Mamou, la célébration de l’An 56 de la Guinée: Ces projets routiers à répétition qui intriguent !

En vertu d’un engagement ferme du Président de la République démocratiquement élu, la célébration de la fête-anniversaire de notre indépendance nationale se fait de façon tournante depuis deux ans maintenant. Ainsi, après Boké en 2012, N’Zérékoré en 2013, Mamou sera au rendez-vous en cette année 2014. Et comme cela a été fait dans les cas précédents, de nombreux projets sont annoncés ou en passe d’être exécutés en vue de conférer à la fête la réussite escomptée. Gros hic cependant, parmi ces projets annoncés, il y en a qui ne sont pas sans soulever encore et encore de grosses interrogations. Pour la simple et bonne raison qu’ils étaient censés avoir été d’ores et déjà exécutés en 2008, en faveur de certaines localités de la Moyenne Guinée. Venons-en aux faits …

Décidément, nous ne sommes pas au bout de nos surprises s’agissant de passations « douteuses » de marchés publics dans notre pays. Il souviendra à ceux qui nous lisent régulièrement que nous sommes, au cours de certaines de nos éditions passées, monté au créneau pour dénoncer certaines de ces passations ou contrats passés entre l’Etat guinéen, souvent représenté par le Ministère des Travaux Publics, et des entreprises privées évoluant dans le BTP, voire le domaine routier. Pour nous, il ne faisait de doute que pas mal de ces passations ou contrats transpiraient la malversation, s’ils ne soulevaient dans la foulée de lourdes interrogations.
Dommage que de l’autre côté, c’est-à-dire des pouvoirs publics actuels, des informations judiciaires n’aient pas été ouvertes pour faire la lumière sur l’ensemble des contrats douteux hérités du passé. Certes, le Président de la République a maintes fois parlé d’audits.
Cependant que jusqu’à preuve du contraire, l’heure est plutôt aux attentes. A l’exception notable du monde minier où par exemple BSGR vient d’être débouté de ses prétentions pour cause de corruption. En tous les cas, « chassez le naturel, il reviendra toujours au galop ».
Pour preuve, voici un autre cas, des plus atypiques, qui vient d’attirer notre attention. A la faveur, il est vrai, des préparatifs de la très prochaine fête-anniversaire de notre indépendance devant avoir lieu à Mamou, la ville-carrefour. C’est que le comité mis en place à cette occasion, comme cela l’a été fait pour les deux villes précédentes ayant abrité cette fête, vient de lancer des appels d’offres pour l’exécution de certains travaux d’embellissement, voire d’utilité publique. Parmi ces appels d’offres, il se dégage nettement la volonté du Gouvernement guinéen de redonner une fière allure pas seulement à la seule ville de Mamou, mais aussi à bien d’autres situées dans la même région, en l’occurrence celle de la Moyenne Guinée.
« A tout seigneur, tout honneur ». La ville-carrefour devra sans doute avant le jour ‘’J’’ voir certaines de ses artères bitumées. Rien à redire à priori. Sauf que nous sommes plutôt tombés des nues en découvrant à travers des documents administratifs en notre possession qu’au terme de deux contrats antérieurement engagés par la Direction Nationale de l’Aménagement du Territoire et de l’Urbanisme (DATU), des travaux portant sur la « Réhabilitation et le bitumage de voiries dans les villes de Labé (20 Km), Mamou (10 Km), Dalaba (8 Km) et Pita (5Km) pour une longueur totale de 43 Km », ainsi que sur « la Réhabilitation et le bitumage de voiries dans les villes de Labé (15 Km), Mamou (15 Km), Dalaba (5 Km), Pita (3 Km) et Mali (17 Km) pour une longueur totale de 55 Km », devaient être exécutés par l’Entreprise ENCO-5 Sarl.
Sans qu’on se l’explique clairement, ces deux contrats de travaux sont distants seulement de quelques petits mois, tous deux ayant été mis sur orbite en 2008. Le premier exactement le 17 mars de cette année-là sous le numéro 2008/068/1/2/3/2/G. Et le second, le 08 juillet 2008 sous le numéro 2008/248/1/2/3/2/G.

Tenez-vous bien, si le premier conçu sur la base d’un financement du Budget national de développement (BND) était à hauteur d’à peu près 153 milliards de nos francs, le second dans les mêmes conditions se chiffrait à environ 270 milliards de francs guinéens. Si l’on tient compte des délais d’exécution des deux marchés, ils sont chaque fois de « Trente mois ».

Pas de grand souci à se faire à ce niveau. Même s’il est loisible de conclure que s’ils avaient été conduits à terme, la situation routière se présenterait autrement aujourd’hui au moins à Mamou. Vu qu’il y est toujours question de réhabilitation d’infrastructures routières, il est évident qu’il y a quelque part problème. Cela est d’autant fondé que selon un courrier daté du 11 août 2011, le Ministre de l’Economie et des Finances, Kerfala Yansané, écrivait à son collègue des Travaux Publics et Transport pour demander de bien vouloir lui communiquer « des informations relatives aux marchés engagés par le département en 2009 et 2010 ». Question subsidiaire, mais certainement très importante, pourquoi cette recherche d’information n’est simplement pas allée au-delà ?
Sans vouloir jeter de pierre dans le jardin de qui que ce soit, il faudrait naturellement que toute la lumière soit faite sur les travaux antérieurement consacrés à la réhabilitation d’infrastructures routières dans certaines villes de la Moyenne Guinée. Etant donné que des témoignages laissent entendre que plusieurs centaines de nos milliards sont sortis des caisses publiques à cet effet. Alors, pourquoi les a-t-on dégagés, ces milliards, alors que le travail n’a pas été effectué ? Au fait, pourquoi deux contrats en l’espace d’une même année, à peu près pour les mêmes motifs ?
Autant d’interrogations qui méritent des réponses claires avant normalement que de nouveaux contrats soient engagés pour des besoins exprimés depuis belle lurette.
Nous y reviendrons certainement, dans l’espoir que l’Entreprise ENCO-5 daigne contribuer à faire rapidement bouger les lignes.
Moussa Soumah

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