Guinée : tout savoir sur les dessous de la libération des leaders du FNDC….
Le 10 mai dernier, les responsables du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC) à savoir Foniké Mengué, Ibrhaima Diallo et Billo Bah, ont été libérés sans aucune procédure judiciaire après plusieurs mois de détention passée à la maison centrale de Conakry.
Cette libération des leaders du FNDC a été facilitée par les chefs religieux qui ont fait office de médiateurs auprès du ministre de la Justice et des Droit de l’Homme Alphonse Charles Wright.
L’extirpation dans les geôles de la maison d’arrêt de ces trois figures de proue du mouvement social guinéen ces dernières années, a été précédée par une succession d’évènements et de négociations jusque-là peu connus.
Dans l’émission Mirador de Fim Fm ce mercredi 31 mai 2023, Ibrahima Diallo a révélé les tractations qu’il y a eu entre eux, les chefs religieux et le Garde des Sceaux, qui ont conduit à leur libération. Il explique :
« Quand les religieux ont décidé de nous rencontrer, on a été informé par l’administration pénitentiaire et on a donné notre OK. Quand ils (les chefs les religieux ndlr) sont venus, ils étaient accompagnés par le ministre de la Justice, et nous, on ne voulait pas rencontrer le ministre de la justice, pour la simple raison qu’on ne peut être dans l’illégalité et continuer à recevoir quelqu’un que nous pensons être derrière la situation dans laquelle nous sommes. Donc nous n’avons pas voulu qu’il fasse partir de la délégation et qu’on s’assoie sur la même table pour discuter (…) Les religieux sont venus avec le secrétaire général des affaires religieuses. Donc nous avons échangé parce qu’ils sont venus en bonne foi, en toute honnêteté et en toute franchise, pour nous transmettre le message du gouvernement, pas leur message. Ils nous ont informés que le gouvernement a accepté de nous libérer sous conditions, sous contrôle judiciaire, et que de notre côté, on doit s’engager de ne pas poser des actes de nature à compromettre la transition, notamment les manifestations. Donc les religieux nous ont dit que la contrepartie là, eux, ils ne peuvent pas répondre à ça, ils sont porteur d’un message, nous sommes les mieux placés pour répondre à cela. Du coup notre réponse n’a pas tardé, on a dit qu’on ne peut pas accepter une condition pour notre libération, nous demandons un procès juste et équitable. On leur a dit soit on organise notre procès ou alors qu’on nous libère tel qu’on nous a arrêté, donc c’était le deux. Le lendemain dans la soirée, le directeur de l’administration pénitentiaire est venu nous chercher vers 21h et nous a dit qu’il est porteur d’une décision de son chef, qui est le procureur général près la cour d’appel de Conakry pour procéder à notre libération. Nous lui avons posé la question, une libération simple tout court ? ou bien une libération conditionnelle ? Il nous a dit, que de nous libérer, il n’y a aucun document qui accompagne. On a échangé avec nos avocats et on a également échangé avec le procureur qui nous a rassuré en mettant en avant le principe disant ‘’la détention est l’exception et la liberté est la règle’’. Donc qu’on peut venir se présenter librement le jour où ils vont programmer le procès. C’est ainsi vers 23h qu’on est sorti. Mais nos avocats ne se sont pas associés au process parce que ce n’était pas la meilleures pour cela », a-t-il révélé
Par ailleurs, en dépit de leur libération sans condition, le responsable des opérations du FNDC réclame cependant la tenue d’un procès. « Nous continuons à réclamer un procès juste et équitable. Mais le parquet ne nous a pas encore signifié la date du procès. Donc nous sommes toujours dans l’attente. Dès que nos avocats seront saisis on va nous informer et on va s’organiser pour répondre librement », a fait savoir Ibrahima Diallo