LE NAVIRE DE L’OPPOSITION TANGUE-T-IL VERS LA DÉRIVE ?
La politique est un autre monde dans lequel le jeu des intérêts est une règle d’or. C’est pourquoi le paysage politique est un perpétuel recommencent.
Chez nous avec cette promiscuité des partis politiques un phénomène d’osmose se produit et on assiste ainsi à la création des alliances parfois cohérentes ou des alliances contre nature. Autant les intérêts convergent, autant l’harmonie dans l’alliance est stable.Des stratégies sont alors peaufinées et tout y est pour le meilleur des mondes.
Mais une fois le moindre trouble dans l’alliance, l’harmonie vole en éclats, la cohabitation devient donc exécrable. Ceux qui avaient été unis par convergence, se disloquent par divergence et se regardent désormais en chiens de faïence dans une atmosphère hautement électrique. Une alliance contre nature est toujours improductive car elle ne se fonde jamais sur une base rationnelle. Ou c’est par esprit vindicatif que les éléments s’associent ou par calcul arithmétique lorsque l’on entrevoit une issue victorieuse.
Aujourd’hui l’opposition radicale ou encore républicaine bat de l’aile à cause des dissensions internes qui ont miné son harmonie. Pour une querelle d’égo, son allié principal a pris ses distances car leurs avis ont été partagés sur le problème de candidature unique pour l’alternance en 2015. Ce combat hégémonique a mis au grand jour l’apparente harmonie de cette alliance. Un relent d’incompatibilité s’est installé entre eux et les langues se sont déliées. La suite c’est le divorce entre l’UFR de Sidya et l’UFDG de Dalein.
Ce couple constituait l’épine dorsale de cette alliance, sa désintégration va sonner le glas de l’opposition dite républicaine. Chaque partie défendra sa position dans un message plein d’hostilité et de mépris de l’autre, comme pour dire que chez eux, après l’amour c’est la haine.
Cette situation inattendue n’était pas sans dommage pour l’UFDG qui au départ avait minimisé son impact. Mais au fur et à mesure que Dalein analysait la situation, il comprendra que les autres partis saprophytes qui l’entourent n’ont aucun poids. Il faudra alors chercher coûte que coûte un autre allié qui puisse le renforcer dans sa conquête du palais Sèkhoutouréya. C’est dans cette optique qu’il fera le déplacement sur Ouagadougou et la suite tout le monde le sait.
Au sein même de l’UFDG Dalein d’ailleurs ne fait plus l’unanimité, des voix commencent à s’élever pour dénoncer la gestion du parti. Depuis belle lurette il a été demandé un congrès qui tarde à se tenir. Le doute plane sur sa tenue et même s’il se tenait pour des raisons inavouées, ce sera une simple reconduction et le plébiscite de Dalein.
Mais ce qui est alors plus inquiétant c’est la démission en cascade des militants et aussi des hauts responsables qui veulent quitter le navire avant le naufrage collectif. La hantise permanente de Cellou Dalein est son prétendu raisonnement : tous contre un. Ce n’est pas en nouant les alliances qu’il peut inverser une telle tendance à la vie dure.
La vie ensemble dans la nation a permis à chacune de nos ethnies à se connaitre suffisamment. Par le passé nos grands parents ont signé des pactes pour définir tous les paramètres nécessaires à une sociabilité et à une harmonie entre eux. En se référant à l’histoire, on se rend compte de la solidarité et de la fraternité qui naguère existaient entre les populations de notre pays.
Mais depuis que le blanc est parti, on a assisté à la création de cloisons étanches entre les ethnies. C’est ce qui a amorcé le repli identitaire auquel on a greffé les caractères moraux. Depuis 1958 jusqu’à nos jours, tous les votes se déroulent de la même manière, il y’aura toujours un seul contre tous. Pour inverser cette tendance, il faudra le courage, la vérité et la persévérance. Malheureusement comme la tradition orale, nos défauts sont transmis fiévreusement à la jeune génération et qui négativement radicalise sa position.
Si Dalein pouvait se demander « pourquoi les gens m’évitent », la réponse à cette question l’aiderait mieux qu’une quelconque alliance contre nature. Dans l’état actuel des choses, ses militants ont du mal à le comprendre dans sa gestion et dans ses points de vue jugés trop cavalier. Pourra-t- il recoudre le tissu déjà en lambeaux de sa base pour la prochaine consultation ? Ce n’est pas évident pour qui connait les hommes et leur conservatisme moral. Aujourd’hui la bataille est pour lui perdue d’avance, rien ne pourra désormais se faire vu le temps qui nous sépare du 11 octobre 2015. S’il a toujours compté sur sa communauté, il lui sera impossible de gagner son combat car, c’est l’ensemble des communautés qui portent quelqu’un au pouvoir et non une ethnie.
Famany CONDE,Professeur à Kindia pour www.actuconakry.com
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