Le lynchage populaire prend une envergure inquiétante à Nzérékoré, principale agglomération de la Guinée Forestière. Dans la nuit du lundi 01 à mardi 2 mars 2021, un jeune d’une trentaine d’année a été lynché et brulé à moitié au quartier Horoya secteur Angola dans la commune urbaine. Aucune identité n’a pour le moment été communiquée sur la victime.
Sur le terrain, les citoyens sont partagés entre lynchage populaire et rendement de compte. Un citoyen rencontré sur les lieux, nous a expliqué que la victime était allée voler dans une cour la nuit, où il a été appréhendé et lyncher à mort.
« La victime était allé voler dans une cour. C’est là-bas qu’il a été arrêté. Quand les jeunes l’ont pris, il disait qu’il n’était le seul, de lui laisser dire le nom de ces amis mais ils n’ont pas accepté, ils l’ont battu à mort », nous a confié un citoyen qui a requi l’anonymat.
Cependant pour d’autres citoyens de la localité, il s’agit d’un rendement de compte. Interrogé, le maire de la commune urbaine de Nzérékoré, conseil au citoyen d’arrêter de se rendre justice.
« Je demande à la population de continuer à faire confiance aux services de sécurité et de défense. Parce que généralement, lorsqu’il y a vindicte populaire, il n’y a pas maintenant de personne responsable qui peut nous dire ce qui s’est réellement passé. Parce que c’est ce qu’on doit savoir. C’est vrai que le monsieur été tué, calciné. Mais que quelqu’un vienne nous dire, voici il a volé telle chose, voici il a fait tel acte. Parce que le présumé qui est déjà lynche, ne peut plus nous dire les raisons. Se rendre justice chaque jour, ça va être un système de rendement de compte. Un groupe contre tel individu, on le rencontre la nuit tard, on règle sn compte, puis on dit que c’est un malfrat. Si un voleur est appréhendé, il est ligoté jusqu’au matin, il est mis devant les fait et que la police, la gendarmerie, est informé là on peut connaitre la suite », interpelle Moriba Albert Delamou, maire de la commune urbaine de Nzérékoré.
« La problématique ici, c’est qu’avec la prolifération de ce lynchage, qui est interdite par la loi, les citoyens continue à exercer ça, je ne sais pas pourquoi. C’est pourquoi notre réflexion va un peu loin, parce qu’on dit toujours les présumés voleurs, nous ne savons pas maintenant là, s’il s’agit de règlement de compte, ou véritablement de vol. Parce que les choses se passent maintenant nuitamment et c’est une véritable chasse à l’homme, et c’est le matin seulement nous sommes informés qu’un corps se trouverait dans tel lieu », ajoute Sidiki Kanté, procureur près le tribunal de première instance de Nzérékoré.
Jean Kouloubo KALIVOGUI, correspondant régional en Guinée forestière pour Actuguinee.org
