L’IMPARTIALITÉ DE LA JUSTICE GUINÉENNE A L”ÉPREUVE
D’après les Écritures,<<Dieu créa les êtres humains à sa propre ressemblance…>> (Sainte Bible en Français courant, Genesis 1:27).De ce fait la vie d’un homme et celle d’un pays qui en compte des millions, sont sacrées.
L’harmonie dans un pays repose sur l’exercice impartial de la justice qui assure la paix tout comme l’instabilité de tous ordres provient du dysfonctionnement de son système judiciaire sous l’impulsion manipulatrice politicienne.
Sur le forumTousguinéens, j’ai lu l’article de “actuconakry.com” intitulé “La confusion n’a que trop duré …” et un autre intitulé “Moussa Dadis Camara s’attire la foudre…”. Le paradoxe que j’ai découvert entre les deux me conduit à cette réflexion; car tout citoyen guinéen a le devoir d’analyser les maux qui conduisent notre pays dans les abimes du sous-développement. L’arrêt de cette course rétrograde effrénée du pays requiert le courage de chacun d’accepter la logique qui guide les esprits échauffés vers des raisonnements objectifs constructeurs d’une nation progressiste. Le contraire ne nous fera que patiner avec même une glissade accélérée en arrière.
Revenant sur mes articles lus, le premier défendait le Professeur Alpha Condé de n’être pas la cause ou l’auteur de la division des guinéens aujourd’hui; et que le CMRN en était l’initiateur. C’est une vérité indéniable. En effet, malgré la dictature de Sékou Touré, premier président guinéen, je crois, sans risque d’être démenti, que le guinéen se sentait chez lui partout où il vivait en harmonie avec les principes de la révolution et les vertus chères à la localité où il se trouvait. Il pouvait être élu à assumer des responsabilités politiques partout. Bien sûre, avec le régime socialiste, comme certains analystes nous décrivaient, la liberté du guinéen était comme celle d’un bétail dans un enclos. Car les dignitaires qui abusaient de la Révolution, pouvaient accuser à tort quelqu’un et mettre un terme à sa vie au sinistre Camp Boiro.
De toute façon, tout le peuple, de façon consciente ou inconsciente, était stratégiquement impliqué dans cette révolution avec son état policier qui faisait de chaque citoyen son détective ou son espion.Cela a créé la fuite des cerveaux mettant en exil forcé tous ceux qui ne pouvaient pas supporter ce régime. Ceux qui ont accepté ou se sont résignés devant les affres mais aussi les avantages du système, ont vécu dans l’harmonie durant ce temps. Cette unité nationale a été blessée par le fameux “Wofatara” du président Conté de 1985 après l’échec du coup Diara. La continuation de la chasse à l’homme a aggravé ce nouveau clivage social déclenché cette fois-ci entre Sousous et Malinkés en ajout à la méfiance entre Malinkés et Peuls, suite à la prise de position de Sékou Touré contre ce qu’il a appelé “le racisme peul”. Cela, je crois, avait plus opposé les peuls à Sékou Touré et son régime qu’aux malinkés en général contrairement à “Wofatara”.
Concernant l’esprit de l’article, peut-on éteindre de la flamme en action avec de la braise? Peut-on guérir un mal que l’on veut mettre à profit? Peut-on éradiquer un ethnocentrisme galopant dans un pays en jouant à l’ethno-stratégie dans le confort d’une majorité ethnique? Si la réponse à une de ces questions est NON, celles des autres le sont aussi irréfutablement.
Le paradoxe est le refus de certains analystes tel que l’auteur de cet article, d’accepter cette logique à clarté aveuglante. Comment notre pays peut-il goutter aux vertus du changement positif quand nous tuons la logique à coups de canon? Si l’ethnocentrisme doit être éradiqué en Guinée, il faudrait bien qu’un leader lie les slogans à l’action en luttant pour son élimination dans les mentalités, à commencer par sa propre ethnie qu’il ne doit pas favoriser parce qu’il est issu d’elle. Il faudrait aussi que le peuple, pour sa survie et sa prospérité, se méfie de tout leader qui prêche la zizanie, qui qu’il soit. Le peuple de Guinée est entreprenant et peut réaliser des merveilles dans la paix et l’unité nationale qui favorisent ses activités économiques. Les leaders diviseurs ne peuvent assurer que leurs intérêts personnels et ceux de leurs proches mais ne seront jamais préoccupés à instaurer ce climat de stabilité cher à tout développement équilibré. Les pays avancés le sont par la critique objective et constructive de leurs systèmes de gouvernement. Car, tout leader partout dans le monde est prédisposé à l’abus de pouvoir. C’est la peur des critiques et de la rigueur de la loi qui fait que ceux des pays avancés s’abstiennent et font un effort surhumain pour agir en conformité avec leurs constitutions. Si non, eux aussi agiraient comme nos dirigeants africains. Si par des critiques objectives ces peuples ont moulé les comportements de leurs leaders dans le sillage de la constitution, nous pouvons aussi le faire pour les nôtres et les conduire à la bonne gouvernance et au progrès.
