Lancés le 18 janvier 2023, les travaux de construction du pont unique et ses accès sur le Konkouré, à Tanènè (préfecture de Dubréka), sont exécutés à hauteur de 75%.
C’est le constat fait ce jeudi 1erfévrier 2024 par notre reporter qui s’est rendu sur le site de cet autre chantier gigantesque du CNRD.
Une étape très importante dans la construction de l’ouvrage a été franchie. Il s’agit du lancement de la poutre métallique du pont. Une prouesse à l’actif de l’entreprise LEDUC Guinée, la société en charge de la construction de l’ouvrage de franchissement qui à terme remplacera les quatre vieux ponts métalliques datant de l’époque coloniale.
C’est un pont mixte de type double poutre longitudinale en acier et tablier béton. Il aura deux voies avec installation d’un poste de péage, poste de pesée, d’une station-service et d’une aire de repos sur le raccordement de la déviation côté Conakry.
Dans le poste de péage, il y aura quatre voies aller, quatre voies retour.
A la base technique, les 52 dalles que le pont va contenir sont déjà coulées et prêtes à être posées sur les pieux.
Sur le chantier de construction du pont, on constate que la structure métallique ou la poutrelle fabriquée en France, a été posée sur les quatre appuis dont des culées sur chaque extrémité (C0 et C3) et deux piles (P1 et P2).
Le Directeur Travaux de l’entreprise Leduc et responsable de ce projet pour Leduc, Prithiviraj Ramat, revient sur cette étape importante dans la construction du pont : « A ce jour, si vous avez vu le lancement, la poutre métallique est déjà lancée. Nous sommes à environ 75% de la réalisation du pont. Toutes les dalles sont coulées et à partir du 1er mars, nous allons commencer à poser les dalles. Mais après la pose de la poutre métallique, il y a beaucoup de travaux à faire : devérinage de la poutre, coulage des murs gardes-grèves et après nous pourrons poser les dalles définitives et faire le clavetage ou coller les dalles les unes des autres», a expliqué M. Ramat.
Il soutient que le pont sera terminé un peu plus tôt que prévu : «parce qu’il faut faire les essais de chargement pour voir si le pont a été bien construit. Normalement, le 18 juin 2024, le pont sera terminé à 100% et livré. Il n’aura pas de retard dans la livraison du pont. Le seul retard que nous pourrions avoir c’est sur les accès. Parce qu’à ce jour, tout ce qui est la libération des emprises du côté de Tanènè n’est pas fait. Cela pourrait causer des problèmes si les emprises ne sont pas libérées dans les jours à venir », a alerté M. Prithiviraj Ramat.
Les voies d’accès du pont de 7,5 km, sont réalisées par l’entreprise SATOM SOGEA. Elles comprennent la route, le bitumage et les ouvrages hydrauliques.
La route communautaire de 800 m, rajoutée pour permettre aux habitants de Tanènè de rallier la contournante, est en cours de déblayage.
Entre le PK0 et le pont, les travaux sont très avancés, le remblai est fait. Du PK2 au PK7, 500, l’indemnisation des personnes impactées va commencer dans les jours à venir, afin que les emprises soient libérées et que les travaux commencent de ce côté.
Le soulagement des citoyens
Les usagers de ce tronçon sont aux anges, surtout les populations de Tanènè. Après le 18 juin prochain, date de livraison du pont, le calvaire au niveau des quatre ponts métalliques sur le fleuve Konkouré à Tanènè sur la RN3, sera un lointain mauvais souvenir. On parle de 20. 000 véhicules par jour quand le pont unique sera mis en circulation.
Soriba Camara de la communauté de Tanènè ne cache pas ses sentiments : «nous avons un sentiment de satisfaction à cause de la construction du pont de Tanènè. Parce que c’est devenu un calvaire pour nous la traversée de ces quatre ponts métalliques. La réalisation de ce projet va droit au cœur. Cela fait que nous, la population de Tanènè, tous ceux qui passent par Tanènè pour aller à Boffa, Boké, Fria, sont tous libérés grâce à la construction du pont», s’est-il réjoui.
Sur le retard accusé dans la libération des emprises du côté de Tanènè, il estime que cela revient à l’Etat d’accélérer l’indemnisation de la population impactée pour qu’elle libère les emprises de la voie d’accès.
Parlant de l’impact du projet de construction du pont, M. Camara remercie le gouvernement de transition, surtout le Général de corps d’armées Mamadi Doumbouya. «Vous connaissez les activités d’un carrefour. Les jeunes sont dans tous les carrefours s’il n’y a pas d’activités. Mais depuis que la construction du pont a été lancée, surtout ses accès ou les routes, beaucoup de jeunes sont maintenant employés sur les chantiers. Ils ne sont plus en ville en train d’errer pour faire du n’importe quoi. Après les chantiers, quand ils rentrent à la maison, c’est de se reposer et le lendemain reprendre le travail. La construction du pont a bien impacté positivement la communauté de Tanènè, surtout la jeunesse», jubile M. Camara.
Il faut rappeler que les quatre ponts métalliques ont été construits en 1957 par la société française Pechiney, dans le cadre de l’implantation de l’usine d’alumine de Fria pour des convois de 30 tonnes, alors qu’actuellement ces convois sont dans l’ordre de 80 tonnes.
Le nouveau pont fluidifiera l’activité économique du corridor nord, une des principales zones minières du pays. Mieux encore, il fait partie de la transafricaine N°7 (THA7) Dakar-Lagos.
A noter que la livraison du pont unique et ses accès est prévue pour le 18 juin 2024, soit dans cinq mois.
Souana Doré, envoyé spécial à Tanènè