Corruption dans le fer guinéen

L’étau judiciaire américain se resserre autour de l’acquisition de la moitié du gigantesque gisement ferreux de Simandou par le diamantaire Benny Steimetz.

Les autorités américaines ont arrêté un citoyen français à Jacksonville, en liaison avec une enquête sur une affaire de pots de vin et de blanchiment d’argent en Guinée. Frédéric Cilins, 50 ans, a été placé en détention jusqu’à sa comparution devant un juge le 18 avril. Cilins qui se présente comme représentant de la société BSGR, contrôlée par le milliardaire israélien du diamant Benny Steinmetz, est accusé par le procureur fédéral de Manhattan d’obstruction à une enquête et de pressions sur un témoin.
Depuis janvier 2013, un grand jury fédéral de New York conduit une enquête sur de possibles violations relatives au blanchiment de pots de vin, qui auraient été versés par BSGR à d’anciens dirigeants guinéens afin d’obtenir des concessions minières sur l’énorme gisement ferreux de Simandou. Cilins aurait promis de verser 2 millions de dollars en numéraire ainsi que plusieurs millions en actions, sur le compte d’une société appartenant à l’une des ex-épouses du dictateur Lansana Conte, aujourd’hui décédé, en échange de la destruction de certains documents ou de sa signature sur de fausses déclarations.
Dans un communiqué de presse daté du 15 avril, la justice guinéenne dit prendre acte de l’arrestation de Frédéric Cilins aux Etats-Unis. « Cette arrestation et l’enquête dans laquelle elle s’inscrit appuient la politique de transparence, de lutte contre la corruption et contre l’impunité que mène actuellement le gouvernement guinéen. Cela démontre qu’il n’est plus possible de mettre la main impunément sur les ressources naturelles de la Guinée. Nous saluons, encore une fois, le soutien des Etats-Unis dans nos efforts visant à renforcer l’Etat de droit en Guinée, à lutter contre la corruption et à promouvoir la transparence pour soutenir le vrai développement économique de notre pays », a déclaré Christian Sow, ministre d’Etat chargé de la Justice de la République de Guinée.
La compagnie accusée, BSGR, affirme pour sa part ne pas employer Cilins et ne pas être au courant d’une action judiciaire lancée contre l’un de ses salariés. Affirmant que « ses opérations se conforment aux standards les plus élevés en termes de gouvernance », le groupe certifie que « les allégations de fraude pour obtenir des concessions minières en Guinée sont totalement sans fondements ». En 2008, BSGR avait acquis des licences d’exploitation sur la moitié du gisement de Simandou après que Rio Tinto ait été déchu de ses droits sur le massif minier.

Quelques jours après cette transaction, la dictature de Lansana Conté, au pouvoir depuis un quart de siècle, était renversée. En avril 2010, BSGR avait revendu, pour 2,5 milliards de dollars, 51% de ses actifs en Guinée au brésilien Vale, le premier producteur mondial de minerai de fer. Une belle opération alors que BSGR n’avait pas investi plus de 160 millions de dollars dans le projet. Fin 2012 cependant, Vale décidait de geler le projet et en avril 2013 prévenait son partenaire qu’il ne paierait pas plus que les 500 millions déjà versés avant que la situation ne soit éclaircie. Le gouvernement d’Alpha Conde, élu fin 2010, a lancé un examen général des accords miniers passés par le régime précédent. A l’annonce de l’enquête américaine, la compagnie brésilienne s’est déclarée « extrêmement préoccupée ». Elle affirme être prête à coopérer avec la justice des deux pays.

Lu sur usinenouvelle

Les commentaires sont fermés, mais trackbacks Et les pingbacks sont ouverts.

Démarrer le chat
Actuguinee.org
Avez - vous une information à partager?
Besoin d'un renseignement?
Contacter Actuguinee.org sur WhatsApp