Tibou Camara: Dans le dossier sensible du 28 septembre, il y a une main invisible qui tire les ficelles
En Guinée, l’on n’attend jamais longtemps pour connaître les gens, toujours révélés par leurs desseins, pour juger les dirigeants chaque fois trahis par leurs actes. Il ne faut jamais juger le Guinéen d’après les mots et les intentions, mais d’après ses actes.
Alpha Condé semble avoir repris les rênes d’une justice qui avait proclamé son indépendance et sa liberté de conscience. L’agenda du ministre en charge de la Justice a changé ou c’est la priorité qui n’est plus la même. Alors que maître Sackho, mû par l’enthousiasme du nouveau promu, s’était engagé à rétablir l’autorité et l’indépendance de la Justice, il est rattrapé par la volonté et » la vérité du président ». Alors qu’il avait promis de redorer le blason terni de l’institution judiciaire, il est confronté à la dure épreuve d’un homme pour qui » L’Etat, c’est lui ».
La justice guinéenne qui peine déjà à convaincre et à restaurer la confiance avec les citoyens, régulièrement victimes de ses disfonctionnements et des pressions exercées sur elle, est à nouveau sur la sellette. Hélas, Me Sackho sera le énième ministre de la justice de notre époque à échouer dans la tentative parfois d’imposer la séparation des pouvoirs dans notre prétendue République, donc d’affirmer l’indépendance de la Justice.
Tout se passe dans le dossier sensible du 28 septembre, comme s’il y a une main invisible qui tire, de près ou de loin, sur les ficelles. L’instruction si lente et lourde par le passé connaît une brusque accélération depuis que Moussa Dadis Camara, un des protagonistes, est entré en dissidence contre Alpha Condé. L’évolution des enquêtes et les sollicitations des magistrats comme le voudraient le Droit et la Justice, seules, ne déterminent plus les témoignages, les inculpations, les poursuites. » Le fait du Prince » est au cœur de la Procédure désormais.
L’Exécutif qui, selon toute vraisemblance, a pris le contrôle de l’instruction paraît orienter la Justice dans ses investigations en décidant, par avance, qui doit être interrogé et quand, qui devrait être ménagé ou non… Or, justement, la manifestation de la vérité et une justice équitable exigent à plein temps et pour tous les dossiers, qu’il n’y ait ni traitement de faveur pour certains, ni acharnement et harcèlement contre d’autres, au nom de la » raison d’Etat » ou d’intérêts politiques inavouables.
Me Cheick Sackho qui a l’avantage de venir de la France, la Patrie des Droits de l’Homme, semble avoir oublié dans ses fonctions de ministre de la justice sans doute converti aux mœurs guinéennes, ou encore subissant le diktat d’Alpha Condé, que la Justice pour être efficace et crédible, doit être totalement indépendante de tous les pouvoirs, notamment politiques. Peut-être que s’il avait aidé les magistrats, qui auraient recouvré , grâce à lui, leur indépendance longtemps étouffée , à statuer sur les plaintes des nombreuses victimes de Alpha Condé et de son régime, il serait plus entendu et soutenu.
Si Me Sackho avait laissé la justice se prononcer sur les violations fréquentes de la constitution par le pouvoir d’Alpha Condé, il serait un homme au-dessus de tout soupçon. Las ! La communauté internationale, en se félicitant des progrès dans l’affaire du 28 septembre, a indiqué qu’il était important de situer les responsabilités dans »les meurtres et viols dont ont été victimes des citoyens qui ne faisaient qu’exercer leurs droits constitutionnels ».
Les partenaires de la Guinée, pour paraître plus équitables et inspirer une plus grande confiance, devraient réaffirmer le même principe pour les assassinats, les tueries et d’autres graves atteintes aux droits humains dont s’est rendu coupable aussi Alpha Condé. Si le ministre de la justice faisait d’un point d’honneur toutes les affaires criminelles portées devant les juridictions guinéennes , comme il semble le faire pour l’affaire spécifique du 28 septembre, il gagnerait le cœur et la reconnaissance de ses concitoyens et entrerait par la grande porte dans l’histoire du pays dont beaucoup de dirigeants se sont exclus eux-mêmes par la barbarie , celle-ci se » déclinant toujours comme la tentation de l’immédiat » , l’éternel mal guinéen aussi. Il faut croire que les Guinéens ne sont pas dupes.
