Affaire du 3 décembre au camp Koundara : ‘’ Je voulais arranger son béret et il est tombé ‘’ Dadis

À la fin de son interrogatoire à la barre du tribunal de première instance de Dixinn hier mercredi 25 janvier 2022, le capitaine Moussa Dadis Camara ex chef de la junte militaire qui est jugé pour complicité de meurtre et d’assassinat, est revenu sur  les événements du 3 décembre 2009 qui ont mis un terme à son règne.

A la demande de son avocat, Me Jean Baptiste Haba Il explique que tout est parti lorsqu’il a voulu redresser le béret de son aide de camp d’alors, Aboubacar Diakité dit Toumba.

La rédaction du site Actuguinee.org  vous propose ci-dessous les échanges  à la barre entre Dadis et son avocat Maitre Jocamey.

Avocat : Monsieur le président, ce procès c’est moi qui l’ai suivi et j’ai obtenu un arrêt de renvoi. On en a parlé ici et je veux qu’on en parle!

Dadis: Si Monsieur le président me permet, me donne l’autorisation, comme ça je peux aussi essayer de répondre quelques questions . Parce que je ne voudrais pas essayer de répondre.

Avocat : Est-ce que ce jour votre aide de camp vous a demandé d’aller vers un bureau ?

Dadis : Toumba, c’était mon petit. Quand je suis arrivé au camp Koundara il n’y a pas eu d’honneur. Moi-même je l’ai dit. J’ai dit que je pouvais entrer ici sans les honneurs. J’ai mon véhicule. Et comme il était assis de l’autre côté, je suis allé vers lui. J’ai demandé ce qu’il est entrain de faire ? J’ai dit que ce qu’il faisait n’était pas bon. C’est dans ce contexte qu’on est resté. Feu Joseph Makambo n’était même pas dans le cortège. C’est quand il a appris que je me suis dirigé vers Koundara qu’il est venu. Je n’ai pas besoin de mentir sur cet homme (Toumba). La façon dont il portait son béret, puisque dans l’armée le port du béret est réglementé, c’est là que j’ai dit mais comment vous portez le béret ? Je voulais arranger son béret qui était dans une telle position, et il est tombé. Quand cela s’est passé, il a repris son béret. Je lui ai demandé de se lever pour qu’on aille au camp Alpha Yaya, tout en lui répétant que ce qu’il faisait n’était pas bon. Au même moment, je vois une discussion qui se tramait derrière moi. Je tourne, je vois feu Joseph Makambo qui avait pris la main de feu Bégré qui avait un pistolet. J’ai demandé ce qui se passe ? Il a dit non, ‘’monsieur le président, vous ne pouvez pas discuter avec Toumba et lui il sort le revolver’’. Alors quand j’ai compris, j’ai eu un reflex. Je lui ai dit de le laisser, s’il veut faire quelque chose. J’ai banalisé. Les deux sont arrivés. Toumba s’est levé. En toute sincérité, il n’a pas réagi. On a commencé à y aller. La seule chose qu’il m’a dit c’est  »monsieur le président, vous savez que je suis votre petit sûr ». Je lui ai dit: allons-y au camp. À peine qu’on arrive juste au bureau de feu Bégré, il me dit qu’on va rentrer au bureau. J’ai dit non, ‘’je ne peux pas entrer dans un tel bureau. Allons au camp, on marchait’’. Vous savez quand vous marchez avec quelqu’un, dès qu’il s’arrête, vous vous rendez compte. Dès que j’ai constaté qu’il s’est arrêté, j’ai tourné la tête. Ce fut un coup de feu, pas plus de deux mètres. Quand feu Joseph Makambo a vu ça, c’est en ce moment qu’il est venu, parce qu’il a compris que je suis à terre et que le tir a été effectué. Mais dans tout ça je ne pouvais pas me retrouver. C’est là que le jeune Mansaré est venu. Il a dit ‘’monsieur le président ?’’. J’ai répondu. Il me dit qu’il va me sauver. Je ne sais même pas comment ce jeune m’a extirpé pour m’envoyer à quelque trente mètres de là où les événements se passaient. Pendant ce temps, feu Joseph Makambo était en train de lutter avec son équipe. Ceux qui sont venus m’accompagner, c’est après dans les explications, j’ai compris qu’ils n’ont pas réagi. La seule chose que j’ai dit c’est ‘’envoyez-moi au camp S’amory’’. Mon reflex c’était quoi ? Je me suis dit que si je restais là et qu’ils lancent de grenades. Et c’est ce qui fut fait. Je ne sais même pas comment le cheminement a été fait du camp Samory. Le traitement a été fait et puis l’hélico est venu me transporter pour la base aérienne. De la base aérienne, je suis venu dans un véhicule, moi-même. J’ai marché pour rentrer dans mon bureau. Ça veut dire quoi Maitre ? Quand Dieu te sauve d’une situation, il ne faut pas mentir, il ne faut pas mentir. Si tu mens, Dieu même va te maudire. Ce n’était pas ma force et je crois que c’est par rapport à cette lutte il s’était déjà rendu compte que pour moi c’était fini. Pendant qu’ils étaient en train de lutter, c’est en ce moment effectivement qu’on m’a transporté. Donc je dis que c’est un problème de destin . Si je suis là ici aujourd’hui devant cet auguste tribunal même à l’instant où je suis , il y’a des moments quand je réfléchis je trouve irréalisable si ce n’est pas un fait de Dieu. 

A la suite de ce témoignage, le président du tribunal Ibrahima Sory II Tounkara a demander a Dadis Camara d’aller rejoindre le box des accusés.

Mamadou Samba Barry

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