Le deuxième article parle du danger que court Dadis à se présenter candidat aux élections présidentielles à seulement cinq mois de la date fixée. Cela également, est une autre vérité quand on sait le mystère de sa très longue convalescence que des “médecins sans frontières” invisibles l’ont prescrite à la place des médecins marocains qui l’ont traité. Comme dans le premier article, un autre paradoxe se manifeste dans celui-ci: Le premier article reconnait des tueries sélectives systématiques des anciens dignitaires par le CMRN à sa prise de pouvoir. Les guinéens francs reconnaissent que ce gouvernement militaire de 26 ans, a aussi fait d’incomptables victimes dans les répressions de manifestations et même de simples participants à une réunion à domicile tel que le cas de Cosa. Les habitants de Zowota ont eu leurs droits confisqués et leurs réclamations auprès des autorités, ignorées pendant des années. Sous l’effet de la colère, ils ont saccagé un bureau d’une compagnie minière implantée dans leur localité, les privant de leurs domaines. Sans investigation, ni écouter les habitants, des contingents militaires sont envoyés nuitamment dans ce village, ouvrant le feu sur une population endormie, tuant cinq personnes et faisant des blessés graves. L’incapacité du gouvernement à faire la lumière sur la mort de 8 missionnaires de sensibilisation l’a conduit à chasser une population de plus de 5000 habitants de N’Womei qui ont fait des mois en brousse avec tous les risques et pertes en vie humaine imaginables. Les militaires sont dans ce village pendant tout ce temps. Les habitants sont revenus voir leurs biens disparus ou brulés; causant ainsi d’autres victimes traumatiques. Était-ce établi que les 5000 habitants étaient tous présents au village et à la place publique pendant “la sensibilisation” sélective de Nwomei en sautant de gros villages entre N’Zérékoré et cette localité? Si oui, ont –ils tous participé à l’assassinat des 8 personnes? Cette délégation préfectorale et régionale n’avait-elle pas des cameramen reporters qui ont fait des images qui pouvaient éclairer les pistes de recherche avec le professionnalisme légendaire de la gendarmerie guinéenne?
Ces carnages avant et après le 28 Septembre 2009 n’ont jamais constitué et ne constitueront pas des infractions à la loi guinéenne encore moins, des crimes contre l’humanité. Cela, pour les esprits éclairés et justes, conduit à la nécessité de définir les termes “crime contre l’humanité” qui, je crois, lient à un ou des actes, et non à l’auteur.Dans ce cas guinéen, la définition semble dépendre de l’auteur et surtout de ses ambitions. Les politiciens veulent instrumentaliser la Justice pour faire ce qu’elle n’a jamais fait dans l’histoire du pays: Juger et condamner le pouvoir en place pour les répressions sanglantes de manifestations.
Je perçois deux injustices atroces contre Dadis si le système judiciaire, qui, dit-on,est en train d’instruire le dossier du 28 Septembre contre lui, se prêtait à ce jeu qui réduirait sa crédibilité du fait de cette manipulation flagrante et honteuse.
Premièrement, Dadis, président de la République, a été accusé de crime contre l’humanité. Selon l’histoire, des opposants proposent organiser une manifestation le 28 Septembre 2009. A leur demande d’autorisation, le gouvernement leur propose de la reporter à une date ultérieure à cause de la fête nationale qui ne devrait pas être ternie. Ils s’entêtent à dessein et organisent les manifestations qui tournent en carnage regrettable parce que, depuis toujours en Guinée, l’armée est toujours intervenue pour réprimer les manifestations reconnues n’avoir jamais été pacifiques, surtout celle de ce jour. Cela l’a été avant, pendant, et après le temps de Dadis. Le peuple de Guinée dont les magistrats, peut bien percevoir que les évènements du 28 Septembre étaient planifiés pour salir celui dont l’équipe, le CNDD, a pris le pouvoir sans verser une goutte de sang contrairement au CMRN cité plus haut. Il a même défendu certains dignitaires accusés de crimes économiques. De ce fait, si les exactions et les crimes des pouvoirs publics guinéens leurs sont pardonnés par la constitution du fait d’une immunité particulière, tout gouvernement guinéen devrait la bénéficier. En effet, la Justice, symbolisée parfois par une femme aux yeux bandés avec une balance en main, doit incarner l’impartialité absolue et ne doit pas condamner la personne, mais l’acte commis. Si cet acte est pardonné à Pierre, il constitue un précédent juridique qui, pour le même acte et dans les mêmes circonstances, servirait à pardonner Paul. Selon cette logique, la Justice guinéenne ne doit pas se salir en étant partisane. L’immunité accordée aux gouvernements avant et après Dadis, doit être accordée à son gouvernement qui jouissait des mêmes pouvoirs que les autres. Sinon, ce serait une première injuste qui ternirait leur honneur et leur intégrité en tant que jurés; ce serait céder à la manipulation des candidats qui ont peur d’un concurrent de plus qui, certainement pourrait avoir une certaine crédibilité devant le peuple qu’il a aussi servi.
