http://ACTUGUINEE.ORG / Une fois n’est pas coutume, comme le veut l’adage, Mamadou Dian Baldé, journaliste et éditorialiste porte cette fois un regard sans concession sur notre monde du football, suite au revers essuyé par la Guinée, pour avoir aligné deux joueurs aux identités falsifiées lors de la CAN des U17. La guerre des mots autour du fameux projet de changement constitutionnel s’invite également dans cette chronique hebdomadaire « croustillante » de notre confrère.
Talibé Barry: Bonjour Mamadou Dian. Cette fois,
vous rejoignez la main courante des stades pour porter un regard sur la
sanction infligée à notre pays par la CAF, dans une chronique intitulée «
FEGUIFOOT ou comment sacrifier la barbe pour sauver la tête». De quoi ça retourne tout ça?
Mamadou Dian Baldé : A la Fédération guinéenne de
football (Feguifoot), c’est le branle-bas de combat pour tenter de sortir la
tête de l’eau. Ce, après la douche froide qu’elle vient de subir de la part de
la Confédération africaine de football (CAF). L’institution dirigée par Mamadou
Antonio Souaré a fait en effet appel auprès du Tribunal arbitral du sport
(TAS), de la sanction dont a écopé notre
pays, pour avoir aligné deux joueurs dont les âges auraient été falsifiés, lors
du tournoi des U-17 qui s’est déroulé récemment en Tanzanie.
Pour rappel, la Guinée a été dépossédée de tous les
lauriers arrachés pourtant de haute lutte lors de cette compétition africaine.
Après s’être pourtant vu rouge de plaisir.
La pilule est d’autant amère à avaler. Avec tout ce
que cette deuxième place a entrainé comme réjouissance chez nos populations,
qui ont accueilli les cadets en héros.
Que tout ça soit rayé d’un trait de plume, a de
quoi faire flipper le monde du football guinéen.
Cette supercherie reprochée à la Guinée pouvait
passer, n’eût été la pugnacité de la Fédération sénégalaise de football qui
s’est sentie blousée, et qui a porté des
réserves au niveau des instances de régulation de la CAF.
Quand l’alerte a été sonnée, la Fédération
guinéenne de football a préféré dormir sur ses lauriers que de prendre le
taureau par les cornes. C’était mal connaître le président de la (FSF), Me
Augustin Senghor, un homme au caractère nombriliste. Tout comme d’ailleurs son
homologue guinéen.
En attendant
le verdict du TAS, la direction de la FEGUIFOOT essaie de sauver la
face, par des sorties édulcorées. Cet exercice périlleux a été confié au
général Mathurin Bangoura, qui s’y prend mal en jouant les démineurs. Pendant
que Antonio Souaré reste sur son quant à
soi.
Pour ceux qui maîtrisent les rouages de la chose
footballistique, cette affaire est un labyrinthe dont la Guinée risque de
sortir à grand peine. Voyant mal le TAS
dire le contraire des sanctions prononcées contre notre pays. On a beau
implorer donc Saint expédit, c’est comme si la messe était dite, et cela de
façon définitive.
Pour ses détracteurs, ce recours au TAS de notre
instance du football, ne serait autre qu’un combat de mauvais aloi.
Ambiance de chasse aux sorcières
L’ambiance s’est dégradée selon vous au sein de la
Fédération, où une chasse aux sorcières a été déclenchée ?
Cette tempête qui secoue la FEGUIFOOT a créé un
climat de suspicion au sein de l’institution. Et comme toujours en pareils cas,
ce sont les lampistes qui seront sacrifiés en lieu et place des véritables
commanditaires. Comme le dit le proverbe « il faut savoir sacrifier la barbe
pour sauver la tête ».
C’est dans cette ambiance de chasse aux sorcières
que des noms de ceux dont les têtes
seront coupées bientôt commencent à
circuler sur la toile.
