Ansoumane KABA, PDG de Guiter Sa, vice-président du CNPG«Il revient à l’ensemble des employeurs de Guinée de choisir le futur patron du CNP »

Notre confrère GuineeConakry.info, dans sa rubrique Grande Interview, a rencontré  le PDG de la société Guiter Sa, M. Ansoumane Kaba, pendant qu’il prenait part à Genève à la 103ème Conférence Internationale du Travail, en sa qualité de vice-président exécutif du Conseil National du Patronat de Guinée. Occasion qu’il a mise à profit, souligne d’entrée notre confrère, pour se livrer à un vibrant plaidoyer en faveur de l’union des patrons de Guinée afin de soutenir le développement national. Nous nous sommes fait, pour vous, l’écho de cette interview plutôt  inédite…

GuineeConakry.info : Le monde de l’entreprenariat privé en Afrique est, dit-on une véritable aventure, où l’échec est au rendez-vous à tout moment. Comment faites-vous pour vous en sortir ?

Ansoumane Kaba : Je dois dire comme bien d’autres que la réussite est surtout au bout de l’effort. En fait, depuis septembre 1989, date de sa création, l’entreprise GUITER a fait ses tout premiers pas dans le secteur du BTP. Au fil des années, elle a su engranger un savoir-faire et une expérience qui ont fini par faire d’elle l’une des sociétés privées de la place les plus performantes dans ses domaines d’intervention. De nombreux ouvrages réalisés depuis des années en font certainement foi. Son parc d’engins roulants est une preuve éloquente. Sachez que le maître-mot de GUITER est être « au service du développement». Toujours se mettre en cause pour venir à bout des insuffisances constatées au niveau du personnel aussi bien en termes d’équipements que de formation, afin de compter toujours parmi les meilleures de la place.

Le secteur des TP est particulièrement difficile, surtout dans un pays au relief géographique contrasté comme la Guinée. Quels sont les moyens dont vous disposez, aussi bien sur le plan matériel, financier qu’humain, pour résoudre les difficultés qui se posent à vous dans ce secteur ?

Sur le plan matériel et humain, nous sommes engagés dans une vision de développement à long terme, ce qui nous amène à concentrer l’essentiel de nos investissements dans l’équipement, la formation du personnel local, et le recrutement d’experts nationaux, sous régionaux et internationaux. Sur le plan financier, pour l’achèvement de nos projets, nous sommes en étroite collaboration avec des institutions financières d’envergure. Ceci, pour nous permettre de ravigoter notre entreprise, en lui insufflant de nouvelles ambitions basées sur des possibilités concrètes ou des potentialités réalistes.

Récemment, il y a eu quelques manifestations ouvrières sur certains de vos chantiers de TP, comment aviez-vous calmé la situation ?

Si vous faites allusion au cas de Missira, je dois vous préciser qu’il ne s’agissait point de contestations ouvrières. Ce sont les habitants dudit quartier qui ont manifesté pour des raisons qui ne relèvent pas de nous. La ligne en question n’étant pas dans les 33 kilomètres de Kankan, nous y sommes intervenus à la demande personnelle du ministre sortant des TP. Pour répondre aux cris de détresse des habitants, qui n’étaient apparemment pas au courant des lignes contractuelles. Nous avons fait une concession, en acceptant de faire gracieusement des travaux de terrassement sur cette ligne. Cette intervention est certainement une solution provisoire en attendant une décision définitive des autorités compétentes. C’était notre façon citoyenne de contribuer de manière solidaire aux difficultés de la zone.

GUITER, votre société, évolue aussi dans le secteur minier, même si ces activités semblent moins visibles. En ces temps difficiles pour ce secteur, en particulier celui de l’or et du diamant ; quelles sont vos stratégies pour mieux positionner la Guinée et votre entreprise elle-même ?

C’est vrai que nous faisons moins de publicité sur Guiter Mining, mais il reste entendu que c’est une mine qui fait son chemin dans le monde du diamant sur le plan international. Présentement, nous avons engagé une reforme depuis l’extraction du gravier dans la mine jusqu’à la récupération du diamant du gravier pour ce qui est de l’exploitation alluvionnaire. Cette réforme est engagée suite à plusieurs cas de vols constatés. Nous avons confié la rénovation et la sécurisation de nos usines de traitement à une entreprise sud-africaine « Consulmet » spécialisée en la matière pour environ de USD : 3 000 000 (trois millions de dollars américains). Guiter Mining est très bien connu dans le monde du diamant car figurant dans le journal « RAPAPORT ». Cette réforme engagée permettra de sécuriser nos productions et augmenter notre contribution au Trésor public.

En tant que patron d’une société de droit guinéen, quels sont vos rapports avec les autres patrons ou chefs d’entreprises du pays ?