Ils se réjouissent que l’affaire du 28 septembre qui semblait classée et oubliée quand ça arrangeait le régime revienne au devant de la scène politique et judiciaire parce que ça arrange encore le régime, mais ils savent que la vérité et la justice sont encore loin, à cause de la théâtralisation des enquêtes par un » Etat spectacle » et de diverses interférences, en particulier, politiques dans l’instruction en cours.En Guinée, l’on n’attend jamais longtemps pour connaître les gens, toujours révélés par leurs desseins, pour juger les dirigeants chaque fois trahis par leurs actes. Il ne faut jamais juger le Guinéen d’après les mots et les intentions, mais d’après ses actes.
Alpha Condé semble avoir repris les rênes d’une justice qui avait proclamé son indépendance et sa liberté de conscience. L’agenda du ministre en charge de la Justice a changé ou c’est la priorité qui n’est plus la même. Alors que maître Sackho, mû par l’enthousiasme du nouveau promu, s’était engagé à rétablir l’autorité et l’indépendance de la Justice, il est rattrapé par la volonté et » la vérité du président ».
Alors qu’il avait promis de redorer le blason terni de l’institution judiciaire, il est confronté à la dure épreuve d’un homme pour qui » L’Etat, c’est lui ». La justice guinéenne qui peine déjà à convaincre et à restaurer la confiance avec les citoyens, régulièrement victimes de ses disfonctionnements et des pressions exercées sur elle, est à nouveau sur la sellette. Hélas, Me Sackho sera le énième ministre de la justice de notre époque à échouer dans la tentative parfois d’imposer la séparation des pouvoirs dans notre prétendue République, donc d’affirmer l’indépendance de la Justice. Tout se passe dans le dossier sensible du 28 septembre, comme s’il y a une main invisible qui tire, de près ou de loin, sur les ficelles.
L’instruction si lente et lourde par le passé connaît une brusque accélération depuis que Moussa Dadis Camara, un des protagonistes, est entré en dissidence contre Alpha Condé. L’évolution des enquêtes et les sollicitations des magistrats comme le voudraient le Droit et la Justice, seules, ne déterminent plus les témoignages, les inculpations, les poursuites. » Le fait du Prince » est au cœur de la Procédure désormais. L’Exécutif qui, selon toute vraisemblance, a pris le contrôle de l’instruction paraît orienter la Justice dans ses investigations en décidant, par avance, qui doit être interrogé et quand, qui devrait être ménagé ou non…
Or, justement, la manifestation de la vérité et une justice équitable exigent à plein temps et pour tous les dossiers, qu’il n’y ait ni traitement de faveur pour certains, ni acharnement et harcèlement contre d’autres, au nom de la » raison d’Etat » ou d’intérêts politiques inavouables. Me Cheick Sackho qui a l’avantage de venir de la France, la Patrie des Droits de l’Homme, semble avoir oublié dans ses fonctions de ministre de la justice sans doute converti aux mœurs guinéennes, ou encore subissant le diktat d’Alpha Condé, que la Justice pour être efficace et crédible, doit être totalement indépendante de tous les pouvoirs, notamment politiques.
Peut-être que s’il avait aidé les magistrats, qui auraient recouvré , grâce à lui, leur indépendance longtemps étouffée , à statuer sur les plaintes des nombreuses victimes de Alpha Condé et de son régime, il serait plus entendu et soutenu. Si Me Sackho avait laissé la justice se prononcer sur les violations fréquentes de la constitution par le pouvoir d’Alpha Condé, il serait un homme au-dessus de tout soupçon. Las ! La communauté internationale, en se félicitant des progrès dans l’affaire du 28 septembre, a indiqué qu’il était important de situer les responsabilités dans »les meurtres et viols dont ont été victimes des citoyens qui ne faisaient qu’exercer leurs droits constitutionnels ».
Les partenaires de la Guinée, pour paraître plus équitables et inspirer une plus grande confiance, devraient réaffirmer le même principe pour les assassinats, les tueries et d’autres graves atteintes aux droits humains dont s’est rendu coupable aussi Alpha Condé. Si le ministre de la justice faisait d’un point d’honneur toutes les affaires criminelles portées devant les juridictions guinéennes , comme il semble le faire pour l’affaire spécifique du 28 septembre, il gagnerait le cœur et la reconnaissance de ses concitoyens et entrerait par la grande porte dans l’histoire du pays dont beaucoup de dirigeants se sont exclus eux-mêmes par la barbarie , celle-ci se » déclinant toujours comme la tentation de l’immédiat » , l’éternel mal guinéen aussi.
