http://Actuguinee.org / Le président de l’antenne du conseil régional des organisations de la société civile de Kankan ( CROSC ), se réjouit des mesures coercitives enclenchées récemment par les autorités de la transition contre les auteurs de l’exploitation illégale de l’or qui ont rasé plusieurs hectares de terres boisées dans les zones aurifères de la région : « J’ai été ahuri de voir des opérateurs associés à des étrangers pour exploiter nos mines, sans aucun dossier .
On ne pouvait pas imaginer, l’autorité étant là, que cela pouvait arriver. Or, c’est ce qui est arrivé à Siguiri et à Mandiana. On a vu des Chinois et des Guinéens qui avaient de grosses machines en train d’exploiter l’or et détruire l’environnement », a-t-il déploré. Récemment, plusieurs dirigeants de l’administration publique ont été destitués dans les préfectures de Siguiri et Mandiana, jugés et condamnés à des peines de sursis et au paiement de lourdes amendes. Idem pour plus d’une quarantaine d’orpailleurs, des ressortissants chinois en majorité, tous en lien avec l’exploitation illégale de l’or et la dégradation de l’environnement :
« C’est pas évident que l’autorité ne soit pas au courant de la présence de ces gens là », soutient cet activiste qui se souvient également d’autres impacts négatifs, lors d’une visite qu’il a effectuée dans certaines zones d’orpaillage de la région : « Il y a quelques années, on est allé à Siguiri et à Kerouané pour sensibiliser la population, pour leur dire que la déscolarisation des enfants pour les mines était la pire des choses.
C’était hypothéquer l’avenir de ces enfants là, parce que le jour que l’exploitation superficielle là va finir, il faudra de gros moyens. Ils ne pourront pas. Donc, mieux vaut garder les enfants à l’école pour préparer leur avenir.
Mais, on n’a pas été compris et voilà qu’aujourd’hui, trop de jeunes enfants qui n’ont pas d’autres débouchés, qui n’ont rien obtenu dans les mines, certains se livrent même à la délinquance. Donc, ça a compliqué leur vie », se révèle le docteur Lonceny Cherif. Entre les pour et contre de cette activité lucrative, notre interlocuteur semble pessimiste quant à sa fermeture systématique mais suggère des conditions protectrices de l’environnement :« Nous savons que l’exploitation là ne date pas d’aujourd’hui mais, les temps ont changé.
Il est temps d’organiser ces exploitants artisanaux , faire des parcelles, les mettre sur ça. Donc, le mieux maintenant, c’est de les organiser parce qu’avant, il n’ y avait pas tout ce monde là. Ces zones minières là sont des préfectures qui attirent toute la population. Les gens viennent d’un peu partout, même de l’extérieur. Tout le monde accourent vers ces zones . Donc, si c’est pas bien organisé, on ne pourra qu’assister à la déforestation massive et à la paupérisation de nos populations », alerte le docteur Lonceny Cherif. Mi-février 2017, le régime d’Alpha Condé, déchu le 5 septembre 2021, avait organisé une journée nationale de l’orpaillage afin, dit-on, de réglementer le secteur.
Au nombre des points débattus figuraient, entre autres, l’attribution de parcelles à des acteurs recensés et la mise en place d’une équipe d’encadrement par site. Le tout couronné par la signature d’un protocole d’accord entre la Banque de Développement de Guinée (BDG) et l’Union Nationale des Orpailleurs de Guinée (UNOG), dans le cadre de la fourniture des équipements de traitement de l’or en vue de l’application de nouvelles méthodes d’exploitation conformes aux directives internationales socio-environnementales et sécuritaires.
Six ans après, les choses sont restées lettres mortes et les dégâts humains et environnementaux, montés d’un cran dans les zones aurifères de la région.