En tant que président du Groupement des Entreprises Routières de Guinée (GERG), j’entretiens de bons rapports avec les autres entrepreneurs, tout en restant le plus discret possible. Il faut le retenir, dans notre métier, la confidentialité et la prudence doivent être des compagnes de tous les jours. Rien ne sert de fanfaronner, car vous trouverez toujours un jour plus fort que vous. A être modeste et discret dans l’action. En somme, il vaut mieux être humble dans l’efficacité.

Pourquoi les patrons guinéens sont-ils si divisés ? Questions d’égo ou quoi d’autre encore ?

Personnellement, il m’est difficile de répondre à cette question à la place des autres. Car je m’entends assez bien avec mes collègues patrons. Ma volonté est de tout faire pour être un pont entre les différents opérateurs économiques, et non d’être un mur bloquant toutes les initiatives. Les questions d’égo sont des questions qui se résolvent dans une approche humaine avec beaucoup d’humilité. C’est un travail dans lequel chacun a sa partition à jouer.

Dans quel esprit et quels buts, êtes-vous actuellement à la 103ème session de la Conférence internationale du travail, qui se tient à Genève du 28 mai au 12 Juin 2014 ? Et quel patronat représentez-vous ?

Nous sommes ici dans le cadre d’une importante rencontre internationale tripartite, gouvernement-employeurs-travailleurs, avec l’Organisions mondiale du travail dans le cadre de la recherche des solutions les meilleures pour améliorer notre collaboration et améliorer les conditions de travail des uns et des autres. Nous avons participé à l’assemblée de l’Organisation internationale des Employeurs (OIE), dans le but de dynamiser davantage le patronat guinéen, en marquant sa présence sur le plan international et redorer l’image des patrons guinéens aux yeux des investisseurs étrangers. Je représente le Conseil National du Patronat de Guinée à cette 103ème session de la conférence internationale du travail à Genève.

Il semble qu’il y ait actuellement une dynamique positive de convergence au niveau du patronat guinéen. Qu’en savez-vous et quel est le degré de votre implication personnelle ?

Je suis le vice-président exécutif du CNPG depuis février 2014, et il est de mon devoir d’œuvrer dans le sens de faire rayonner le patronat guinéen dans sa diversité et son union. Ma mission principale est de toiletter les statuts du CNPG de manière à être accessible à toutes les entreprises en règle avec la législation guinéenne en matière de création d’entreprises ; activer les fédérations, convoquer le congrès et aller aux élections pour élire un Président du patronat. L’élection en est la base et lui confère toute la légitimité requise. J’irai vers un maximum d’employeurs afin qu’ils adhèrent au CNP pour organiser les élections. Il revient à l’ensemble des employeurs de Guinée de choisir le futur patron du CNP, reconnu comme l’unique patronat en dehors de nos frontières par la FOPAO, l’OIE, BUSINESS AFRICA. Il n’est donc pas nécessaire de refaire la roue et d’accroitre la confusion au niveau national et international.

Un patron de votre état, a-t-il l’ambition de s’engager en politique, tout au moins pour préserver ses intérêts ?

Un patron d’entreprise doit faire une nette différence entre la politique et le business. A mon avis, la meilleure protection de son business passe par la crédibilité d’une organisation patronale apolitique.

Quelles sont les perspectives immédiates et lointaines de la société GUITER dans ses différents domaines d’activités que sont les routes et les mines ?

Je suis aujourd’hui avec un personnel techniquement et administrativement compétent qui dans le temps et l’espace me fait parvenir toutes les informations, et ensemble nous prenons les décisions idoines pour la bonne marche de GUITER Route et GUITER Mining. Car notre vision est non seulement d’être présente au niveau des quatre (4) régions naturelles de la Guinée, mais également dans la sous-région. Avec cette expertise étrangère associée à une compétence guinéenne que nous sommes loin de négliger, nous pourrons tenir la dragée haute à n’importe quelle entreprise de la sous-région, voir européenne. Les résultats sont visibles sur le terrain. Dans tous les cas, je pense qu’il faut voir grand et travailler tous les jours pour grandir. Je suis sûr que nous parviendrons à cela un jour.

Pour revenir à cette 103ème Conférence internationale du travail, par exemple, je vous dirai que j’ai eu le plaisir de rencontrer les présidents de plusieurs patronats et dirigeants d’organismes internationaux. Entre autres, le président de la Gécamines de la RDC, le président de la Fopao en même temps président du patronat ivoirien, ceux du Mali et du Togo, le Directeur général du BIT, le Secrétaire général de l’OIE, pour ne citer que ceux-là. Enfin, nous avons eu l’immense plaisir de partager un diner et d’échanger avec la délégation guinéenne, ministres, syndicalistes, employeurs. Ces contacts vont compter pour l’avenir. Il s’agira pour nous de savoir maintenir avec constance toutes ces relations nouvelles et anciennes. Je suis heureux de vous dire pour terminer que nous avons pu effacer cette année depuis le mois de mars tous les arriérés de cotisations de la Guinée, ce qui nous a aussi facilités énormément le travail. Un bon point pour l’avenir.

Source :Guineeconakry.info

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