Il faut croire que les Guinéens ne sont pas dupes. Ils se réjouissent que l’affaire du 28 septembre qui semblait classée et oubliée quand ça arrangeait le régime revienne au devant de la scène politique et judiciaire parce que ça arrange encore le régime, mais ils savent que la vérité et la justice sont encore loin, à cause de la théâtralisation des enquêtes par un » Etat spectacle » et de diverses interférences, en particulier, politiques dans l’instruction en cours.
Me Cheick Sackho ne s’était peut-être pas imaginé qu’il faisait un saut dans l’inconnu et serait au bord du précipice, en acceptant le poste de ministre de la Justice. Lui qui sait que l’opinion, en Démocratie, est le juge suprême et d’elle dépend maintenant l’avenir et la réputation d’un homme d’Etat a jugé nécessaire de rencontrer la Presse pour expliquer les derniers développements dans l’affaire du 28 septembre. S’il s’agissait de défendre son honneur et celui de la Justice, il a plutôt suscité de nouvelles interrogations par rapport à ce que vaudrait la justice guinéenne face à un exécutif omnipotent. Est-ce à lui d’indexer Sékouba Konaté ou un autre ? Pourquoi n’a-t-il pas fourni la liste de tous les témoins cités à comparaître, surtout qu’il en connaît beaucoup qui sont ses collègues ? Le Général Sékouba Konaté, à ses yeux, serait-il le nouveau trophée à brandir par la Justice guinéenne ?
En tout cas, partout dans le monde, la Justice a l’autorité et les pouvoirs d’entendre, inculper et condamner qui elle veut sans avoir recours aux services de Me Sackho ou subir les sévices d’un ministre, fut-il, de la Justice. Celle-ci est anoblie et renforcée encore par le principe sacro-saint , selon lequel » Nul n’est au-dessus de la Loi » qui ne doit jamais servir cependant d’alibi pour commettre des abus de pouvoir ou bafouer les droits et les libertés fondamentales de paisibles citoyens. Nul aussi n’est à l’abri » du jugement du temps, de l’histoire et de Dieu. Même ceux qui, chaque fois qu’ils sont investis de pouvoirs étendus, se considèrent comme » surhomme’’, capable de défier la conscience du monde, les temps, les lois de la République. Voulez-vous connaître l’homme guinéen ? Cédez-lui votre place ou paraissez faible et vulnérable devant lui ?
En Guinée où l’opinion très crédule tire des conclusions trop hâtives, ne fait pas surtout la distinction entre témoins, inculpés, accusés, coupables… , n’est-ce pas ajouter à la confusion et à la suspicion d’avancer des noms de témoins ou d’annoncer le travail à faire par l’équipe des magistrats ? Que fait-on du secret de l’instruction, de l’indépendance des juges, de la présomption d’innocence ?
Le Général Sékouba Konaté dont le nom a été cité par Cheick Sackho, alors qu’il n’est pas l’unique témoin à entendre éventuellement, n’a pas attendu son injonction ou son » c’est clair, personne ne sera épargné » menaçant pour se proposer de coopérer dans une affaire qui continue à l’indigner.
Le Général Sékouba Konaté a été l’un des rares de ceux qui étaient aux affaires au moment du drame du 28 septembre à demander des enquêtes et à exiger que les auteurs, commanditaires et coupables soient châtiés. N’ayant rien à se reprocher, absent de Conakry pendant l’expédition meurtrière, il n’a pas peur de la justice qu’elle soit rendue en Guinée ou à la CPI à la Haye. Il respecte la Justice, mais celle qui se montre indépendante, il croit aux magistrats, mais ceux qui n’obéissent qu’à la loi et ne tiennent compte que des faits.
Malheureusement, au bord des rivières du Sud, le vainqueur des élections est connu avant le vote des électeurs, la sentence des juges est annoncée avant qu’ils ne se réunissent et délibèrent au regard de la loi et selon leur intime conviction. Où est la Démocratie, camarade Alpha ? Où est la Justice Me Sackho ? Le peuple vous le demande et l’histoire vous jugera.
Tibou Camara