Accusé de complot, Cellou Dalein réplique : « Le pouvoir a peur, mais il a le choix, perdre ou tricher. S’il triche, on protestera »

Annoncer un coup d’État à la veille des élections est suspect. Soit, le gouvernement a peur d’annoncer la mascarade ou de perdre les élections. Mais il a le choix. Si elles sont transparentes, il les perdra. Si elles sont truquées, l’opposition réagira. L’UFDG ne se reproche de rien. S’il y a fraude massive, que cela soit clair. Nos militants protesteront ».

Tels sont les propos de Cellou Dalein Diallo, le leader de l’Union des forces démocratiques de Guinée (Ufdg) en conférence de presse mercredi soir à Kamsar.

Le gouvernement guinéen accuse nommément votre parti, l’UFDG, de fomenter un coup d’État. Mais quand passerez-vous à l’action ? 

Cellou Dalein Diallo : Je n’ai pas encore un commentaire à faire dans la mesure où je n’ai pas eu la possibilité d’écouter la déclaration du ministre de la République. J’ai appris seulement qu’un ministre a cité nommément l’Ufdg comme étant à l’origine de ce coup d’État. Je ne me reproche de rien. L’Ufdg est un parti républicain qui se bat par des moyens légaux à travers l’organisation des marches pacifiques après avoir prévenu les autorités communales. Je ne suis dans aucune entreprise de déstabilisation du pouvoir en place.

Alors, pourquoi le gouvernement a-t-il nommément cité l’UFDG ? 

Cellou Dalein Diallo : Je me demande si le pouvoir ne veut pas prévenir les manifestations que l’opposition pourrait organiser au cas où il organiserait un hold-up électoral. Parce que cela pourrait être aussi une campagne d’intimidation des militants de l’opposition et ceux de l’UFDG en particulier. J’ignore sur quelle base on accuse l’Ufdg de vouloir déstabiliser le régime par un coup d’État. Nous sommes tout le temps en train de protester contre les violations des droits de l’homme, contre l’absence de dialogue. C’est parce que nous sommes républicains. Nous maintenons notre position, et nous n’avons rien à nous reprocher.

Je ne souhaite pas commenter suffisamment, j’attends de prendre connaissance de la déclaration du ministre accusant l’UFDG parce que jusqu’à présent j’avais appris que c’est un journal, je ne veux pas réagir à un journal. Mais à partir du moment où un ministre de la République accuse nommément le parti dont je suis le président je dois m’expliquer devant le peuple de Guinée. Lorsque j’aurais pris connaissance des déclarations précises des membres du gouvernement, je ferais une déclaration. Et peut-être, une conférence de presse.

Quel intérêt le gouvernement a-t-il à annoncer un coup d’État ?

Cellou Dalein Diallo : Je suis persuadé que le gouvernement est en train de préparer une mascarade électorale. Donc, il veut prévenir les manifestations contre les résultats qui pourraient être annoncés à l’issue de cette mascarade. Il prévient les manifestants pour les intimider en les accusant de vouloir déstabiliser le pouvoir et situer ces manifestations dans le cadre justement du complot dont ils sont en train de parler. La Guinée a une riche histoire. Nous sommes habitués à ces genres de complot. Chaque fois qu’un régime, nos précédents gouvernants dans le passé lointain avaient des problèmes, il inventait un complot et indexait des adversaires gênants, qu’il a souvent arrêté  et tué dans des conditions atroces. Et comme Alpha Condé a dit qu’il prenait la Guinée là où Sékou Touré l’a laissée, on peut penser que tout peut nous arriver, nous les guinéens. Mais l’UFDG ne se laissera pas faire. L’UFDG ne se reproche de rien en la matière. Nous continuerons notre combat pour l’instauration de la démocratie en utilisant les moyens légaux. Et s’il y a fraude massive, naturellement, les militants de l’UFDG ne manqueront pas de protester.

Pourtant, le ministre de la sécurité soutient que c’est l’aile dure de l’UFDG qui est basée à l’étranger qui tirerait les ficelles ?

Cellou Dalein Diallo : Je parle au nom de l’UFDG, je suis le président du parti. Lorsque l’UFDG est accusé, je dois réagir. L’UFDG ne se reproche de rien. En tant que parti politique, l’UFDG n’est jamais entré dans une conspiration, dans une lutte contre le pouvoir en place par la force. Je l’affirme et le démens. Je mets quiconque au défi d’apporter la preuve d’une participation de l’UFDG à une déstabilisation du pays, à moins qu’on dise que les manifestations pacifiques, les dénonciations auxquelles on se livre dans l’exercice correct de nos droits constituent des manœuvres de déstabilisation du pays.

Si je comprends bien, voulez-vous dire que votre parti n’est pas prêt à cautionner toute mascarade électorale le 28 septembre prochain ?

Cellou Dalein Diallo : Pas du tout encore ! Je pense que cette période, si on l’a choisi, si le gouvernement a attendu à la veille des élections législatives pour accuser l’UFDG de vouloir organiser un coup d’État, c’est sans doute parce qu’on s’attend à ce que l’UFDG, qui est le principal parti d’opposition, qui est un grand parti en Guinée, qui actuellement, c’est visible, est particulièrement visé par le dispositif mis en place par le gouvernement, on s’attend à ce que ce parti réagisse contre la manipulation des résultats. Et si c’est le cas, ce n’est pas parce que cette campagne a été déclenchée, que les militants de l’UFDG ne se lèveront pas pour protester. Que ce soit clair une fois pour toute.

En deux ans et demi de gestion, comment expliquez-vous qu’on vous accuse à deux reprises dans des préparations de coup d’État ?