Il s’agit sans doute d’une fuite émanant de la
FEGUIFOOT, pour préparer d’avance les esprits. Les « coupables » de cette
falsification d’identité des deux joueurs, qu’il faut considérer comme des lampistes, ne sont pas les seuls possédés
de Mammon, au sein de notre fédération, chez qui l’intérêt prime tout.
C’est aussi ça le mal de notre pays. Toutes les
institutions sont gangrénées et ressemblent à un monde mammonien.
Dr Mariko la « mouche du coche » d’Alpha Condé
Dr Mariko, opposant malien et leader du parti SADI
s’est mis à dos une bonne partie de l’opinion, pour son soutien au fameux
projet de changement de constitution. C’est ce que vous mentionnez dans le
second volet de votre chronique ?
L’opposant malien Dr Oumar Mariko a profité de son
récent séjour à Conakry où il était venu commémorer le 14 mai, le 72ème anniversaire du PDG-RDA, pour
soutenir l’idée d’un changement constitutionnel, devant donner lieu à
l’avènement d’une quatrième république.
Par ces moments de vive tension autour de ce fameux
projet de changement de constitution, le leader du parti SADI n’a pas hésité à
s’afficher aux côtés de Alhousseyni Makanera Kaké du FND, devenu un
inconditionnel de la révision constitutionnelle, pour clamer haut et fort qu’il
est pour une ‘’quatrième république’’. Et d’ajouter : « Moi président
aujourd’hui, je changerai la constitution et je me présenterai autant de fois
que je voudrai… »
Du pain bénit pour le président Alpha Condé, qui
aime entendre ce genre de discours lénifiant.
Cette sortie
du Dr Mariko, qui joue la « mouche de coche » pour le président, a
provoqué un emballement de la toile. Devenant du coup le punching ball des
internautes qui lui tirent dessus depuis samedi.
On l’accuse de souffler sur les braises, dans le
seul but de tirer ses marrons du feu. Aux dires de ses détracteurs, l’homme ne
serait en réalité qu’un apprenti-sorcier, qui aime jouer les robins des bois.
Son discours ambivalent a quelque chose de surprenant, quand on sait que le leader du parti SADI s’était jusque-là
illustré comme étant l’un des pourfendeurs du pouvoir de Conakry.
Dr Koureissy Condé mi-figue mi-raisin
Il y a aussi cette sortie du Dr Koureissy Condé de l’Arena qui continue de
faire polémique. On le taxe de soutenir lui aussi le chef de l’État, n’est-ce
pas Mamadou Dian ?
Des internautes et autres commentateurs friands de
l’actualité de notre landerneau politique sont tombés à bras raccourcis sur le
président de l’Alliance pour le renouveau national (Arena), Dr Koureissy Condé, l’accusant d’apporter de
l’eau au moulin des porteurs du projet de changement constitutionnel.
Il lui est reproché d’avoir servi un discours
ambigu à l’opinion, lors de sa conférence de presse qui s’est déroulée la
semaine dernière à la Maison de la presse.
Il faut reconnaitre que Koureissy n’avait pas pris
position en effet, dans sa sortie. Le
leader de l’Arena est resté plutôt mi-figue mi-raisin.
Quand il déclare à la fois: « Le président de la
République a effectivement le droit d’organiser un référendum, et ceci est
inattaquable du point de vue du droit. Je ne suis pas supporteur, animateur ou
promoteur d’une nouvelle constitution, mais je parle de droit. L’initiative
référendaire appartient effectivement au président qui détient une partie de la
souveraineté, s’il est légitimement élu», son discours tranche avec celui du
Front qui, lui, est opposé à tout changement constitutionnel. Cela revient à
dire que Dr Koureissy s’est mis du bon côté du manche. C’est du moins ce
qu’affirment ses détracteurs.
Bien qu’il fasse prévaloir son réflexe d’ancien
activiste de la société civile, en proposant la mise en place ‘’d’un organe consultatif ad hoc pour éviter
les passions et les violences.’’
Mais cette parade ne passe pas aux yeux des anti troisième mandat qui le soupçonnent
de partager l’esprit de coterie, qui prévaut en ce moment autour du chef de
l’État.