Ousmane Gaoual: « Même si la justice nous demande de réintégrer Bah Oury, on l’exclura. Il n’est plus possible de collaborer avec lui »

Deux semaines après son exclusion de l’UFDG, l’ancien exilé, Bah Oury, était l’invité de la radio Nostalgie FM pour faire part de sa lecture de la crise au sein de l’UFDG. Le lendemain, les confrères ont aussi reçu le député Ousmane Gaoual Diallo, qui a apporté une réponse du berger de la bergère. 

Attaques de Bah Oury

Interrogé sur son nouveau statut, Bah Oury soutient qu’il reste et demeure de l’UFDG. « Je suis de l’UFDG, je suis le premier vice-président de l’UFDG et le resterai jusqu’au prochain congrès, qui me donnera une nouvelle légitimité. Quand une décision est illégale et anti- statutaire, elle est nulle et de non effet. Mais les procédures judiciaires et administratives, qui vont s’accélérer les prochains jours, vont rétablir les faits. Parce que la décision d’une cinquantaine de personnes ne peut pas remettre en cause ma légitimité. Ceux qui ont pris cette décision appartiennent à une instance exécutive, le Conseil politique, qui est composé de quarante membres et élargi aux députés. Or, les statuts disent que seul le bureau exécutif national de l’UFDG est habilité à le faire. Le processus est engagé. Ils ont fait cette méthode contre Mamadou Barry et Lamine Keita, et maintenant, ils l’utilisent contre moi »,a-t-il entamé.

L’idéal n’aurait-il pas été, après votre exclusion de saisir la justice comme vous le faites maintenant au lieu d’aller au siège le 5 février. « Si le samedi précédent, Cellou Dalein, du haut de son perchoir en assemblée ordinaire, a lancé un dernier avertissement à son jeune frère, mais il n’a pas pris le soin d’attendre mon arrivée pour prendre une décision d’exclusion sachant bien que j’avais marqué mon accord de venir assister à la réunion du conseil politique. Donc, il y a anguille sous roche. Que s’est-il passé entre temps ? On me dit de venir. Je donne mon accord. On dit encore : « Non, il ne faudrait pas venir, et on m’exclut », l’opinion doit réfléchir et trancher ».

Vous contestez votre exclusion mais curieusement, on dirait que Bah Oury est seul contre tous. Aucun député ne vous défend, ni un vice-président. « Le forum des cadres a fait une déclaration. Les fédéraux du Mali, de Bissau, de Gambie, du Sénégal ».

Du soutien de l’UFDG durant ses quatre années et demi d’exil forcé en France. « J’ai été absent pendant quatre années et demi. Certains ont utilisé mon exil pour bâtir une forteresse où tous les proches de Bah Oury ont été écartés. Aujourd’hui, le parti est réduit en un petit directoire où il décide de tout sans tenir compte de la légitimité démocratique. C’est ka raison pour laquelle, mon retour n’était pas souhaitable pour eux. Ils ont tout fait pour l’empêcher, ils ont tout fait pour que Bah Oury disparaisse », dit-il.

Peut-on dire que l’avenir de Bah Oury est-il hypothéqué avec votre exclusion et la procédure judiciaire. « Contrairement à ce qu’on peut penser, l’avenir politique de Bah Oury est dégagé dans un grand boulevard. Ceux qui ont commis des actes répréhensibles au niveau de la morale humaine, du droit pénal et de la gestion du parti, sont ceux-là qui doivent se poser des questions. Les masques sont tombés, la décantation va se faire. Les militants de l’UFDG demanderont des comptes à qui de droit ».

La justice guinéenne vous a accusé d’atteinte de la sûreté de l’Etat. Ce que vous avez nié. Aujourd’hui, vous êtes de retour. Est-ce exact l’attaque du 19 juillet 2011. Bah Oury feinte la question. « Je suis un homme politique responsable mes intérêts à titre personnel importent peu. Je me suis démarqué parce que la gouvernance de Cellou après 2010 n’était pas la bonne au regard des intérêts fondamentaux de l’UFDG. J’étais contre, par exemple, que le 3 avril 2011, après quatre mois d’absence, qu’il demande à être accueilli. Parce que j’estimais que ce n’était ni le lieu, ni le moment à partir du moment où un chef d’Etat vient d’être installé. La Mamaya n’était pas nécessaire… La responsabilité est partagée. Ceux qui ont commis des actes, en tant que pouvoir, ont leur responsabilité. Depuis lors, des dizaines et des dizaines de personnes ont été tués et on recommence à chaque fois ».

