Kankan/Bilan de l’an 2 du CNRD : Des acteurs politiques et de la société civile s’expriment ….

http://Actuguinee.org / Deux ans après la chute du régime d’Alpha Condé, suite à un putsch perpétré par le groupement des forces spéciales, une unité d’élite de l’armée guinéenne, des acteurs politiques et de la société civile de Kankan apprécient diversement les réformes engagées dans la perspective d’une transition réussie et apaisée, sous le leadership du comité national de Rassemblement pour le développement (CNRD), organe central de gestion mis en place à cet effet, avec à sa tête le colonel Mamadi Doumbouya.

Tous ou presque s’accordent sur un bilan mitigé et suggèrent des améliorations, par endroits, afin de répondre aux aspirations du peuple.

Antoine Dôgbô Milimono est le secrétaire fédéral de l’UFDG :« Sur le plan judiciaire, eux-mêmes ( les magistrats), ils avaient fait leur mea-culpa quand ils ont dit au Président Mamadi Doumbouya  « nous étions dans la contrainte ». Mais en réalité, cette boussole, c’est le nord ou c’est le sud ? Sinon tous ceux qui ont travaillé au temps de Alpha Condé ont fait la gabegie financière. Pourquoi elle ( la poursuite judiciaire) est sélective ? Nous voyons les buildings qui sont là, ces personnes ne sont pas inquiètes. C’est quelques-uns dans le temps, qu’on a ramassés…on est en train d’animer la galerie. Il n’y a pas de dialogue politique. Ce sont ceux là qui veulent grignoter à côté du CNRD qui disent « Tout va bien ! », selon cet ancien opposant au régime déchu le 5 septembre 2021.

Pour Lanciné Condé secrétaire fédéral du parti Bloc Libéral en même temps conseiller communal : « En ce qui concerne les deux ans du CNRD, par endroits, c’est bon, par endroits c’est pas à apprécier. Si nous prenons dans sons contexte normal, la transition se fait pour les politiques mais, la transition aujourd’hui de la Guinée, se fait sans les politiques. Ça, c’est pas quelque chose à apprécier, parce qu’il y a un agenda bien déterminé qui doit être suivi, qui doit être un chronogramme de toutes les activités de la transition. Mais,ce chronogramme est mal connu des Guinéens.  Nous avons besoin d’une large information, de voir pratiquement ce qui est en train de se faire pour arriver à une élection crédible, transparente et acceptée de tous. Parallèlement à ça,  si nous prenons la continuité de l’État, ça quand même, c’est à respecter, vu que depuis que le CNRD est venu, les dossiers de l’ancien régime, le régime déchu, sont en grande évolution que nous apprécions beaucoup. La moralisation de l’administration, nous apprécions ça aussi très sincèrement. En ce qui concerne le marché, à un moment, il y avait la stabilité du marché mais maintenant là, comme vous pouvez constater, le prix du riz a beaucoup grimpé. L’argent ne circule pas. La création de l’emploi fait aussi défaut. Ça veut dire que l’État même ne fait pas actuellement la promotion de l’entrepreneuriat. Les ONG sont laissées pour compte. Quand on évolue dans ce sens, je crois que la transition se faira dans beaucoup de souffrance. Sur le plan judiciaire, par endroits, c’est bon. Si nous prenons le jugement du 28 septembre, ce jugement a éveillé la conscience des Guinéens et a donné une grande crédibilité au CNRD. Excepté cela, les anciens dignitaires qui sont arrêtés, depuis un beau temps,  jusqu’à présent, il n’ y a  pas de jugement à ce niveau », dit-il.

Quand au docteur Lonceny Cherif président de l’antenne du Conseil des Organisations de la Société Civile Guinéenne (CROSCG) :

« A voir de près, il y a eu du concret. Il faut le reconnaître. Et je ne pense pas que certains quartiers de Conakry puissent me démentir. Il y a des routes qui ont reçu du bitume là-bas, il y a très longtemps, ce n’était pas le cas. Aussi, il y a eu l’accélération et l’achèvement des travaux de bitumage sur la route nationale Coyah-Kouroussa. Par rapport au dialogue politique moi, je pense que la meilleure des choses, était que tout le monde vienne au dialogue et qu’on discute de l’avenir de notre pays. Mais, s’il y a d’autres politiques qui ne viennent pas à ce dialogue là, on ne peut pas leur en vouloir, c’est leur volonté. C’est ça la démocratie aussi. Parlant de la justice, vous avez vu tout ce qui se passe maintenant dans notre pays, avec le ministre de la justice (Alphonse Charles Wright Ndlr) qui est sur tous les fronts par rapport à l’exécution des décisions judiciaires. Le seul reproche que je fais, c’est que des anciens dignitaires sont en prison, ils ne sont pas jugés, ils n’ont pas bénéficié, même de la liberté provisoire, qui a été demandée à maintes reprises. Et je crois qu’il est temps ,quand même, de montrer au peuple, la véracité de tout ce qui a été dit. Parce que c’est la justice qui a dit qu’il y a eu corruption, qu’il y a eu beaucoup d’actes de corruption et autres. Maintenant, c’est à la justice de montrer, de mettre sur la table ces actes de corruption là, pour que tout le monde se face une idée de ce qui s’est passé », selon le docteur Lonceny Cherif.

Sékouba Traoré lui, il est coordinateur régional de la Maison des Associations et ONG de Guinée (MAOG):

« Les efforts du gouvernement de la transition, en l’occurrence, le CNRD, c’est un bilan qui est globalement satisfaisant. Çà,  il faut avoir le courage de le dire. Il ne faudrait pas peindre le tout en noir : la réforme de l’armée, le rajeunissement de l’administration, le bitumage des infrastructures routières comme le pont Milo qui était dans sa phase terminale, de vétusté très avancée. Aussi, nous n’étions pas en sécurité mais, avec l’arrivée de la Brigade Anti Criminalité ( la BAC 23), nous commençons à sentir la sécurité à travers la région administrative de Kankan .

Il y a aussi des choses que le CNRD doit améliorer pour répondre aux aspirations d’une société nouvelle en Guinée notamment, l’employabilité de la jeunesse qui en souffre un peu dans le pays. Sur le plan environnemental, nous, activistes de la société civile, avons constaté une dégradation très poussée de notre environnement par le fait de l’exploitation artisanale des mines mais aussi par le fait de la transgression causée par les entreprises minières. Donc, il faudrait qu’il y ait un paramètre de contrôle à ce niveau. Nous invitons le CNRD à mieux outiller la société civile,  à mieux outiller nous, les activistes de la société civile afin de participer activement au processus de développement socio-économique de notre nation… parce que l’État ne peut pas tout entreprendre. Cela peut être aussi une façon d’alléger le fardeau économique de l’ETA. Actuellement, nous sommes conscients que la Guinée se trouve à moment stratégique de son histoire. Vous savez, le régime de la transition est appelé ‘’ le régime de la méfiance ‘’ par les institutions financières internationales. Cela a impacté tout les secteurs de l’économie notamment, celui des activistes de la société civile parce que, c’est à travers ces institutions internationales que nous vivons.  La société civile guinéenne ne reçoit pas de fonds de l’État pour mener sa mission et c’est ce qui explique aussi notre faiblesse », selon Sékouba Traoré de la MAOG.

Propos recueillis et décryptés par Mamadi CISSE pour Actuguinee.org

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