http://ACTUGUINEE.ORG / Un ordre du jour construit de toutes pièces En Guinée, le débat public semble monopolisé par la question de la « nouvelle » constitution.
Une campagne politique qui ne dit pas son nom est
actuellement menée par le pouvoir en place pour faire artificiellement de ce
thème une préoccupation centrale. Des moyens suspects sont employés pour y
arriver.
D’après les sites guinéens comme Vision Guinée et
autres l’argent circule et est utilisé pour acheter les consciences, pour
remplir les lieux de manifestations, pour dire que la population soutient la
nouvelle constitution que, chose étrange, personne n’a pas encore vue. Ce n’est
pas l’intérêt de la Nation et de la population guinéenne qui est ainsi
poursuivi, ce sont les visées privées de certains clans et du Président ;
notons d’ailleurs ce paradoxe : à notre connaissance, le changement de
constitution décidé à l’initiative de certains…n’est pas lui-même
constitutionnel. Il existe des procédures constitutionnelles pour changer une
constitution.
Sont-elles respectées ? Nous ne voudrions pas
verser ici dans une critique facile qui accuse tout pouvoir d’être d’office
abusif. Mais une analyse fine du groupement qui est à l’initiative de ce
matraquage en faveur d’un changement constitutionnel montrerait sans doute que
certains des militants actuels du « changement » appartenaient à l’entourage de
Lansana Conté, ont été les bourreaux du RPG dont ils sont devenus des militants
actifs.
Nous aimerions par exemple demander à Madame
Rabiatou Diallo,qui nous a fait sortir dans la rue en 2006 et 2007 pour
manifester contre le pouvoir en place, et qui a participé à la confection de la
constitution en 2010, qui a présidé la CNT ce qu’il en est de sa position par
rapport à ce « changement » « constitutionnel » ?
Alors aujourd’hui, c’est la même chose et on ne
l’entend pas depuis qu’elle a eu un poste, on se demande si madame rabiatou
Diallo nous a fait sortir dans la rue pour avoir un poste ou elle nous a fait
sortir pour l’intérêt de la population qui vivait dans une pauvreté ou elle a
fait cela pour profiter de la mort de la jeunesse pour avoir un poste et de
faire comme les autres l’ont fait, c’est-à-dire prendre pour elle comme on le
dit souvent, il faut prendre pour toi aussi, c’est-à-dire rester au pouvoir
pour voler des contribuables ?
Ce qui devrait être à l’ordre du jour Plutôt que
parler de « nouvelle » constitution, ne faudrait-il pas plutôt parler de
développement ? Par exemple de l’électricité qui est un besoin nécessaire et
fondamental et même obligatoire dans la vie quotidienne et pour le
développement d’un pays. Ce besoin est inaccessible par son prix et par son
manque. Même chose pour l’eau qui est devenue aussi une denrée rare ; le peu
qui est accessible à la population n’est pas toujours potable et parfois même
empoisonnée par l’arsenic, alors qu’on dit de la Guinée qu’elle est le château
d’eau de l’Afrique de l’Ouest… L’eau et l’électricité sont beaucoup trop
chers pour la population ; un employé qui gagne entre 500.000 et 600.000 francs
guinéens, comment peut-il payer 200.000 ou 300.000 gnf pour l’eau et
l’électricité, ce qui correspond juste à la consommation d’une famille qui a un
frigo, la télé et certaines ampoules, c’est tout ? Nous ne parlons même pas des
promesses d’auto-suffisance alimentaire qui ont été faites par le pouvoir en
place lors des campagnes politiques de 2010 et 2015 : où en sommes-nous à ce
sujet ?
La population connaît la réponse à cette
question-là parce qu’elle ne sait que trop bien comment elle vit au quotidien.
Parlons comment un ministre ou un directeur dans le gouvernement peut avoir ou
acheter et construire deux maisons en guinée, on ne va même pas parler de
l’Europe parce que c’est 5 ou 10 fois plus cher qu’en guinée. Alors qu’on sait
bien qu’un ministre a un salaire qui ne dépasse même pas 1500€ par mois, qu’ils
nous expliquent d’où vient cet argent-là pour acheter deux maisons en guinée ce
pour cela qu’on doit parler de tout ça au lieu de parler de la nouvelle
constitution.
Parlons de tout ça au lieu de parler de la nouvelle
constitution qui a surtout le « mérite » de nous détourner du débat qui doit
porter sur le bilan de 9 ans d’exercice du pouvoir, bilan qui est vraiment
négatif sur le plan social et éducatif.
Que s’il fallait vraiment parler de constitution…
Le sens de la constitution est d’être la loi fondamentale qui définit dans un
Etat les droits et les libertés des citoyens ainsi que l’organisation et la
séparation des sphères du pouvoir (législatif, exécutif, judiciaire).
La constitution joue-t-elle ce rôle de garant ? Nous
craignons que non : trop peu de séparation des pouvoirs ; trop peu de contrôle
des institutions l’une par l’autre. S’il fallait parler de constitution, ce
serait alors pour voir comment obtenir plus de démocratie et de garanties pour
la population. Est-cela que veut promouvoir la « nouvelle » constitution ?
Est-ce que le changement de la constitution est fait dans l’intérêt de la
population ou l’intérêt des clans et son président, est-ce qu’il est mis dans
la constitution qu’on peut changer directement la constitution par ce que
certaines personnes veulent.
Que faire ? Nous observons actuellement, dans bien
des pays du monde, des mobilisations importantes de la jeunesse dites « pour le
climat ». La jeunesse se mobilise en fait pour que des mesures politiques
soient prises de toute urgence pour assurer la survie même de la planète. Ces
actions commencent à rencontrer des succès.
Dans notre pays, l’avenir de la jeunesse est aussi
extrêmement compromis. Nous ne pensons pas que la jeunesse guinéenne va rester
indifférente à la question de la possibilité même, pour elle, d’un avenir.
Est-il pareillement impossible d’imaginer une alliance de la société civile,
des mouvements de jeunesse, de certains acteurs politiques, des vieux sages et
des syndicats qui se mobiliseraient ensemble pour mettre à l’ordre du jour la
question du développement, en laissant les égos respectifs de côté ?
Et faut-il désespérer des institutions
internationales au point de penser qu’elles ne vont pas réaliser un contrôle
strict de l’usage des fonds qu’elles octroient et vérifier qu’ils sont
véritablement utilisés pour le développement, avec des effets tangibles pour la
population ?
Telles nous semblent être les vraies questions qui
doivent nous mobiliser, et non un débat monopolistique si ce n’est terroriste
sur la question d’une « nouvelle » constitution.