Le limogeage du Premier ministre Abdou Mbaye témoigne de la fragilité de ses rapports avec le chef de l’Etat Macky Sall et ce, depuis un certain temps. Le prédécesseur de Mimi Touré à la Primature aura, en effet, accumulé les «fautes» qui l’ont emporté. Et, son implication dans le dossier Habré n’est pas pour plaider en faveur de ce banquier qui a goûté, pendant 17 mois, avec des fortunes diverses, à la sauce des hommes politiques.
Après l’adoption de la loi fixant l’organisation judiciaire en vue du jugement de Hissène Habré, les députés du groupe des libéraux et démocrates, avec l’appui de quatre de leurs collègues du groupe des non-alignés, ont déposé une motion de censure contre Abdoul Mbaye et son gouvernement, pour demander sa démission, vu qu’il serait mêlé à ce sulfureux dossier. D’ailleurs, trois Ong tchadiennes vont porter plainte contre lui «pour complicité de blanchiment d’argent». Ce dossier brûlant de l’heure semble vraisemblablement avoir raison du Premier premier ministre de Macky Sall, après 17 mois passés à la tête du gouvernement. Suspecté d’être impliqué dans la gestion des fonds emportés par l’ex-président tchadien lors de sa fuite au Sénégal en 1990, le Premier ministre, qui dirigeait à l’époque la Compagnie bancaire de l’Afrique occidentale, avait, une nouvelle fois, rejeté ces accusations, en décembre, lors du vote d’une motion de censure déposée à l’Assemblée nationale par l’opposition. Avec cette éventualité, les libéraux avaient laissé entendre, par le biais de Me Ousmane Ngom, que «le Sénégal court un gros risque en ce sens que le PM sera cité, d’une façon ou d’une autre, en tant qu’accusé ou receleur des fonds des victimes du procès». Pis, ajoutaient-ils, «Abdou Mbaye, en tant que chef du gouvernement, est devenu un fardeau pour le Sénégal, à cause de son implication dans le blanchiment des fonds volés par l’ancien président tchadien, Hissène Habré». Mais, Abdoul Mbaye pourrait devoir s’expliquer devant le tribunal spécial dont les travaux ont démarré en février dernier à Dakar pour un début de procès annoncé dans les prochains jours.
Tempête annoncée
Très remontés, les semaines dernières, contre Abdoul Mbaye, qu’ils accusent d’être derrière l’article paru dans Jeune Afrique dans lequel ses proches affirment que «les ennemis d’Abdoul Mbaye sont, entre autres, des cadres de l’Apr, Aminata Touré et Diagna Ndiaye», les apéristes étaient montés au créneau faisant savoir que désormais, rien ne lui sera toléré. Demandant au Pm d’être un peu plus courageux, au lieu de se cacher derrière des proches imaginaires, ils disent être désolés, surtout qu’Aminata Touré, qui est le ministre qui abat actuellement le plus important travail au sein du gouvernement, est mêlée à ces histoires. Dès cet instant, Abdoul Mbaye était dans le viseur des proches de Macky Sall. Les cadres de l’Apr avaient donc fait savoir que les jours d’Abdoul Mbaye étaient comptés à la tête du gouvernement. Avec lui, des proches du chef de l’Etat laissent entendre que le Sénégal a raté le grand rendez-vous des réformes. Les dernières sorties du désormais Premier ministre dans les médias font également partie des raisons qui ont amené le président de la République à se débarrasser de lui. Le fait qu’Abdoul Mbaye agitait souvent la possibilité de démissionner n’a pas du tout plu au palais. Les réponses servies sur un certain nombre de questions à la presse n’auraient pas enchanté le président de la République. De même que son entêtement à maintenir sa candidature au Comité Exécutif du Comité International Olympique (CIO) qui a fait mordre la poussière à Diagna Ndiaye qui avait le soutien du président de la République. Beaucoup de sénégalais et proches de Macky Sall y ont lu un manque de respect au chef de l’Etat.
Sekou Dianko DIATTA pour rewmi.com