Journée Internationale des Femmes : Une femme sauve la République, je te salue Catherine ! (Dr Morissanda Kouyaté)
En ce 8 mars 2016, Journée internationale des femmes, au moment où je suivais la commémoration de cette importante dans la salle Nelson Mandela au siège de l’Union Africaine, une idée me traverse et je dis : les actes et les exemples doivent l’emporter sur les discours en faveur des femmes. Eh hop ! à mon ordinateur pour écrire en 10 minutes cet article.
Nous nous battons tous les jours pour renverser les paradigmes qui classent faussement, bêtement et injustement les femmes au bas d’une échelle invisible, établie par des esprits invisibles, dans une compétition pourtant gagnée, d’avance, par les femmes. La preuve par le bon exemple, est la seule vérité qui vaille.
Puisqu’il s’agit d’exemple, nous en avons exceptionnellement un, dans un monde qui sent la poudre à canon, le sang, le désespoir, l’injustice et la haine de l’autre. Parce qu’il s’agit d’une femme, ce bon exemple est passé comme une lettre à la poste alors qu’il s’agit bel et bien d’un événement historique.
Tout le monde se souvient, peut-être, de la violente guerre civile qui a éclaté en 2013 en République Centrafricaine, opposant de faux hommes politiques armés de bazookas, de seleka, d’anti-balaka, de Coran et de Bible, dont les seules victimes sont des femmes et des enfants, errant dans des buissons insécurisés, mangeant des racines et des fruits sauvages, violés par des ‘’gardiens’’ internationaux, pendant qu’ils sont assis sur de l’or, du diamant, de l’uranium et autres cobalt.
Devant ce tableau apocalyptique, personne, y compris les plus grands scoliastes de la politique internationale,je dis bien, personne n’attendait une Centrafrique debout et normalisée avant plusieurs années.
Pourtant, après que fussent sensibilisés, non sans mal, ceux qui pensaient que le pays était trop dangereux pour le confier à une femme ;et à titre d’essai, Mme Catherine Samba-Panza fut élue Chef d’État de la transition le 23 janvier 2014, par le Parlement transitoire centrafricain.
Dans une telle ambiance négative, une transition politique peut ‘’acceptablement’’muer vers uneprésidence à vie, soutenue par des lois fondamentales qui nagent et voguent au gré de l’âge, de l’humeur et de l’ambition du leader qui n’a pas encore fini ses grands chantiers. Suivez mon regard.
Comme la plupart des présidents de transition en Afrique, Catherine aurait pu suivre la voie normale de l’anormalité : prolongation de la transition, changement des textes de la transition, déviation de la transition, récupération de la transition, ‘’démocratisation’’ de la transition, élection d’un proche du chef de la transition, trahison des aspirations des peuples en transition ou simplement une autre guerre après la transition.
Non ! Catherine a refusé de suivre cette mauvaise voie, souvent tolérée par nos anciens ‘’maîtres’’ devenus de loyaux coopérants sous le manteau de la communauté internationale et qui manœuvrent la démocratie africaine à plusieurs vitesses.
Elle a fixé comme cap, la consolidation par l’épreuve, de la vérité qui dit que les femmes peuvent aussi bien et surtout peuvent plus et mieux que des hommes.
Menacée, agressée, insultée, dénigrée, vilipendée, la Catherine resta au centre, à la manœuvre pour finalement faire atterrir élégamment l’avion RCA, avec quelques petites turbulences.
Attention ! la pilotevient d’être remplacée par un pilote. Il ne nous reste plus qu’à prier pour que le changement de genre n’affecte pas le décollage, la traversée et le prochain atterrissage d’Air Centrafrique.
Les misogynes réagiront en disant que Catherine ne sort pas toute blanchie de cette épreuve. Oui elle ne sort pas innocente de cette épreuve mais elle en sort grandie, un étendard flottant dans ses mains, sur lequel est écrit ‘’pour faire mieux, faisons femme’’.
Aux filles et femmes d’Afrique et du monde, vous êtes toutes des Catherines, vous devez conquérir vos droits et assumer vos devoirs pour que notre monde sorte de l’état dramatique dans lequel les hommes dits forts l’ont plongé.
Avant de conclure cette réflexion, je me suis sentibrusquement inconfortable avec le nom Catherine pour désigner cette femme africaine exceptionnelle. J’ai peur que l’on dise qu’elle a puisé sa force, sa détermination et ses qualités de leader de ses illustres homonymes devancières : Catherine Première de Russie, Catherine de Médicis,Catherine d’Autriche… valeurs humaines, certes, mais loin de notre cher continent.
Alors pour moi, Catherine Samba-Panza ne peut être Catherine ; elle est DAMBA, et j’ajouterai Mosso DAMBA qui signifie dans ma langue Mandingue une femme d’exception, pétrie de pouvoir et de talent au service de son pays. Mosso DAMBA, je te salue !
Qui dresse la liste des candidats pour le Nobel de la Paix ?
Bonne fête du 8 mars, Mosso DAMBA et à travers toi, bonne fête à ma mère et à toutes les femmes du monde.
Dr Morissanda Kouyaté
Directeur Exécutif du Comité Inter-Africain
une femme de paroles remplie de courage ………….un exemple pour femme …. Madame tu es mon idole