Alpha Condé à Labé: « Le jour où Conté a su que Fria a été vendu à 22 millions, il a pleuré »

Lors de sa tournée au Foutah Djallon qui s’est achevée mardi par Mamou, le président Alpha Condé a touché à tous les pans de la société guinéenne dont l’affaire Friguia, cette usine qui faisait jadis la fierté de la Guinée. A Labé, devant les sages et autres érudits fortement mobilisés, le chef de l’Etat a rappelé que « la Guinée a quatre roues » et qu’il demeure « le président de tous les Guinéens ». Extraits! Discours…décrypté par notre confrère de Guineenews.
« (…) Je suis venu vous dire que je suis le président de tous les guinéens. Même les sages qui sont plus vieux que moi, je suis quand même leur père. Vous savez que Conakry est une ville de rumeurs où on raconte beaucoup de choses. J’ai toujours dit que la Guinée est une voiture à quatre roues. Si vous enlevez une roue, elle ne bouge plus. C’est cela ma vision. C’est de cette façon que j’imagine la Guinée. J’ai été opposant pendant longtemps. J’ai été derrière les Baldé Mountaga, Bah Ibrahima Caba, feu Alpha Sow mais les Mountaga et autres savent qu’après l’arrestation des enseignants en 1961, nous nous sommes opposés au régime de la première république parce que nous estimions que ce n’était pas un complot mais des revendications correctes. Mountaga est là pour la confirmation. A partir du moment-là, nous avons estimé que la première république a tourné le dos à nos ambitions. J’ai été condamné à mort en 1970, alors que Mountaga sait que je n’étais pas membre du front. Mais Alpha Sow et moi, on luttait ensemble, on a été condamnés ensemble. Certains disent que c’est un malinké, c’est un malinké mais Sékou Touré est un malinké mais il m’a condamné avec Alpha Ibrahima Sow.
Ensuite, lorsque les militaires ont pris le pouvoir en 1984, j’ai dit lors de mon premier discours, qu’ils n’apporteront pas le changement en Guinée. J’ai continué mon combat. Mais là aussi, j’ai écopé de deux années de prison. J’ai subi tout ceci parce que je ne voyais pas ce que j’ambitionnais pour la Guinée. Dieu a fait de moi président aujourd’hui. Avant ma prestation de serment, j’ai demandé au Fonds monétaire international de me faire l’état des lieux. La Guinée est le plus riche pays de la sous- région. Mais c’est qu’on vous cache est que le Produit intérieur brut de la Guinée (PIB) est trente fois inférieur à celui du Sénégal. Autrement dit, à mon investiture, le Sénégal était trente fois plus riche que la Guinée. Ce sont autant de réalités que nous avons héritées. C’est pourquoi j’aime souvent dire que j’ai hérité d’un pays mais pas d’un Etat. Pour construire un pays, il faut de l’argent…. Nos colons avaient prévu un très grand développement. Malheureusement, nous avons un défaut en Guinée, au lieu de laver le bébé et jeter l’eau sale, nous jetons le bébé avec l’eau sale. Pour le PDG, tout ce que les blancs avaient fait était mauvais, non. Ce n’est pas vrai. Il fallait prendre ce qui était bon et abandonner ce qui était mauvais. Malheureusement, le PDG n’a pas fait cela. Donc, la Guinée n’a pas avancé. La deuxième république aussi a fait la même chose. Au lieu de laver le bébé et jeter l’eau sale, ils ont jeté le bébé avec l’eau sale…..
J’ai posé la question, nous avons le minerai de fer le plus riche au monde, le Simandou. Le monde entier nous envie. Comment peut-on expliquer que nous n’avons pas pu produire une tonne de minerais de fer en cinquante ans? Nous avons les deux tiers des réserves mondiales de bauxite. Comment peut-on expliquer que nous n’avons qu’une seule usine de bauxite, Kamsar, CBG, Fria?. Pendant la colonisation, il y avait Pechiney. J’ai péché contre le président Conté, et je lui demande pardon parce que j’ai cru que c’est lui qui avait vendu Fria. L’ambassadeur de France à l’époque était venu me voir pour dire qu’il ne comprend pas notre pays parce que quelqu’un veut acheter Fria à 200 millions et vous le vendez à 22 millions. Plus tard, j’ai su que le jour où Conté a su que Fria a été vendu à 22 millions (ndlr, dollars américains), il a pleuré. Et il a demandé d’appeler les ministres le lendemain. Malheureusement, il était arrivé à un moment où s’il dit qu’il veut voir Elhadj Badrou demain, si celui-ci vient, il demande qu’est-ce qu’il veut. Il disait souvent que je ne connais pas. Si c’est bien pour le pays, il faut le faire. Si c’est mauvais, je vous le défends. (…)»

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