députés.
Le projet de loi de finances 2018 que nous vous présentons aujourd’hui continue de consacrer la vision du Président de la République pour une Guinée émergente et forte avec la promotion d’un développement économique et social harmonieux pour nos populations.
Au plan international, le contexte général qui a marqué l’élaboration de notre budget 2018 est caractérisé par une conjoncture mondiale relativement favorable. La prévision de croissance mondiale pour 2017 est estimée à 3,6 %, contre 3,2% en 2016. Mais cette reprise n’est pas totale et la croissance demeure faible dans beaucoup de pays. Les perspectives des pays émergents et des pays en développement en Afrique subsaharienne, au Moyen-Orient et en Amérique latine ont été médiocres avec respectivement 2,6%, 6,6% et 1,2% de croissance projetée en 2017. De plus, la persistance d’une inflation basse dans les pays avancés comporte des risques car elle réduit la capacité des banques centrales à abaisser les taux d’intérêt réels en cas de repli de la croissance.
On estime toutefois que cette conjoncture de reprise cyclique de la croissance, après les contreperformances enregistrées au cours des dernières années, a offert une occasion idéale de prendre des mesures budgétaires propices à la consolidation de la stabilité macroéconomique et d’exécuter des réformes structurelles favorables à la croissance de la production potentielle.
En Afrique sub-saharienne et en particulier dans notre sous-région, l’économie dispose d’une robuste capacité de résilience, constituée par une demande intérieure croissante, une gouvernance macroéconomique améliorée et un environnement des affaires de plus en plus attractif.
Honorable Président Honorables Députés,
Au plan national, après deux années éprouvantes, l’activité économique a rebondi, avec un taux de croissance estimé à 6,6% et 2016 et projeté à 6,7% en 2017. L’inflation est restée modérée à 8.7% en glissement annuel à fin juin 2017 et en deçà des deux chiffres. La dette publique extérieure a été contenue à 23,9% du Produit Intérieur Brut, le taux de change a été stabilisé et les réserves de change ont augmenté.
La situation des finances publiques à fin juin 2017 se caractérise par une bonne mobilisation des recettes budgétaires qui ont augmenté de 20%, contre 15% à fin juin 2016. Les dépenses budgétaires totales n’ont augmenté que de 25% par rapport à fin juin 2017 et ont été réalisées à hauteur de 40% des prévisions du budget 2017. Il faut souligner que ces dépenses sont restées en ligne avec la dynamique de l’économie puisqu’en termes relatifs, elles n’ont augmenté que de 0,5 point de PIB (6,6% contre 6,2%).
La dette publique intérieure s’est établie à près de 14% du PIB à fin juin 2017. L’exécution du service de la dette intérieure s’est établie à 60% des prévisions pour 2017.
La structure des dépenses s’est sensiblement modifiée par rapport à 2016 et est fortement marquée par l’évolution des dépenses des subventions et transfert qui ont augmenté de 85%, en grande partie expliqué par l’augmentation des subventions à EDG. Il convient toutefois de souligner que cette situation préoccupante a été largement prise en compte dans l’élaboration du projet de loi de finances qui vous est soumis et dont l’une des principales vertus est la maîtrise du poids de charges qui constituent des postes de dépenses prioritaires de l’Etat.
Au plan structurel, les réformes se sont poursuivies et des actions phares ont été exécutées. Ainsi :
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Le Plan National de Développement Economique et Social (PNDES 2016-2020) a été finalisé et la préparation d’un Groupe Consultatif pour son financement est pratiquement achevée ;;
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Les réformes visant à consolider la stabilité macroéconomique et assainir les relations entre l’Etat et le secteur privé, améliorer les recettes intérieures et qualifier le processus de passation des marchés publics ont été entamées et se poursuivent. l’audit de la dette intérieure et les propositions d’apurement des arriérés ont été finalisés et adoptées, les premiers paiements interviendront en 2017. Au niveau du Trésor, les actions se poursuivent pour opérationnaliser le compte unique du trésor ;;
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Pour améliorer la mobilisation et la sécurisation des recettes de l’Etat, quatre guichets de banque ont été créés à la Direction nationale des impôts, de nouveaux guichets de banque ont été installés au Gouvernorat et dans les cinq Communes de Conakry ;;
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Au niveau de la réforme de l’Etat et de la modernisation de l’administration, le Plan de réforme de la fonction publique sur la base des résultats de l’enquête biométrique a été approuvé et les opérations de biométrie se poursuivent ;;
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Dans le cadre de l’amélioration de l’environnement du climat des affaires, un cadre réglementaire et législatif pour la promotion de la production industrielle a été mis en place et la politique de contenu locale adoptée par le Gouvernement ;;
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Des lois importantes telles que celle portant prévention et lutte contre la corruption, celle sur l’inclusion financière et celle sur les PPP ont été adoptées grâce à votre soutien important.
Honorable Président Honorables Députés,
Toutes ces actions consacrent la vision du Président de la République pour construire une Guinée émergente, une terre ou ses filles et fils réalisent leurs rêves les plus fous et tout leur potentiel.
