Face à Ebola, les erreurs du passé se répètent, déplore Médecins sans frontières

 

Plus d’un an après le déclenchement de l’épidémie d’Ebola en Guinée et en SIerra Leone, la présidente de Médecins sans frontières (MSF), Joanne Liu, a regretté samedi 13 juin qu’acteurs de santé et autorités répètent les erreurs du passé.
Face à la résurgence de l’épidémie dans son pays, le président sierra-léonais Ernest Bai Koroma a décrété vendredi un couvre-feu dans les secteurs affectés des provinces de Kambia et Port-Loko (nord-ouest), avec confinement des habitants à domicile obligatoire pendant 21 jours, durée maximale d’incubation du virus.
« Ce qui nous inquiète aujourd’hui, c’est qu’on a encore une trentaine de cas dans la région, qu’on a neuf préfectures confrontées à des cas et que ça continue à infecter de nouvelles préfectures », a indiqué Mme Liu, en référence à la Guinée et à la Sierra Leone voisines. Le nombre de nouveaux cas a augmenté dans ces deux pays pour la deuxième semaine consécutive, a annoncé mercredi l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Persistance des pratiques funéraires à risques
« On fait encore les mêmes erreurs que dans le passé, notamment par rapport à arriver dans des communautés avec nos kits de protection personnelle, des ambulances, et toujours des communautés qui ne sont pas informées sur ce qu’est Ebola », a déploré la présidente de MSF.
« On sait aujourd’hui que l’engagement de la communauté dans la réponse est essentiel », a-t-elle souligné, ajoutant: « Mais on sait aussi qu’un leadership au niveau gouvernemental, local, est absolument essentiel ».
Selon l’OMS et les autorités sanitaires, la persistance de pratiques funéraires à risques – les cadavres de malades d’Ebola étant particulièrement contagieux – constitue toujours un des principaux vecteurs de contamination en Guinée et en Sierra Leone, pays majoritairement musulmans. Un député sierra-léonais de la province de Kambia est ainsi en attente de jugement pour avoir organisé l’enterrement de son père selon le rite, avec lavage du corps, sans en avoir référé avec l’équipe en charge des « funérailles sécurisées ».
L’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest, la plus grave depuis l’identification du virus en Afrique centrale en 1976, partie en décembre 2013 de Guinée, a fait près de 11 200 morts sur quelque 27 000 cas identifiés, un bilan nettement sous-évalué, de l’aveu même de l’OMS, à plus de 99 % en Guinée, en Sierra Leone et au Liberia.

(avec Le Monde)

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