Guinée : le rapport 2 du FJAPUA accable plusieurs acteurs de la société civile (copie)

Dans un rapport dont nous disposons copie intitulé Rapport II sur la politisation de la société civile guinéenne (mai 2021), le Forum des Jeunes Africains Pour la Promotion de l’Union Africaine (FJAPUA) fait, entre autres, une analyse comparée des rapports d’Amnesty International pour la Côte d’Ivoire et pour la Guinée, deux pays qui ont en effet traversé des épreuves similaires en bien des points.
Ce rapport présente aussi un répertoire des organisations de la société civile guinéenne spécialisées dans la défense des droits de l’homme et apporte quelques éclairages sur les relations régissant ces organisations entre elles et, aussi avec le monde politique.
Ses rédacteurs affirment que les conclusions 2020/21 d’Amnesty International sont déséquilibrées selon qu’il traite des événements sur la Guinée ou sur d’autres pays (comme la Côte d’Ivoire) pour des événements pourtant, selon eux, similaires.
Ci-dessous, copie du rapport :
FJAPUA Forum des Jeunes Africains Pour la Promotion de l’Union Africaine
A/N° 5918/MATD/CAB/SERPROMA/2013
Société civile et partis politiques en Guinée :
les liaisons dangereuses
Rapport II sur la politisation de la société civile guinéenne (mai 2021)
FJAPUA – Rapport II sur la politisation de la société civile guinéenne (mai 2021) 1
Introduction
A la suite de la publication de notre premier rapport sur la politisation de la société civile guinéenne au mois de mars 2021, FJAPUA a enregistré la réaction de plusieurs activistes de la société civile et reçu leur contribution à l’éclaircissement du contexte sociopolitique guinéen.
Les associations suivantes ont ainsi rejoint notre initiative : Citoyens Engagés pour le Changement Positif (CECP), Le Parlement de la Société Civile Africaine (PSCA), le Mouvement des Femmes de Guinée (MFG), l’Observatoire des Droits de l’Homme, de la Citoyenneté et de la Sécurité (ODHCS), l’Union des Grands Amis Pour la Développement et la Non- Violence (UGAVA), l’UNAFEG (Union Nationale des Femmes de Guinée) et la Coordination pour la Défense et la Promotion des Albinos de Guinée (CODEPAC).
Le présent rapport vient à la suite de celui du mois de mars 2020 sur la base des compléments d’’informations recueillis et des observations effectuées. Il procède notamment à une analyse comparée des rapports d’Amnesty International pour la Côte d’Ivoire et pour la Guinée. Ces deux pays ont en effet traversé des épreuves similaires en bien des points.
Ensuite, ce rapport présente un répertoire des organisations de la société civile guinéenne spécialisés dans la défense des droits de l’homme et apporte quelques éclairages sur les relations régissant lesdites organisations entre elles-mêmes et avec le monde politique et sur l’incohérence de certaines de leurs prises de position sur les droits de l’homme.
Enfin la croyance selon laquelle la Guinée ne fournit pas suffisamment d’informations sur les violences politiques est démentie par la revue de presse de l’année 2020.
Résumé
Les conclusions du rapport 2020/21 d’Amnesty International sont déséquilibrées selon qu’il traite des événements sur la Guinée ou sur d’autres pays (comme la Côte d’Ivoire) pour des événements pourtant similairesLa liste des organisations des droits de l’homme en Guinée fait apparaître des liens étroits entre elles et avec la politique
Il existe suffisamment de sources d’informations pour équilibrer les rapports sur les violences politiques en Guinée
FJAPUA – Rapport II sur la politisation de la société civile guinéenne (mai 2021) 2
Rapport Amnesty International 2020/21 sur la situation des droits humains dans le monde : Analyse comparée du traitement des cas ivoiriens et guinéens et du choix des qualificatifs.
