http://Actuguinee.org / Le discours était fébrilement attendu, les attentes, il est vrai, étaient importantes, que dis-je, vitales pour l’avenir d’une démocratie longtemps montrée en exemple mais, hélas, chahutée ces derniers temps par des pratiques d’un autre temps. Fin d’un suspense pesant sous un ciel lourd d’hivernage, présage de bonnes récoltes.
La décision du président sénégalais Macky Sall de ne pas être candidat pour la 3e fois en février 2024 me fait penser à ce que disait Félix Houphouet-Boigny : « On fait la politique pour le bonheur de l’être humain et non pour son malheur « …
Sans gants, le président Macky Sall s’est adressé à son peuple, articulant chaque mot avec soin, sans doute sous le poids d’une forte émotion, certes contenue, quoique apparente par moments. Il a parlé en véritable homme d’Etat, bien loin de l’image d’un monarque hautain que lui prêtaient certains, dans des moments de crise et d’incertitudes.
Pourtant, que de supputations et d’affirmations péremptoires avant cette allocution désormais historique du premier chef de l’Etat sénégalais à organiser, dans quelques mois, une élection à laquelle il s’est auto-exclu avant l’heure ! Le Ni Oui Ni Non avait créé un climat délétère et installé le doute et le désarroi, aussi bien dans les rangs du pouvoir que de l’opposition.
En décidant de ne pas briguer une troisième candidature – que l’article 27 de la constitution sénégalaise ne permet pas, de toute façon – le président Sall fait faux-bond à ses souteneurs et confirme un engagement maintes fois réitéré, par écrit ou dans des entretiens.
Incontestablement, Macky Sall a posé les jalons d’une réconciliation sincère avec le peuple sénégalais dans un contexte marqué, il l’a d’ailleurs rappelé, par des pertes humaines et matérielles. C’est un pas de géant qui a été franchi dans la perspective de traduire en acte la belle formule qu’est « la Patrie avant le Parti ! ».
Il lui reste à créer les conditions d’une élection libre, transparente et inclusive pour entrer, la tête haute, dans le Panthéon des Hommes d’honneur. L’élargissement de centaines de jeunes, partisans du parti Pastef du leader charismatique de l’opposition, Ousmane Sonko, pour la plupart, serait une excellente aubaine. Pour que la paix et la concorde nationale reviennent, et que mille écoles, mille projets de société rivalisent !
Mohamed Abdel Aziz (Mauritanie), Mouhamadou Issoufou (Niger), Muhamadu Buhari (Nigeria) avaient donné le ton. Macky Sall, président né après l’indépendance, n’avait pas le droit de perdre en chemin le legs hérité de ses illustres devanciers Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf et Abdoulaye Wade. La démocratie, dit-on, a besoin de respiration. La démocratie sénégalaise avait pratiquement atteint la phase d’asphyxie. Cette bouffée d’oxygène est salutaire. Merci beaucoup pour l’avoir compris, Président !
Karim DIAKHATE
Directeur de Publication
Magazine LE PANAFRICAIN