Est-ce opportun de rencontrer Koly Kondiano et Boureima Condé en période de crise ? « Si j’ai rencontré le président de l’assemblée nationale, je me considère comme le premier vice-président de l’UFDG. Donc je dois rencontrer les autorités du pays ».

« Alpha Condé, de 2010 n’est pas le même en 2015 »

Justement, en parlant des rencontres, en 2011, quand Saliou Bella avait rencontré Alpha Condé, vous aviez condamné cette initiative. Je cite : « Cette rencontre n’engage que lui, pas l’UFDG. Le parti doit se prononcer contre cette attitude que je considère irrévérencieuse, irresponsable et infantile. N’êtes-vous rattrapés par vos propos ?

« Il ne faut pas mélanger les choses, revenons sur le passé. Saliou Bella, après son passage au gouvernement de transition, il a montré sa volonté de rejoindre la mouvance, de quitter l’opposition. Il ne l’a pas caché. En tant que responsable de l’UFDG, je suis cohérent. Après la présidentielle de 2015, de passage à Paris, le président Alpha Condé a sollicité de me rencontrer. J’étais exilé. La moindre des choses était de venir l’écouter. Ce que j’ai fait. La question au menu était d’obtenir la décrispation politique. Quiconque dit que ceci est un non-événement a perdu le sens de l’histoire. Au contraire, c’est un acte majeur, aujourd’hui, je suis là, je suis libre, c’est un pas important. Je sais qu’il y a des détenus politiques dans nos prisons, je garde l’espoir, laissons faire les choses. L’intérêt du pays commande qu’on aille en profondeur ».

Lors de votre exil, vous étiez virulents. Aujourd’hui, vous avez adouci votre discours. N’êtes-vous pas en connivence avec le pouvoir pour déstabiliser l’UFDG. « Ils sont libres de dire ce qu’ils veulent. Monsieur Alpha Condé, de son premier mandat, n’est pas le même Alpha Condé dans son second mandat. Il m’a expressément indiqué qu’il veut une décrispation politique pour un apaisement profond. En responsable d’une opposition constructive. Je le crois. Je me dois de jouer ma partition ».

Réplique du député Ousmane Gaoual Diallo

Le lendemain de cette intervention, Ousmane Gaoual Diallo a aussi répliqué. « L’UFDG se porte bien. Le parti est déjà tourné vers les préparatifs des prochaines élections de proximité. La crise, qui couvait à l’UFDG depuis trois années, a trouvé son épilogue avec l’expulsion de notre ancien vice-président. Sa page est tournée. Dorénavant, la relation que nous entretenons avec lui est judiciaire, non politique. Il est un adversaire comme tout autre, qui agit contre nous, même si cela ne nous dérange pas ».

Bah Oury comme le président de l’UFDG, ainsi que les 40 membres du Conseil politiques ont été élus par le congrès du parti. S’il se plaît à se reconnaitre vice-président, il doit respecter et accepter l’élection des 40 membres au même titre que lui. Donc, cette structure est habilitée à décider. Etant membre du conseil politique, la sanction de Bah Oury ne pouvait pas venir d’une structure inférieure. S’il conteste le Conseil politique, il perd toute légitimité parce que le congrès qui l’a élu, c’est le même qui a élu le conseil politique. Donc, les quarante membres du Conseil politique, élargis aux députés, qui l’ont sanctionné, ont agi légitimement et légalement. Maintenant, qu’il fasse une démarche judiciaire, c’es bien, c’est qu’il faut regretter est qu’il faille occasionner la mort du journaliste pour se tourner vers la justice. C’est lui qui est venu, alors qu’il est exclu. Mieux, il avait des possibilités de recours, il pouvait contester son exclusion à l’intérieur du parti. En ce moment, le parti peut décider de la suspension de l’exclusion pour lui donner la possibilité de s’expliquer.