Cellou Dalein Diallo : Non, je pense que c’est la première fois que l’UFDG est accusé en tant que tel.

Comme dans la fable du Loup et L’Agneau, si ce n’était pas vous en 2011, mais c’est votre vice-président, qui est aujourd’hui en exil ?

Cellou Dalein Diallo : Le vice-président de l’UFDG a été accusé. A l’époque, nous nous étions exprimés sur la question. Et après le procès, tout le monde a vu dans quelles conditions, le procès s’est déroulé. Et le peuple de Guinée a pu, grâce à la médiatisation du procès, constater de lui-même dans quelles conditions, l’UFDG, en tout cas, le vice-président de l’UFDG s’est retrouvé dedans. On n’a jamais pu apporter la preuve de son implication effective dans ce coup d’État. On a écouté tous les accusés, et personne n’a dit qu’il a joué tel rôle avec la moindre preuve. Et ça, il s’agissait de la personne du vice-président, là, on dit que c’est l’UFDG.

votre parti a été nommément cité, que comptez-vous ces jours- ci ?

Cellou Dalein Diallo : A ce stade, je suis à l’intérieur du pays (Kamsar). Je termine ma campagne (ce) jeudi. A mon retour à Conakry, je prendrais connaissance du document, le conseil politique va se retrouver, et on va avoir une réaction officielle du parti.

Depuis des jours, des violences politiques sont enregistrées à Conakry…

Cellou Dalein Diallo : Des violences ont eu lieu ces derniers jours à Conakry, mais nous avons appelé nos militants au calme. Nous leur avons demandé de quitter la rue, d’aller aider nos militants à retrouver leur cartes d’électeurs parce qu’on s’est inscrit dans la dynamique des élections législatives. L’UFDG a décidé d’aller à ces élections. Et donc, lorsque le RPG a déclenché les hostilités contre l’UFDG. Ils ont commencé par attaquer le cortège de mon épouse. Ils ont incendié le bus de campagne de l’UFDG. Le RPG et le gouvernement n’ont pas réagi. Lorsque les jeunes ont réagi face à cette situation parce qu’ils étaient frustrés par cette agression injustifiée des militants du RPG, nous avons malgré tout appelé les jeunes au calme. Notre message a été entendu. Mais hier matin, les loubards du RPG protégés par la police nationale, se sont attaqués à des bâtiments des personnes supposées être proches de l’UFDG. Et ils ont ainsi brûlé deux villas à Taouyah en présence des policiers qui le protégeaient.

Nous sommes dans un contexte de préparation des élections, nous allons continuer à encourager les jeunes à se préparer pour les élections et d’aider les militants qui ne savent pas encore dans quel bureau de vote ils vont accomplir leur obligation, que ceux-ci puissent être situés et qu’il retrouvent effectivement leurs cartes d’électeurs.

Cette accusation du pouvoir serait-elle liée à la menace du président Alpha Condé qui avait promis la disparition de l’opposition dans six mois ? 

Cellou Dalein Diallo : Lorsque M. Alpha Condé a dit que dans six mois il n’y aurait plus d’opposition, on s’était posé la question à  savoir de quelle stratégie, de quels moyens disposait-il pour éteindre l’opposition en Guinée. On s’est posé des questions, et on a pensé finalement qu’il ne disposait que de trois outils. Soit l’assassinat politique, on a vu, lorsque nous étions chez Lansana Kouyaté, on a tiré sur notre voiture, heureusement qu’elle était blindée. Les audits ? On va auditer la gestion antérieure. On va dire que tel ministre ou tel premier ministre est impliqué dans des détournements. On va donc complètement les salir, les juger et les condamner. Mais il y avait aussi le complot.  Ce sont ces trois instruments qu’il faut s’attendre qu’il utilise en même temps ou l’un ou l’autre.

Pour nous, on ne voit pas comment il peut annoncer la mort de l’opposition sans en prendre des dispositions pour éteindre cette opposition. Et comment le ferait-il ? C’est de disqualifier les leaders en leur attribuant des responsabilités dans le détournement des biens publics. C’est l’État, car l’État est très fort ; en les dénonçant comme des comploteurs. C’est le cas maintenant parce qu’il vient de dire que l’UFDG est entrain de travailler pour la déstabilisation de son régime ou alors, ce sont les assassinats politiques. Quand on peut flinguer l’un d’entre nous, et on va dire qu’on recherche, ce sont des bandits, on mènera l’enquête et on peut même nous organiser des obsèques nationales. Mais après tout, on ne trouvera jamais le coupable. Ça peut arriver, puisqu’on a vu dans d’autres pays.

 Pourquoi le gouvernement annonce-t-il un coup d’État à la veille des élections ?

Cellou Dalein Diallo : Je pense que l’annonce de complot à la veille des élections législatives, c’est vraiment suspect. Qu’un journal en parle, je peux comprendre, mais que les ministres de la République fassent une conférence de presse pour annoncer un coup d’État qui se prépare de la part d’un parti politique, je pense qu’ils ont peur soit, d’annoncer les résultats qu’ils ont envie d’annoncer, soit ils ont peur de perdre ces élections. Ils ont le choix. Si elles sont transparentes c’est sûr que le pouvoir va les perdre. Si elles ne sont pas transparentes l’opposition va réagir, et pour prévenir cette réaction on tient à intimider les gens, aussi ça peut être cela.

Abdoulaye Bah envoyé spécial de Guinéenews à Kamsar

 Lire l’article du coup d’Etat ici  :http://actuconakry.net/?p=2106

 

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