La disparition de Me Kéléfa Sall (celui qui avait
obligé le président de la République de reprendre la récitation sur le respect
de la constitution, dont le sujet divise, à tort ou à raison, les Guinéens) les
divise sur la cause de cette disparition.
Si la constitution de 2010 a été adoptée dans la
précipitation pour faire rentrer les différentes fractions militaires qui se
regardaient en chien de faïences dans les casernes, si elle a ramené le calme
précaire dans pour une présidentielle cahoteuse, chacun des acteurs politiques
était aussi conscient du compromis dans lequel elle a été promulguée pour
sortir du guêpier de la transition et comment elle est devenue une
compromission insupportable, de nos jours.
Dans ces conditions, doit-on se poser des questions
sur l’opportunité ou sur l’inopportunité d’un changement, d’une modification ou
d’un amendement de la constitution ? Oui et non, serait-on tenté de répondre.
En âme et conscience, tout le monde est d’accord que cette constitution ne vaut
plus un clou, que l’on soit de la Mouvance ou de l’Opposition. Seulement, dans
le but de donner du fil à retordre dans une sorte de guerre de position, on
crée des chiquenaudes : pourquoi pas avant, pourquoi maintenant, et pourquoi
pas maintenant ?
Toutes ces questions sont imparables : Si le Pouvoir a attendu jusqu’à maintenant, mais que ne l’a poussé l’Opposition à le faire avant ?
Hormis toutes ces vétilles politiques qui ne mènent
les populations qu’à la misère, on aimerait bien mettre l’accent antiflexe sur
la perspicacité et la clairvoyance de Me Kéléfa Sall, quand il a mis le chef de
l’Etat en garde d’écouter les sirènes révisionnistes, qui ont confondu vitesse
et précipitation. Comment peut-on parler de changer quoi que ce soit quand la
situation économique est dans un marasme sans nom, quand l’insalubrité est
débordante, quand la gabegie est dans tous les domaines, quand le poisson
manque, quand les factures d’électricité flambent alors que le courant se fait
rare, quand l’Education est dans une aussi mauvaise passe….
Le manque de vision des sirènes ressemble à
l’histoire de l’hyène vendeuse de viande : _ Eh Madame hyène, combien coûte le
kilo de votre viande ? _passe, si tu n’achètes pas !
Et comme les Guinéens sont toujours dans une
atmosphère de suspicion digne des années du complot permanent, ils montent des
échafaudages sur les causes réelles ou occasionnelles de la mort de Me Kéléfa
Sall : Selon un de ses proches parents, qu’on a contacté, Kéléfa Sall était
malade bien avant d’être élu président de la Cour Constitutionnelle. D’ailleurs
les frais de son évacuation sanitaire ont fait l’objet de supputations.
Une chose reste certaine, il est mort de sa maladie
quelque peu aggravée par son éviction de la présidence de la Cour
Constitutionnelle. Mais de là à se hasarder un peu plus, c’est de
l’irrationnel.
C’est ainsi que celui qui voulait que Alpha Condé
entre dans l’histoire la tête haute s’en est allé. On ne saura cela que si le
projet de changement de la constitution tourne au vinaigre, mais si la
mayonnaise monte, l’histoire lui donnera tort.
Mais l’homme s’en est allé la conscience
tranquille. Paix à son âme.