Guinée : A qui faut-il imputer la responsabilité des accidents de Dubreka ?(Coup de gueule)

A moins d’une semaine, plus d’une trentaine de nos compatriotes viennent de perdre tragiquement la vie dans des accidents de la route à Dubréka. On accuse Dieu ou on s’en remet au sort ou encore au destin. Pourtant Dieu n’est pas un conducteur mieux, le destin n’est pas non plus un convoyeur ou un agent de la sécurité routière. Ces accidents sont les conséquences du laxisme administratif, de la corruption et de l’impunité qui caractérisent le pays. Les responsabilités sont à situées à plusieurs niveaux, chaque palier a sa part d’implication à des degrés certes différents.
  • De l’Etat: l’état de nos routes offre un spectacle désolant. Il est responsable souvent des accidents de la circulation qui se produisent. Les usagers de la route ne respectent pas les principes de la conduite à cause de la défectuosité de la chaussée. Pour éviter les cratères que l’on rencontre sur nos pistes, les chauffeurs sont obligés de rouler contre leur priorité pour ne pas abimer leurs véhicules. On se demande ce que font les travaux publics dans ce pays. Le fonds d’entretien routier existe-t-il réellement ? Si oui que fait-il pour soulager le trafic entre nos préfectures ? Le tronçon Conakry – Kindia long de 135 kms est un exemple illustratif éloquent. Les sociétés qui ont la charge de l’entretien sont venues faire un décapage sans pour autant penser à ce que cela peut entrainer comme effet négatif : la poussière et les cassures de bitume préjudiciables aux accessoires et pneumatiques. De Kagbélén au kilomètre 5 c’est un véritable parcours du combattant. Donc la responsabilité de l’Etat se situe à ce niveau, c’est ce qu’il doit effectivement prendre en compte.
  • De la police routière : les agents de la circulation routière doivent avant tout de veiller à la réglementation des transports. Le contrôle de la charge du véhicule pour éviter la surcharge et les chargements hors gabarit. Nos agents de la police routière ne se contentent que de rançonner les passagers pour empocher 5000 fg retirés avec des passagers qui n’ont pas de carte. On se soucie très peu du nombre de passagers dans le véhicule, du transport mixte etc. si la police routière faisait correctement son travail, on allait éviter au maximum ces hécatombes. Mais dommage cette conscience professionnelle a cessé de les habiter, ils ressemblent plutôt aux mendiants qui tendent une sébile dans les grands carrefours.
  • Des chauffeurs: La presque majorité des conducteurs sont des jeunes dont l’âge varie entre 25 et 30 ans. Rares sont ceux qui maitrisent le code de la route, ils sont hostiles au contrôle routier et n’ont aucun respect aucune considération pour les passagers qu’ils transportent. La surcharge est leur spécialité. Ils ne se gênent pas de prendre trois passagers dans la cabine pour se retrouver dans des conditions difficiles de manœuvre. L’excès de vitesse sur une route défectueuse et les dépassements vicieux sont entre autres les véritables causes des accidents qui endeuillent des dizaines de famille. Le souci fondamental de nos chauffeurs se limite à leur recette qu’il faut encaisser coute que coute.
  • De la responsabilité du syndicat des transporteurs: Aucun véhicule ne quitte la gare routière sans qu’il ne paye une caution à cet organisme. Sans parler de la destination de cette manne financière, on se demande a quoi sert ce syndicat qui ne prend aucune mesure pour normaliser le transport, en déterminant le nombre de passagers par véhicule. Mais tous les responsables syndicaux sont des transporteurs, ils ne peuvent prendre aucune mesure qui pourrait réduire leur marge de bénéfice. C’est dire que ce syndicat défend plutôt les chauffeurs en les accompagnants dans les familles des victimes avec 50.000 fg et un sac de riz, et se soucie très peu des passagers.
  • L’impunité : C’est le véritable drame que connait notre pays aujourd’hui, on peut se permettre tout sans se soucier des conséquences possibles. Les responsables des accidents sont mis aux arrêts pour un petit temps après, on les retrouve aussitôt derrière le volant. Les peines ne sont pas dissuasives c’est pourquoi il n’est pas rare d’entendre des chauffeurs dire : si je te tue, c’est 50.000fg et un sac de riz comme si cela valait le prix d’une âme. Les passagers aussi ne connaissent pas leur droit, comme des moutons de Panurge, ils acceptent tout même contre leur sécurité.
Il est alors temps de prendre les mesures réglementaires pour mettre fin à la tragédie sur nos routes. Trop de familles ont été endeuillées par l’insouciance, l’irresponsabilité et la démission de nos structures et institutions.
Il faut absolument revoir cette situation pour sauver encore des vies humaines

Sidimé Alpha Kabinet,Journaliste /Tel : 622 56 56 67

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