(1991-2007) années noires de l’université Julius n’yereré de Kankan : retour sur les méandres de l’empereur-recteur, Mamadouba cosa Camara

Dénonciations des uns contre les autres, bastonnades, contraindre les étudiants à l’exil, pour cause de contestations, étaient devenus la pratique inhérente au sein de l’université de Kankan. Actuconakry.com est allé à la rencontre d’un des acteurs de la grande contestation estudiantine de 2007 et qui a conduit le limogeage de l’empereur-recteur, Mamadouba cosa Camara.

Ce jeune étudiant non couvert d’anonymat s’appelle Ismaël Bangoura, à l’époque étudiant en troisième année philosophie de l’université Julius n’yereré de Kankan. Il a vécu presque la totalité des grandes contestations des étudiants au sein du campus, dont la nature de ces revendications était entre outres, la construction d’une bibliothèque digne de nom, l’amélioration des conditions hygiéniques au sein du campus, l’amélioration de programmes d’enseignement.

Mais l’empereur-recteur Mamadouba cosa Camara, avait vite compris que sa mission était décelée par les étudiants dans leur majorité.

Il fut nommé recteur de l’université après l’instauration du multipartisme en Guinée qui devrait à la suite aboutir aux élections générales de 1993.

Dans la foulée, ce monsieur avait un agenda au-delà de sa qualité de recteur. Notre témoin nous rassure, qu’il était un agent secret du régime de feu Lansana conté pour toute la haute Guinée, dont sa mission spécifique était de veiller sur les supposés opposants du régime conté.

Cette affirmation est corroborée plus tard par ces influences à travers certaines nominations de ministres et autres cadres supérieurs.

1999 était manifestement la première année de contestation universitaire, à la tête Abdoul Sano, Fodé Soumah, Mamadou bailo Diallo, qui étaient vraisemblablement les principaux meneurs. Un jour à l’aube les militaires sont venus encercler le campus. A l’intérieur c’était le désordre total. Et d’un cran les militaires sont rentrés dans l’enceinte du campus. Frappant sans tri les étudiants, alors contestataires et non contestataires étaient traités de la même façon. A l’issue de ces bastonnades, nombreux d’étudiants ont été retrouvés gravement blessés. Les contestataires sont restés introuvables, le recteur même avait soutenu que ces étudiants étaient partis à l’exil. Qui le sait si on les avait faits disparaître à dessein ?

A la suite de cet événement, l’empereur-recteur Mamadouba cosa Camara régna d’une main de fer, en transforma l’université à sa propriété. Personne ne l’osait lui contredire, à commencer par ces ministres de l’enseignement supérieur. Il était presque le soutien-gorge de feu général Lansana conté à l’époque.

Une dure histoire qui a fait tant de victimes parmi les étudiants de l’époque. Nombreux ont préféré le chemin de l’exil pour ne pas se voir tuer dans l’impitoyable action de Mamadouba cosa Camara. Et d’autres sont devenus commerçants, voire entreprenants informels.

Tous ces actes sont restés impunis, les enfants d’autrui ont disparu sous prétexte qu’ils étaient contraints à l’exil. Aujourd’hui personne n’en parle. Et de ce fait, la Guinée est devenue un pays où le présent absorbe dans l’absurdité le passé.

Nous y reviendrons pour la séquence de 2007
En interrogeant des acteurs clés, Mohamed V, Celtic, Moussa Daman et Cie.

Moussa Diabaté pour Actuconakry.com

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