Affaire 19 juillet: Pour commandant Mory, « AOB est victime de ceux qui l’ont dit de faire ça »

« Monsieur le président, ces gens là (accusés) ont des familles qui souffrent derrière eux. Allons-y vite pour qu’ils sortent de la prison ». Tels sont les propos du commandant Mory Kourouma, aide de camp du président Alpha Condé lors de son deuxième passage ce mercredi 3 avril devant la Cour d’Assises de Conakry.

Après avoir répondu la semaine dernière aux questions des avocats de la partie civile et du procureur général, le commandant Mory Kourouma s’est prêté ce mercredi à titre de témoin aux différentes questions des avocats de la défense.

En effet, parmi toutes les réponses du commandant Mory, celle qui a retenu l’attention de l’auditoire, c’est lorsque l’aide de camp du président Alpha Condé a demandé en substance d’aller vite pour que les présumés auteurs de cette attaque puissent recouvrer leur ‘’liberté’’.
« Monsieur le président, les gens là (accusés) ont des familles qui souffrent derrière eux. Allons-y vite pour qu’ils sortent de la prison », a affirmé commandant Mory qui répondait à une question de Me Raffi Raja, avocat de la défense. Du coup, cette déclaration a provoqué un tollé dans la salle.
A cet effet, Me Raja a saisi l’opportunité pour demander à la Cour de donner acte…
Poursuivant, Me Raja revient en demandant au témoin qu’est-ce qu’il pense du commandant AOB et les autres accusés qui sont là ? Le commandant Mory répond en ces termes : « AOB est un compagnon d’arme. Honnêtement, il ne mérite pas ça. C’est une victime par rapport à ceux qui l’ont dit de faire ça. Il ne mérite ça ». Sur ce, l’avocat de la défense a demandé encore à la Cour de donner acte à cette autre réponse.
En réponse, le président de la Cour Fodé Bangoura a invité le témoin de revenir sur ce qu’il a dit concernant AOB. Quand vous dites que AOB est victime, qu’est ce que vous voulez dire par là ? », lui a demandé le président.
« Je dis que le commandant AOB est victime de son comportement parce qu’il s’est présenté au domicile du président de la République à 3 heures du matin. Lorsqu’il est venu, en sa qualité d’officier supérieur de l’armée, il se serait mis à la disposition de la garde pour combattre les assaillants. Il ne se serait pas déplacé de chez lui à 23 heures pour répondre à l’appel d’un lieutenant », a reprécisé le commandant Mory.
A la suite des débats, les avocats de la défense ont insisté en substance sur le fait que le commandant Mory ait reconnu avoir été informé qu’une attaque se préparait contre la personne du président et qu’il a considéré cette information comme une rumeur alors que certains de leurs clients sont poursuivis pour abstention délictueuse.
L’autorité la plus proche militairement du président de la République a été informée d’une attaque et cette autorité a pris cette information pour une rumeur, selon vous, doit-on conduire un citoyen lambda devant la Cour d’Assises pour abstention délictueuse ?, a posé Me Raja au témoin. Le commandant Mory de dire qu’il n’a pas de réponse à cette question. « La cour appréciera », réplique Me Raja.
« Monsieur le Commandant, interroge Me Raja, s’il est acquis au débat qu’une lance-roquette est tombée auprès de vous et que vous n’en êtes pas mort, une grenade plus petite a explosé à côté de quelqu’un (AOB) à Coronthie, il n’en est pas mort et on voudrait que cela soit impossible. Qu’en pensez-vous ? », revient Me Raja.
« Ce n’est pas dans le même cadre. La roquette est tombée entre les quatre murs. Le mur n’a pas la même capacité de résistance que les tôles d’une voiture. Ce n’est pas la même chose. Ce que le mur peut supporter comme choc, ce n’est pas la même chose pour une tôle », a fait savoir le témoin qui soutient que « lorsqu’une grenade explose dans un cadre comme la chambre du président, les dégâts sont circonscrits. Quand c’est le contraire (à l’air libre), les effets collatéraux sont beaucoup plus graves ».
A noter que le commissaire Aboubacar Fabou Camara, cité plusieurs fois dans cette affaire par les accusés comme étant un des membres de la commission d’enquêtes préliminaires, a lui aussi témoigné à la barre, vers la fin de l’audience d’aujourd’hui.

Guineenews