Extraits du rapport sur la Côte d’Ivoire(pages 174 à 176) :
HOMICIDES ILLÉGAUX
En août, de violents affrontement sont opposé des sympathisant·e·s du parti au pouvoir et des partisan·e·s de l’opposition. Selon les chiffres officiels, 85 personnes sont mortes et 484 ont été blessées lors de ces échauffourées, avant, pendant et après l’élection tenue fin octobre.
Entre le 21 et le 22 août, des violences ont éclaté à Divo et Bonoua entre des sympathisant·e·s d’Alassane Ouattara et de partis d’opposition après la dispersion des défilés de femmes (voir Liberté ́de réunion). Sept personnes ont été tuées et des biens ont été détruits. Entre le 19 et le 21 octobre, au moins 16 personnes ont trouvé la mort et des dizaines d’autres ont été blessées à Dabou, selon le ministre de la Sécurité ́et de la Protection civile. Au cours des 10 joursqui ont suivi l’élection du 31 octobre, le Conseil national des droits de l’homme1a dénombré ́55 morts et 282 blessés, ainsi que des milliers de personnes déplacées du fait des violences, notamment dans les localités de Yamoussoukro, Téhiri, Tiébissou, Bongouanou, Daoukro et Toumodi.
Extraits du rapport sur la Guinée(pages 224 à 227)
HOMICIDES ILLÉGAUX
Les forces de défense et de sécurité ́ont fait usage d’une force excessive contre des manifestant·e·s. Des dizaines de personnes ont été abattues et de nombreuses autres ont été blessées par balle ou touchées par des grenades lacrymogènes.
Entre le 21 et le 22 mars, au moins 12 personnes ont été tuées lors de manifestations organisées par le FNDC.
Le 12 mai, sept personnes ont trouvé la mort dans des manifestations, dont certaines ont tourné à la violence, dans les villes de Manéah, Coyah et Dubréka (région de Kindia) ainsi qu’à Kamsar (région de Boké)́. Elles dénonçaient la manière dont les forces de sécurité ́faisaient appliquer les restrictions de circulation liées à la pandémie de COVID-19.
Dans les jours qui ont suivi l’élection présidentielle d’octobre, au moins 16 personnes ont été tuées par les forces de sécurité ́alors qu’elles protestaient contre les résultats du scrutin. Les forces de défense et de sécurité ́ont également commis des violences à l’encontre des populations de quartiers de la capitale, Conakry, perçus comme favorables à l’opposition, tuant au moins un habitant de Wanindara le 1erdécembre, sans raison.
Selon les autorités, deux policiers ont été tués à Conakry, le 21 octobre et le30 novembre respectivement, et trois gendarmes et un soldat ont eux aussi trouvé la mort lors d’une attaque visant un train de la compagnie minière Rusal le 23 octobre, également dans la capitale.
Analyse des deux rapports :
A la lecture de ces deux rapports, le premier constat est l’approche fondamentalement différente et déséquilibrée au niveau des sources sur lesquelles s’appuie Amnesty International. Il est ensuite évident que la nature de ces sources détermine les conclusions du rapport sur les causes des décès selon les pays.
La nature des sources d’information :
Pour la Côte d’Ivoire, les seules sources citées sont exclusivement officielles. Même le « Conseil national des droits de l’homme » cité comme source pour une partie du bilan n’est autre qu’une autorité administrative2.
S’agissant de la Guinée, le rapport ne fait jamais référence aux déclarations des autorités officielles si ce n’est que pour mentionner les six agents de la force publique qui ont été tués. Comme pour s’abstenir de confirmer ces victimes et jeter le doute sur cette partie du bilan des violences électorales. Il est ainsi évident que toutes les autres statistiques du rapport sur la Guinée ont été données par leur représentant local et que Amnetsy considère que ces statistiques ne souffrent d’aucune contestation.
Elle est certes réputée indépendante mais elle a été créée par une loi (Loi 2018-900 du 30 novembre 2018) et ses membres sont désignés par décret.
Pourquoi dans un cas faire confiance au bilan donné par les autorités et dans l’autre s’appuyer exclusivement sur celui des ONG ou d’un représentant ?
