Blocage politique: La mouvance est opposé à l’organisation des communales le 30 août
Le dialogue politique en Guinée rassemblant depuis la semaine dernière majorité, opposition et gouvernement a été suspendu vendredi en raison de nouveaux désaccords notamment sur la date des élections locales et la réforme de la commission électorale, selon les différents camps.
Le ministre de la Justice Cheick Sacko, qui préside les pourparlers, a fait état devant la presse d’un blocage dans les discussions n’ayant pu être résolu. J’ai donc suspendu la séance pour une reprise pour lundi après-midi, a-t-il dit.
Mais le porte-parole de l’opposition, Aboubacar Sylla, a affirmé que les opposants ont suspendu leur participation au dialogue, sans préciser de délai: Nous avons décidé de quitter la table de discussions jusqu’à ce que nous percevions des signaux forts et conséquents de la volonté de la majorité présidentielle d’aller à un vrai dialogue, a-t-il déclaré.
Ce dialogue politique rassemblait depuis le 18 juin des responsables de la majorité, de l’opposition, du gouvernement ainsi que de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), notamment autour du calendrier des scrutins contesté par les opposants.
Le programme arrêté en mars par la Céni prévoit une élection présidentielle en octobre et des locales en 2016. L’opposition, qui réclame la tenue des locales avant la présidentielle, a organisé depuis avril plusieurs manifestations qui se sont soldées par plusieurs morts et des dizaines de blessés.
Le 19 juin, au lendemain de l’ouverture du dialogue, majorité et opposition avaient annoncé avoir trouvé un consensus pour annuler les élections locales. Mais de nouveaux désaccords sont apparus sur les autres points abordés durant les discussions, comme la nouvelle date pour les locales, ont indiqué les différents camps vendredi.
Selon Aboubacar Sylla, l’opposition a proposé d’organiser les locales le 30 août, ce que la majorité a estimé impossible, d’après son chef de délégation au dialogue, Amadou Damaro Camara, vice-président de l’Assemblée nationale.
Les deux camps ont aussi été en désaccord sur la question des délégations spéciales – exécutifs communaux provisoires désignés par le pouvoir, faute de scrutin à cet échelon depuis 2005 -, la question du fichier électoral et la réforme de la Céni, d’après le porte-parole de l’opposition.
Pour la tenue des locales, l’opposition a arrêté la date du 30 août en se fondant sur les estimations d’une mission d’évaluation du processus électoral dépêchée en Guinée par l’ONU en avril, a précisé à l’AFP M. Sylla.
Cette mission a conclu que les élections communales et communautaires peuvent se tenir en 45 jours. C’est pourquoi nous, nous avons proposé la date du 30 août pour donner un peu de temps à la Céni, pour qu’elle puisse vraiment se préparer. De toutes les façons, nous n’allons pas accepter l’organisation des locales après la présidentielle d’octobre 2015, a-t-il poursuivi.
Pour la majorité, les locales ne pourront même pas se tenir avant septembre 2016 en raison de contraintes techniques invoquées par la Céni, concernant entre autres la révision du fichier électoral et la distribution des cartes d’électeurs, a dit à l’AFP Amadou Damaro Camara.
Nous sommes à moins de cent jours de l’élection présidentielle, ils demandent qu’on fasse les élections locales le 30 août, qu’on réforme la Céni (…). Finalement, on ne sait pas ce que nos frères de l’opposition veulent, a-t-il ajouté.
Il a cependant assuré que la majorité demeure prête à discuter de toutes les propositions, qu’elles viennent de l’opposition ou de nos partenaires de développement, toute proposition qui va concourir à rendre les élections transparentes et crédibles.
Des représentants de l’ONU, de la Francophonie et les ambassadeurs de France et des Etats-Unis à Conakry assistaient au dialogue en observateurs.
Le ministre de la Justice espère que des entretiens entre les représentants de la communauté internationale et les deux camps pourraient conduire à une reprise des discussions lundi, pour que les points de vue se rapprochent. Nous sommes condamnés à dialoguer dans ce pays. Il faut que cela soit clair pour tout le monde, a-t-il insisté.
AFP