Sur http://Actuguinee.org / Depuis l’entame de cette année, la question relative au troisième mandat du sortant Alpha Condé fait l’actualité politico-médiatique de la Guinée. Réélu en 2015, pour ce qui était censé être son second et ultime mandat, les partisans du chef de l’Etat souhaitent modifier la constitution pour lui permettre de briguer un nouveau mandat. En opposition à ce projet, un front national composé de politiques, de citoyens engagés et d’acteurs sociaux s’est mis en place au mois d’avril. Dans ce billet, nous commenterons les contradictions que suscitela question dans les réseaux sociaux et l’impact de la mobilisation dans l’opinion publique.
En effet, à l’instar des espaces de
communication des pays africains fortement investis par les nouveaux
medias, l’espace public guinéen est lui
aussi dominé depuis 2010 par les médias électroniques et les réseaux sociaux.
En l’occurrence Facebook. Même si les médias traditionnels ne sont pas en reste
de la révolution socionumérique. Conséquemment, radios et télévisions sont en
accès libre via des applications ou encore des émissions sont diffusées sur les
réseaux sociaux. En effet de la profusion des forums de discussions et de
l’explosion d’utilisateurs de Smartphones très au fait des débats autour de
sujets politiques (manifestations de l’opposition, les élections, les
politiques publiques ou les mandats politiques), le réseau social Facebook
devient résolument le cœur informationnel des Guinéens sur la toile. Tout y est
livré ! L’instantanéité devenant la dictature du moment. Aux prises, deux
mouvements « Amoulanfé » (qui signifie : Cela ne passera
pas ! en langue locale soussou) et « Alammanè » (qui veut
dire : c’est bien possible ! en langue locale soussou).
Puisqu’il en est de l’usage des réseaux
sociaux dans la contestation citoyenne, rappelons à juste raison que la
population connectée reste très marginale par rapport à toutes ces femmes et
ces hommes qui n’en utilisent pas. D’ailleurs, récemment le député Ousmane
Gaoual Diallo de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG)
s’interrogeait sur la représentativité des militants de son parti actifs sur
Facebook.En revanche, en analysant à l’échelle des publications relatives au
troisième mandat que je lis de mes amis et des publications de nombreux forums
que je suis (possiblement pas représentatifs des contenus produits sur ce
média), les internautes mobilisés contre le projet d’une nouvelle constitution semblent
faire la loi de la réputation sur la toile. Ils usent dutriple postulat de l’intangibilité,
de l’inopportunité et de la légalité. De plus en plus, estblâmable et perverse
toute argumentation qui promeut la modification de la constitution. En début du
mois, un débat contradictoire sur la chaine Africa 24, a largement été partagé
avec la mention « Amoulanfé ». A contrario, les tenants du
projet de nouvelle constitution sur la toile ont du mal à en opposer de solides
arguments quant à surtout l’opportunité.
L’influence des internautes algériens et
soudanais ?
Aussi bien les politiques que les
internautes guinéens mobilisés contre le troisième mandat, tous évoquent la
révolution réussie par les jeunes étudiants Algériens et Soudanais dans leurs
pays. Ils ont été des milliers de jeunes à partager les articles et les images
qui traitent des derniers moments de pouvoir des deux despotes. Même si les
contextes ne sont pas pareils, il reste que la perpétuation au pouvoir devient
de plus remise en question en Afrique. La lutte pour l’alternance mobilisant uniquement
jadis la classe politique,est depuis les printemps arabes, à présent portée par
les jeunes connectés aux réseaux sociaux.Ils sont nombreux, les internautes à
poster qu’ils souhaiteraient avoir un ancien président en vie en référence aux
deux premiers présidents décédés au pouvoir. Spécifiquement à la Guinée,les actualités en lien avec les manifestations et les contestations des
autorités (comme c’est le cas actuellement à Fria) devenant à mesure banales depuis
2010, sont abondamment commentées par les internautes.
La spécificité de la revendication
S’il est admis que la lutte contrele troisième
mandat est en majorité portée par les militants de l’opposition sur la toile,
il est tout aussi indéniable que des acteurs sociaux et des citoyens – y
compris ceux qui déclarent avoir voté au moins une fois pour Alpha composent les rangs des opposants au projet.
Ce qui change la nature de la revendication qui ne se rapporte plus aux
réclamations classiques de l’opposition.Que dire de la dernière sortie
médiatique du chef de file de l’opposition soutenant l’opportunité naguère de
la modification de la constitution en 2001. Même si son discours ne lui dénie pas
l’engagement qui est le sien actuellement, il renvoie de Cellou l’image d’un
leader opportuniste et dont le combat serait davantage politicien. En somme,
très différent de ce qu’il prétend défendre.