Depuis 2011, encore plus aujourd’hui, notre pays est plus que jamais dans une dynamique inédite et positive grâce à l’impulsion du Chef de l’Etat et de son Premier Ministre. J’en veux pour preuve la consécration toute récente de la Guinée comme l’un des pays les plus réformateurs dans le domaine du climat des affaires. J’en veux pour preuve l’accord historique obtenu pour un nouveau programme macroéconomique, taillé sur mesure, pour lequel notre pays a fermement négocié et obtenu une capacité d’endettement supplémentaire non concessionnel de plus de 500 millions de dollars US, élément essentiel pour combler l’écart encore important en termes d’infrastructures critique pour la croissance économique.
J’en veux enfin pour preuve l’acceptation de notre pays dans l’initiative du G-20 du Compact avec l’Afrique, outil additionnel pour accroître l’attractivité de notre pays comme place privilégiée d’investissements en Afrique de l’Ouest.
En vérité, la marche enclenchée par le Chef de l’Etat est inexorable et comme il aime à le dire, « le train a quitté la gare, soit on y monte, soit on reste à quai ».
Honorable Président Honorables Députés,
Le Projet de Loi de Finances 2018 qui vous est soumis s’inscrit pleinement dans la poursuite de la mise en œuvre du PNDES. Il vise à accélérer les ambitieux chantiers de la transformation et la diversification économique et sociale de notre pays.
Le budget 2018 est un budget de confirmation d’une gestion publique prévisible et cohérente avec nos objectifs de développement.
Ce budget consacre le soutien à l’investissement et aux entreprises en vue de stimuler la croissance économique, la promotion de l’emploi, le renforcement de nos avoirs extérieurs et le renforcement des mécanismes de cohésion et de solidarité sociale et spatiale.
Ce budget s’inscrit également dans le cadre d’une politique d’endettement soutenable et consacrée au financement de nos besoins d’investissement.
Le Budget de 2018 est le premier des trois budgets qui constitueront à terme le cadre actif de mise en oeuvre du document de programmation budgétaire pluriannuelle, 2018- 2020. Ce budget 2018 est un outil d’accélération dans la réalisation des ambitions de transformation économique et sociale portées par le Chef de l’État et formalisées par les nouveaux outils de programmation susmentionnés.
La vision est de lancer la Guinée sur une trajectoire de croissance soutenue et élargie, qui favorisera la diversification économique afin de réduire les vulnérabilités, de créer des emplois pour tous et d’améliorer le niveau de vie des populations. A cet effet, la croissance moyenne espérée sur la période 2018-2020 est de 9,5% et la part des ressources budgétaires dédiées aux infrastructures croitrait en moyenne de 4% du PIB jusqu’en 2020.
Les objectifs de la politique budgétaire continueront de s’appuyer sur :
(i) le maintien du déficit budgétaire et l’endettement à un niveau soutenable en pourcentage du PIB ;
(ii) l’augmentation des investissements publics dans les infrastructures pour soutenir la croissance et diversifier l’économie ;
(iii)la recherche active de financements extérieurs sous forme de dons et de prêts (avec pour les prêts cette exigence d’obtenir les meilleurs termes possibles) ;
(iv) la maitrise des besoins de financement budgétaire à un niveau qui permettra d’éviter d’emprunter à la Banque centrale (avances non statutaires, maturité supérieure à 92 jours), et limiter les emprunts auprès du secteur bancaire ;
(v) la consolidation et l’approfondissement des efforts pour une mobilisation accrue des ressources internes ;
(vi) l’amélioration de l’allocation des ressources en privilégiant les services de base et les projets d’investissements aptes à impulser la croissance ;
(vii)le renforcement de la déconcentration budgétaire ;
(viii)la baisse des subventions énergétiques ; et
(ix) la poursuite de la mise en œuvre du plan de réformes des finances publiques.
Les projections budgétaires 2018 sont fondées sur les principales hypothèses suivantes :
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a) Un taux de croissance du PIB de 5,8%, qui constitue l’hypothèse basse de notre
cadrage macroéconomique;;
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b) un taux d’inflation annuel moyen de 8,2% ;;
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c) un taux de change moyen à l’incertain du dollar de GNF 9 610 ;;
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d) une augmentation des réserves de change qui devront couvrir au moins 3 mois d’importation ;;
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e) un taux de pression fiscale de 16,2% du PIB, dont un accroissement des recettes non minières d’au moins 0,5% du PIB.
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f) Un déficit budgétaire prévisionnel inférieur à 3%
Les hypothèses susmentionnées sont cohérentes avec le cadrage macroéconomique convenu avec le Fonds Monétaire International dans la perspective de la conclusion d’un nouveau programme soutenue par une facilité élargie de crédit (FEC) de trois ans.
Honorable Président Honorables Députés,
Ce budget a été bâti avec un souci de réalisme et de totale inclusion. Notre civisme fiscal en tant que citoyens, notre sens du respect de la loi en tant que légalistes, et notre attachement à la solidarité nationale en tant que patriotes, seront les principaux gages de notre volonté commune de développer notre pays.
L’examen de ce budget et son vote permettra au Gouvernement de disposer des moyens nécessaires à la poursuite de son action irréversible vers le développement harmonieux et inclusif de notre pays pour le bien-être de nos populations.
Je vous remercie.
Ministre de l’Economie et des Finances
Malado Kaba