Cette méthodologie est d’autant plus douteuse pour FJAPUA que nous avons recensé au minimum 27 (vingt-sept) communications du gouvernement sur les violences politiques entre le 6 janvier et le 30 novembre 2020 (voir le point 3 ci-après).
Les causes des décès :
Alors que pour la Côte d’Ivoire, Amnesty International prend le soin de préciser que ce sont des affrontements entre militants qui ont causé des morts, pour la Guinée l’ONG est catégorique : ce sont les forces de l’ordre qui ont tué.
Il est surprenant que, nulle part, s’agissant du rapport sur la Guinée, il n’est indiqué qu’il y a eu, comme en Côte d’Ivoire, des affrontements entre militants et parfois même interethniques. Pourtant, FJAPUA et plusieurs autres organisations de la société civile ont observé au même titre que des citoyens et des médias guinéens que des affrontements très violents entre militants ont non seulement causé des destructions de biens privés, des déplacements de familles entières, des blessés mais également des décès. Ces événement ont été relayés et commentés par la presse et par de communications officielles.
FJAPUA a effectué une revue de presse qui révèle qu’il y a eu au moins trois communiqués et cinq conférences de presse du gouvernement qui relatent les violences électorales et mentionnent des affrontements entre militants avec le bilan consécutif. Par exemple, nous avons retrouvé sur le site du gouvernement3le communiqué du gouvernement du 21 octobre 2020qui informe que : « Dansles préfectures de l’Intérieur, notamment à Kissidougou et à Coyah, des incidents ont été enregistrés entre militants de l’UFDG et ceux d’autres formations politiques, notamment du RPG Arc en ciel. Des tirs au calibre 12 ont été entendus dans le quartier Sogbè. Après l’intervention de forces de l’ordre, le calme est revenu. Cependant, le matin du 21 octobre, les affrontements entre militants ont repris par endroits.
Coyah, des militants se réclamant de l’UFDG ont attaqué le domicile du Chef de quartier de Friguiadi, saccagé et pillé le Poste de Police avant d’être dispersés par les services de sécurité. Un véhicule de la CMIS de Coyah a essuyé des tirs d’armes à feu dans le même quartier.
Plus grave, des attaques ciblées contre des concessions sont constatées à l’intérieur du pays, dans les quartiers de la haute banlieue de Conakry ainsi que contre les sièges des partis de la mouvance présidentielle et les domiciles des militants de ces partis. A propos, le Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation publiera la liste des faits.
Ces faits sont très malheureusement aggravés par des pertes en vies humaines. »
Comment se fait- il que ces événements qui ont également occasionné des morts ne soient pas du tout mentionnés dans le rapport d’Amnesty comme cause, ne serait-ce que probable, de certains décès ?
b) Le choix des mots :
Parmi d’autres incohérences et approches tendancieuses ont peu également noter une sémantique partisane quand il s’agit de la Guinée. L’extrait suivant du rapport d’Amnetsy en est la preuve :
En mars, le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), une coalition de partis politiques et d’organisations de la société civile, a été l’instigateur de manifestationsde grande ampleur contre un projet de réforme de la Constitution qui devait autoriser le président de la République à briguer un troisième mandat. Il a également appelé à boycotterles élections législatives et le référendum sur la Constitution, qui ont eu lieu le 22 mars. »
Observations :
Pourquoi le rapport ne précise-t-il pas que ces manifestations étaient violentes alors que le FNDC lui-même a assumé cette violence en reconnaissant par exemple publiquement avoir ordonné de « brûler du matériel électoral » ?
« Boycotter» n’est pas le terme approprié. Il s’agissait d’un appel à empêcher les élections « par tous les moyens ». Les leaders du FNDC ont clairement donné des consignes en ce sens et l’ont assumé ensuite. Alors que le boycott est actif et n’expose pas à des poursuites, l’empêchement de voter relève du droit pénal. Pourquoi le rapport change-t-il les termes du débat ?

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