Maintenant que nos « chers » politiciens ont décidé de revenir à la table de discussions ou plutôt, devrais-je dire, maintenant qu’on les a sommés d’y retourner.
Maintenant qu’ils se sont mis d’accord sur les conditions d’organisation des élections législatives.
Maintenant que tout le monde semble prêt à aller aux élections.
Nous ne pouvons qu’être heureux de ce dénouement mais nul besoin d’être euphoriques, restons lucides, soyons vigilants.
Et place à l’analyse pour tirer les leçons de cette situation de surenchère politique qui dure depuis plus de deux ans et demi. Une situation de pourrissement ayant entraîné l’installation d’une atmosphère délétère avec des conséquences douloureuses et une incommensurable perte de temps pour le pays.
A mon sens, voici quelques leçons importantes à tirer de tout ça:
Cette classe politique n’est pas digne du peuple de Guinée. A aucun moment, le peuple, sa condition, son intérêt, son unité n’ont été au centre des débats. Il a été mené une lutte sans merci pour le pouvoir, une lutte d’une violence inouïe avec un argument bateau : « la lutte pour la démocratie ».
Les partis aux socles ethniques représentent des bombes à retardement qui, un jour, si nous ne faisons rien, finiront par faire voler en éclats l’unité de notre nation.
Les extrémistes et les jusqu’au-boutistes ont aujourd’hui beaucoup trop de poids sur l’échiquier politique. A l’avenir, seuls un réveil et une prise de conscience profonde des esprits rationnels nous épargneront le chaos.
Les ethnies en Guinée n’ont pas de problème entre elles. La vie de tous les jours le prouve largement. Ce sont les politiciens aux arguments limités qui utilisent la fibre ethnique pour parvenir à leur fin. Quel que soit leur bord politique, nous devons les dénoncer et les combattre.
Les fondements de notre société multi ethnique ont été mis à rudes épreuves, notre vivre-ensemble a été mis en danger parce que nous avons manqué de discernement. Désormais avant de nous affronter dans la rue pour des raisons politiques, obligeons d’abord les politiciens qui nous y incitent à aller se battre autour de la table à coup d’arguments.
Pour une meilleure acquisition de la culture démocratique, il est plus que jamais nécessaire de réfléchir à des mécanismes qui permettront de donner les moyens adéquats aux différents partis politiques pour éduquer leurs militants.
Tous les compromis faits aujourd’hui par les uns et les autres, auraient pu être obtenus il ya belle lurette et le lourd tribut payé par le peuple de Guinée aurait pu être évité. Mais le jusqu’au-boutisme a entraîné le sacrifice des fils de Guinée sur l’autel des intérêts égoïstes. Nous devons en tirer les conséquences!
L’une des raisons fondamentales de la crise de confiance est que de part et d’autre, bons nombres de protagonistes sont les fruits de plusieurs décennies de régimes antidémocratiques dont les règnes ont été jalonnés de fraudes électorales à grande échelle. C’est pourquoi dans ce difficile apprentissage de la démocratie, notre salut ne viendra que d’un renouvellement de la classe politique.
J’appelle mes compatriotes à méditer sur les points susmentionnés. Indépendamment de nos croyances, de nos tendances politiques ou de notre appartenance ethnique, il est temps de mener une réflexion profonde pour trouver les voies et moyens d’éviter à notre pays d’autres épreuves douloureuses susceptibles de mettre en péril les fondements même de son existence en tant que nation unie et indivisible.
N’acceptons plus que nos acquis soient mis en péril !
Puisse Dieu bénir la Guinée !
Laye Bamba
Toulouse, France
Analyste Politique de www.actuconakry.net
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