Même si les branches ont été secouées, certains mauvais fruits ne sont pas tombés. Serait-ce un oubli de la part du chef de l’Etat ou une obstination à conserver ceux qui décrédibilisent son gouvernement ? Il ya lieu de se poser cette question car tout le monde est étonné de revoir ces ministres pourtant décriés dans ce nouveau gouvernement. Cet état de fait a créé une véritable consternation chez les populations qui s’attendaient à un réel gouvernement de mission débarrassé des incompétents pour le véritable décollage du pays.
Les populations ont favorablement accueilli la nomination du premier ministre, le rajeunissement de l’équipe gouvernementale surtout l’arrivée des femmes, comme pour dire que le genre est aussi pris en compte. Les travailleurs sont frustrés de revoir Sékou Kourouma, le ministre de la fonction publique reconduit, la raison est toute simple : il n’a pas réussi à mettre fin au mal de l’administration guinéenne, les fictifs sont encore présents et en nombre considérable. Le recensement biométrique qui avait donné l’espoir à tous, peine à faire ses résultats. L’armée a fait son recensement biométrique de la façon la plus correcte en un temps record, voilà bientôt deux ans que celui de la fonction publique se cherche encore.
Cette situation pourrait engendrer des conséquences fâcheuses car, les travailleurs commencent à s’impatienter, ils n’ont vu aucun impact de ce recensement biométrique. Le ministre aura peu d’argument pour les convaincre désormais. Sa reconduction risque d’exacerber leur colère, ils n’entendent que l’amélioration de leur condition de vie. Nous avons tous intérêt à ce que cette trêve sociale perdure, c’est ce qui est bon pour le pays. Le mieux serait de prendre des mesures pour nous éviter une grève à conséquence indéterminable.
Les derniers décrets ont prouvé à tous que la formation est la clé de réussite pour un homme. Ceux qui ont été promus aux postes de ministres ont eu la chance d’aller faire leurs études à l’étranger. La condition sociale des parents leur a permis de faire ce voyage pour aller étudier. Aujourd’hui la majorité des parents ahanent à la recherche de la pitance quotidienne, ils n’ont aucun moyen d’offrir à leurs enfants la possibilité d’aller à l’extérieur. Ils ne comptent donc que sur notre système éducatif.
Avec la reconduction de Dr. Ibrahima Kourouma à la tête de ce département cela a plongé la presque totalité des parents dans un désespoir immense. C’est comme une arête de poisson au travers de leur gorge, ils disent avoir été commandés par ces gens là, maintenant leurs enfants viennent aussi commander aux nôtres. Notre système éducatif est en train de tanguer à la dérive, on nous parle d’innovations mais c’est plutôt de l’abrutissement des enfants. Les élèves sont submergés par le rythme des évaluations, les enseignants sont contraints même astreints à produire deux notes par mois. Ce qui fait qu’avec la pléthore des élèves dans les classes et la multiplicité des classes, ces pauvres enseignants se soucient avant tout de l’acquisition des notes que de la portée pédagogique des cours dispensés.
Donc sa reconduction donne le sentiment que tout est fait pour maintenir les enfants des moins nantis dans le statuquo. Ce sentiment de déréliction et de facticité peut avoir de graves conséquences, quand on sent sa cause perdue, rien ne peut arrêter un désespéré. De Conakry jusqu’à Lola aucun parent d’élèves n’est content de cette reconduction, aucun enseignant ne cache son mécontentement, par angoisse ils ruminent leur désespoir. Cette masse enseignante est la plus grande et la plus terrible des corporations. Quand elle commence à revendiquer c’est l’ensemble des populations qui se sentent concernées, ce qui fait que sa force est incommensurable. Ce retour inattendu de Dr. Ibrahima Kourouma risque de réveiller et mettre en mouvement cette corporation. Mieux vaut sacrifier des ministres exécrés par les populations que de faire face à des troubles qui ne sont pas favorables à l’environnement des affaires.
Sous d’autres cieux quand un homme est conscient du fait de ne plus être dans le cœur de ses semblables, il démissionne mais, chez nous, on ne peut pas ou on ne veut pas de la démission. Le Pr. Alpha CONDE doit en toute circonstance trouver la solution à ce problème qui risque de ternir l’image de sa seconde mandature.
Nous lui demandons de secouer encore les branches pour les débarrasser des mauvais fruits qui veulent persister !
N’FA Ibrahima Kouyaté, Sociologue
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