Dépolitisons l’enseignement supérieur et appliquons la culture d’excellence pour sortir la Guinée de sa léthargie actuelle

La république de Guinée est l’un des premiers pays à pouvoir créer des universités et centres de recherches en Afrique. Elle devenait alors le pôle d’attraction de nombreux étudiants et scientifiques qui venaient enseigner ou décrocher des D.E.S à l’I.P.K ; l’I.P.G.A.N.C ; le C.R.A ; l’E.P.G.E.I ; etc. Mais depuis la prise du pouvoir par l’armée, on assiste à une véritable chute libre de ces institutions à cause des nominations d’instituteurs à la tête de l’Enseignement Supérieur, la suppression des dortoirs et des cantines universitaires, la confiscation de la liberté d’expression des étudiants, la naissance de la corruption à grande échelle dans le milieu universitaire etc.
Il y a quelques années, nous sommes passés du système classique au système LMD pour faciliter l’enseignement en harmonisant les programmes et diminuant les diplômes dans le cursus académique. Mais-là encore, nous avons jeté nos étudiants dans la Guelle du loup dans la mesure où, si nous avons atteint une avancée sensible dans la définition du cadre institutionnel de ce LMD, le fonctionnement des I.E.S de nos jours reste une continuité de l’ancien système. Ce qui révèle une situation de déconnexion totale entre le cadre juridique et le fonctionnement du LMD en Guinée.
A titre illustratif, sans énumérer le faible niveau des services d’appui institutionnels, les comités de programmes qui devraient remplacer les départements dans leurs prérogatives ne fonctionnement pas normalement (Nommés au lieu d’être élus ; élus pour un an sont nommés et ne sont pas remplacés ; ne disposent pas de pouvoir réel qui leur confère le règlement des études…). Les UFR et UMR qui devraient remplacer les facultés au second cycle ne sont même pas mises en place à plus forte raison parlé de leurs fonctionnements. Le conseil d’administration qui devrait être élu pour remplacer les recteurs et directeurs généraux tarde à être mis en place. Une autre grande difficulté de fonctionnement concerne l’absence de ligne pour la recherche universitaire ! Devrions-nous continuer à enseigner à la belle parole de l’enseignant ou sur la base de ses propres productions documentaires et ses propres articles publiés dans les revues à comité de lecture varié ?
Il y a de l’argent qui tombe dans les poches des bureaucrates qui font fonctionner ce système marginal alors que l’enseignant-chercheur qui est l’enjeu principal des IES, se lamente sous des manguiers, faute de bureau ou de salle de professeurs appropriés. Un autre problème, c’est la formation des formateurs et leur valorisation à différents niveaux. Aujourd’hui, au moment où les autres pays cherchent à augmenter le nombre de leurs boursiers pour les études de M1, M2, Doctorat et post-Doc, les autorités du MESRS guinéennes ont coupé les compléments de bourse pour les enseignants en situation de formation. Pire encore, ceux qui sont revenus avec leurs thèses en main, souffrent de leur radiation à la FP parce que n’ayant pas été recensé et, ceux qui ont été recensé souffrent d’absence de prise en charge de leurs nouveaux grades académiques. Il y a de graves problèmes à l’ESRS mais tous les jours, on voit ces gens-là, à la petite télévision du soir entrain de chanter le changement devant le président de la République. Mais de quels changements parlent-ils réellement ? Attention, nous ne sommes dupes ! Le Pr Alpha CONDE n’a t-il pas prévenu « qu’on est assis sur des bombes » ? Que la jeunesse est une bombe ? En tout cas, on est fatigué de ce système qui nous marginalise!
A ce stade, Nous faisons donc un plaidoyer auprès de la haute autorité, afin d’attirer son attention sur des problèmes de fonctionnement et la nouvelle dynamique qui doit être la sienne pour revenir à notre place de leader régional. Pour cela, nous proposons un certain nombre de mesures urgentes à prendre et qui contrastent avec les objectifs du programme sectoriel pour l’enseignement supérieur, initié par le président de la République dans son livre : « La constance dans le changement ».

Ce sont :
1-A l’Enseignement supérieur, nommer les enseignants les plus hauts gradés à la tête du Ministère. Pour les IES, passer au régime présidentiel où seront candidats, les enseignants ayant fait leurs preuves de publications et ayant obtenus les grades de HDR et Pr.
2-Mettre en place rapidement les UMR et les UFR en lieu et place des départements au second cycle embryonnaires sans aucune visibilité. Ensuite mettre en place le SUDOC et équiper les services d’appui (services informatiques, bibliothèques, DEVU, laboratoires)…
3-Permettre une traçabilité des fonds alloués à ces IES sous forme de budget pour la recherche et non destiné à être partagés entre des individus comme fonctionnement des études. En lieu et place des fonds de fonctionnement des études, envoyer des consommables (craie, ardoisine, papier RAM A4, encres pour ordinateurs, imprimantes, scanner et autres..)
4-Appliquer le statut particulier notamment dans le recrutement des enseignant au supérieur qui stipule qu’il faut avoir assisté un enseignant de rang magistral et obtenir le grade de Maitre assistant dans les trois ans de l’assistanat avant d’être recruté.
5-Eviter que des Maitrisards ou Licenciés commandent les titulaires de Master ou de thèse au Ministère de l’ESRS, dans les IES et CR.
6-Promouvoir la mobilité pour faire en sorte qu’un enseignant puisse participer à des séminaires organisés en Guinée ou ailleurs, ou faire en sorte que les missions d’enseignement sous forme d’échange d’enseignant périodique soit une tradition. L’intérêt est de permettre aux étudiants de voir les approches des autres professeurs externes à leur département.
7-Instaurer le stage obligatoire pour les étudiants en fin de cycle dans les entreprises et même dans l’administration publique et, le stage est rémunéré jusqu’à six mois. Passé ce délai, l’encadrement doit décider de l’embaucher et de le remercier, c’est en cela qu’ils acquerront des expériences.
8-Rendre obligatoire la publication des résultats de recherches menées par les enseignants-chercheurs, une fois qu’ils ont obtenus tous les moyens nécessaires.
Voila autant de propositions qui permettront de booster les universités et de produire des étudiants compétitifs.
KEITA FODE.BA, Doctorant à Paris, Sorbonne cité.
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