Bah Oury perçoit deux mille euros par mois depuis 2011

Il a été d’abord invité le samedi, c’est seulement le vendredi suivant, qu’il est venu. Le mardi, il devait être présent devant le conseil politique. Il a dit qu’il ne viendrait pas parce que le conseil politique abrite un bâtiment de Cellou Dalein Diallo où se tiennent les réunions depuis des années. S’il dit qu’il ne reconnait pas le conseil politique ou qu’il ne vient pas devant le conseil politique, où voulez-vous qu’il aille ? Mais il veut l’anarchie. Si vous êtes invités par votre président, vous venez, si vous avez des critiques, vous venez. Mais non, il avait prévu de venir devant le bureau exécutif, d’arracher le fauteuil pour provoquer la bagarre. Avez-vous vu son allure. Il dit qu’il ne reconnaît pas Cellou. Il dit qu’il va présider le bureau exécutif. De quel droit eut-il s’autoproclamer, en violation de toutes les règles ? Donc, s’il y a eu violence, c’est parce que Bah Oury n’a pas obtempéré. Il aurait pu faire recours aux structures du parti ou à la justice. Ce qu’il est en train de faire, il aurait pu le faire avant.

Je rappelle, par exemple, que la semaine d’avant, il était venu soutenir Mamadou Barry, également exclu du parti, il est allé le soutenir en justice. Pourquoi alors Bah Oury, super intelligent, super vice-président, fondateur, n’a pas eu l’intelligence de faire comme Mamadou Barry en allant devant les tribunaux ou devant les instances du parti ? Parce qu’il est en train d’exécuter sa volonté de déstabilisation du parti, voilà.

Depuis longtemps, Bah Oury a pris la décision de ne plus appartenir à l’UFDG. Indépendamment de tout, il y a eu des médiations et une plateforme qui a été réglée. Les exigences de Bah Oury sont : être reconfirmé comme vice-président du parti et remplacer le président en cas de vacances, cela a été accepté. Il a donné un certain nombre de personnes, qui devaient être nommés dans les instances du parti, cela a été fait. Il a demandé la prise en charge, on lui a rappelé qu’il est pris en charge à deux mille euros par mois depuis 2011, cela a été reconfirmé. Toutes ses exigences ont été satisfaites. En contrepartie, on lui a demandé de rester dans la discipline du parti.

 

Peu après, Bah Oury a créé des fédérations parallèles en France, il a créé son propre porte-parole, son propre directeur de cabinet et sa propre communication. Il a présidé une organisation extraparlementaire. Cellou Dalein Diallo, n’a ni son porte-parole, ni sa cellule de communication. Donc, il y a eu de la défiance. Je ne parle pas des propos outrageants. Il réduit le conseil politique en directoire de Cellou Dalein Diallo.

Il n’est plus possible de collaborer avec Bah Oury

Quand on dit gestion opaque, c’est peut-être vrai mais jusqu’en 2011 avant l’attaque, Bah Oury était où ? C’était comment la gestion à l’époque ? Pourquoi ce silence d’alors ? La réalité est simple. Aujourd’hui, Cellou Dalein est le principal acteur de mobilisation des ressources du parti, c’est normal en tant que leader. Jusqu’à présent, l’UFDG n’a pas manqué de moyens pour mener sa politique. S’il y a besoin d’explication, Bah Oury sait comment le faire. Ce n’est pas dans les médias qu’il doit demander les audits. Lui-même est comptable de cette gestion. Lui-même a encaissé de l’argent dans ses déplacements. S’il pose la question devant nous, nous lui regarderons les yeux dans les yeux pour lui demander des justifications d’un certain montant. S’il a des reproches à faire, c’est à l’interne, et non par voie de presse.

 

On dit que Dr Fodé Oussou Fofana, Fadiga et Ousmane Gaoual Diallo sommes contre la présence de Bah Oury. On dit qu’on conseille mal le président. Je ne suis pas un conseiller de Cellou Dalein Diallo. En tant que tel, si mon avis est sollicité, je m’exprime dans un conseil politique de 40 membres. Bah Oury en Guinée ou pas, ça ne m’empêche pas d’être député à Gaoual. Je n’ai aucune responsabilité dans le parti pour dire qu’en cas de son éventuel retour, je pourrais l’empêcher d’être vice-président. Ce n’est pas mon problème. Je suis élu membre du conseil politique, point. Je n’ai aucun rôle. En quoi la présence de Bah Oury à Conakry pourrait-il me gêner ?

Bah Oury est l’ancien vice-président, point. Il n’y a pas à s’avouer vaincu. Notre relation est judiciaire, qu’il soit vaincu ou pas. Cela n’a aucune importance. A supposer que demain, par extraordinaire cas, que la justice nous demande de réintégrer Bah Oury, elle peut demander de revenir sur la procédure de l’exclusion, on respectera la procédure et on l’exclura. Il n’est plus possible de collaborer avec lui.

Depuis guineenews

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