Deuxièmement, pour toute Justice qui se réfère à la justice divine, parce que basée sur la constitution qui est la voix du peuple [“ vox populae, vox Dei” (Voix du peuple, Voix de Dieu)], tous les citoyens d’un pays sont égaux devant la Loi en devoirs et en droits. Dans les mêmes circonstances, nul ne doit être traité différemment par rapport à un autre. Si cette logique est universelle, on pourrait se demander si la Justice guinéenne la reconnait.
Dadis, président de la République, a été victime d’un attentat et fut évacué au Maroc pour des soins intensifs qui ont réussi. Notre Justice n’a fait aucun effort pour faire la lumière sur cet attentat contre le chef de l’état; une autre première dans l’histoire du pays où un tel attentat est resté impuni. Après sa guérison, il est interdit de rentrer dans son pays sous le prétexte qu’il était encore convalescent. Un convalescent n’est-il pas mieux chez lui, entouré des siens? Qu’est ce qui fait la particularité du cas de Dadis? Un mystère profond!
Deux ans plus tard, le domicile du Professeur Alpha a été attaqué. Les fauteurs sont traqués, jugés et condamnés par la même Justice sans délais. Quoi de plus normal et de plus constitutionnel? La vie de tout premier magistrat est sacrée pour une nation. Mais Dadis Camara et Alpha Condé étaient tous deux citoyens guinéens et de surcroit, présidents de la république au moment de ces attentats. Le premier a failli en périr et le deuxième n’a pas été atteint par ce qu’absent. La justice est rendue au second, et non au premier: Une deuxième injustice flagrante contre le même citoyen; pire, son droit de vivre dans son pays continue à lui être interdit. Il n’avait même pas eu le temps d’enterrer dignement sa maman; son séjour chronométré à la seconde après quatre ans d’exil forcé. Quel leader voudrait se voir réservé un tel sort dans les mêmes circonstances? Si nous sommes tous croyants et respectons les percepts de nos religions en Guinée, nous devons objectivement analyser cette discrimination.
En dépit de ces irrégularités d’un système gouvernemental qui, par son impartialité, devrait rassurer tous les citoyens de sa protection, le nôtre est conditionné aujourd’hui pour brandir son épée de Damoclès sur la tête de Dadis. Deux questions intéressantes peuvent se poser: S’il ne s’était pas présenté candidat, “s’attirerait-il la foudre”? Si non, pourquoi, et si oui, qu’elles sont la nature et l’origine de cette foudre qui ne cherche à frapper qu’un malfaiteur parmi tant d’autres? Drôle d’intimidation!
La candidature de Dadis fait l’effet d’une surprise générale; jusqu’à maintenant, j’en suis l’un des Saint Thomas. Mais si les guinéens et leur Justice respectent la logique, ce ne serait pas cette candidature qui devrait “attirer la foudre sur lui”. Le problème de retard ne devrait préoccuper personne d’autre que lui. Son succès ou son échec dans cette consultation électorale ne devrait regarder personne d’autre plus que lui; donc, cela ne saurait faire le souci de personne. Il a des expériences de leadership, quelles que éphémères soient-elles. Comme tout leader, il a fait des mécontents, certes, tels que les narcotrafiquants qu’il a commencé à bannir les activités dans le pays et tant d’autres. Mais, aussi, il a soulagé nombreux autres. Cette Justice qu’on voudrait activer sur lui à tort, ne devrait pas accepter d’être un élément d’intimidation. S’il est vrai que la société civile s’indigne de sa candidature-ce qui peut être aussi une accusation certaine contre celle-ci. Si non, si elle n’est pas manipulée par les acteurs politiques, où était-elle pendant les cinq ans? Elle n’a qu’à attendre Dadis devant les urnes et donner son scrutin à qui elle voudra. Rien à mon avis, n’est plus simple que cela pour une société civile démocrate qui veut bâtir et entretenir la paix et l’unité nationales.
Si cette menace contre Dadis devenait une réalité, ce serait une preuve irréfutable que notre Justice et notre société civile conditionnées par les leaders politiques, continuent à jouer à la girouette, tournant au gré du vent. C’est compréhensible que les leaders politiques cherchent à maximiser leurs chances en freinant les autres même de façon irrationnelle. Mais c’est inacceptable que les arbitres et juges que sont la Justice et la société civile, se prêtent à un tel jeu. Elles doivent reconnaitre l’importance de leur rôle cardinal en tant que garantes de la démocratie embryonnaire de chez nous. Leur impartialité inébranlable la donnera vitalité; le contraire l’annihilera dans l’œuf et le pays continuera de sombrer. Cela est à éviter. L’intégrité et l’impartialité de la Justice ainsi que de la société civile guinéennes sont ainsi à une dure épreuve.
Cécé J. Monèmou, cjmonemou@hotmail.com
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