Dans une contribution au débat dont copie est parvenue à Abidjan.net, le
ministre Kobenan Kouassi Adjoumani, porte-parole principal du parti au pouvoir,
le Rassemblement des Houphouëtistes (Rhdp), fait un décrytage global des
accusations et des procédures lancées contre l’ex-président de l’Assemblée
nationale, Guillaume Soro.
Ci-dessous, l’intégralité de cette déclaration.
« CE QUE LE CAS SORO GUILLAUME M’INSPIRE REELLEMENT »
Quelques 72 heures après la publication de la réaction du
RHDP suite à la conférence de presse animée par le Procureur de la République
Adou Richard, nous avons décidé, cette fois-ci avec du recul, de revisiter les
faits d’une gravité extrême qui continuent de cristalliser l’actualité
politique nationale et de susciter tant d’émoi et d’interrogations au sein de
l’opinion nationale et internationale.
L’enregistrement sonore rendu public par le chef du Parquet
et dont l’authenticité n’est pas contestée par SORO et ses partisans
(Affoussiata Bamba-Lamine a, en effet, reconnu formellement la voix de Soro
Guillaume), établit de façon incontestable un projet criminel.
En effet, l’acte projeté par Soro Guillaume et ses complices
n’était pas seulement un putsch visant à renverser les institutions de la
République mais aussi à attenter personnellement à la vie du Président de la
République.
Des éléments de langage mettent en évidence cette intention
criminelle de façon ostensible. C’est le sens des déclarations suivantes : «
nous on est là, on est dans la garde du Président à la maison, on est dans la
garde du Palais, on est positionné un peu partout ».
Si tant est que Soro a des hommes, comme il l’affirme, dans
la garde du Président de la République, quelle mission spécifique leur
assigne-t-il dans la mise en œuvre d’une insurrection civile ou militaire qu’il
projetait en secret ?
Il n’est pas inutile de rappeler que ces faits, qui ne sont
pas des paroles en l’air et que l’on tente vainement d’antidater sont en totale
cohérence avec des déclarations similaires faites le 11 octobre dernier, par le
même Soro Guillaume, à travers son compte Twitter et où il se vantait d’avoir
infiltré jusqu’à la moelle épinière le RHDP : « je remercie ceux des nôtres qui
sont au RHDP et grâce à qui nous avons survécu à bien de pièges mortels. Je
leur dis de redoubler de vigilance et d’affiner les canaux. Le moment venu,
vous serez reconnus pour vos bienfaits » se réjouissait-il. C’est également
dans cette perspective qu’a été déclenchée la récente vaste et subite campagne
de dénigrement, de diabolisation et d’intoxication menée par Soro, ses affidés
et ses alliés contre le régime RHDP et ses dirigeants.
L’objectif était de préparer les esprits et de donner une
sorte de caution morale ou une légitimité à l’acte funeste projeté.
Il fallait convaincre la terre entière que plus rien ne va en
Côte d’Ivoire, que la misère, la pauvreté ont pignon sur rue, que notre pays
serait devenu le plus grand cimetière africain des libertés publiques, qu’il
courrait droit vers la catastrophe avec une Commission Electorale qui allait «
brûler le pays » selon les propres termes de Soro. Et le comble c’est que tous
ces messages étaient savamment distillés depuis l’étranger, sur les plus grands
moteurs d’information publique et sur les réseaux sociaux. Un complot rondement
mené contre la Côte d’Ivoire par des ivoiriens. Faire tout, pour faire admettre
que ce qui devrait arriver était prévisible, inévitable et même salutaire pour
la démocratie et la paix.
On comprend aussi pourquoi est soudainement sortie de nulle
part, l’idée d’une transition politique en Côte d’Ivoire alors que toutes les
institutions de la République sont en place et fonctionnent sans problème.
Cette exigence de transition tire en réalité sa justification
dans l’accomplissement du sinistre projet préparé par Soro et ses complices.
Car, il nous revient avec insistance que dans cette perspective, des rôles de
premier plan avaient été promis à certains acteurs politiques de l’opposition
de premier rang avec lesquels il file aujourd’hui le parfait amour.
En tout état de cause, nous sommes ici dans le cadre d’un
cheminement criminel digne de ce nom ; ce que les juristes appellent l’ « iter
criminis », c’est-à-dire, l’ensemble d’un processus qui va conduire une
personne à commettre une infraction. Dans le cas d’espèce, il y a en chez Soro
Guillaume la pensée criminelle, la résolution criminelle, les actes
préparatoires, le commencement d’exécution et enfin la consommation de
l’infraction d’atteinte à la sureté de l’Etat qui elle était imminente quand ce
dernier a été freiné par les fins limiers de l’Etat qui ont éventé le projet
macabre.
Si les partisans de Guillaume Soro Kigbafori persistent à
nous faire croire que ces faits exposés dans l’enregistrement sonore remontent
à 2017, cela ne veut rien dire d’autre que ce dernier nourrissait et caressait
ce forfait depuis longtemps.
Au demeurant, la question que tous les ivoiriens se posent
aujourd’hui est celle de savoir pourquoi un tel individu est aussi passionné, à
la limite obsédé par les armes, les coups de force et les renversements
spectaculaires du pouvoir.
Comment comprendre que pour des divergences politiques Soro
qui considérait le Président Alassane Ouattara comme son père puisse projeter d’attenter
à sa vie en infiltrant sa garde rapprochée ?
Si donc en 2017, alors qu’il n’y avait aucun nuage dans ses
relations avec le Président Alassane Ouattara, il parlait d’insurrection contre
son régime, que peut-il mijoter aujourd’hui où il a pris ses distances avec le
pouvoir ?
A la vérité, Soro Guillaume n’est que la partie visible de
l’Iceberg. Il importe maintenant de débusquer tous ses complices et de leur
appliquer la rigueur de la loi. Par conséquent, il va falloir que nos services
de renseignements qui font un admirable travail maintiennent le cap de la
vigilance accrue.
Car, ne l’oublions pas, il n’y a pas longtemps, le même Soro
s’était embourbé dans une affaire similaire d’écoute téléphonique avec des
putschistes au Burkina Faso. Et il avait fallu tout le poids de la diplomatie
ivoirienne, pour éviter la brouille avec les autorités de ce pays ami. Et pour
remercier le Président Alassane Ouattara c’est à sa propre vie qu’il veut
attenter. C’est regrettable, parce que Soro est arrivé à son terminus cette
fois-ci et tout le monde va descendre !
Par ailleurs, nous avons été surpris de lire une autre
annonce faisant état de ce que Soro projetterait de livrer un message à la
nation le 31 décembre 2019. C’est un acte de désespoir d’un homme qui pense
qu’il a tout perdu et qui est prêt à tout pour ne pas sombrer dans l’oubli.
Sinon la sagesse aurait commandé qu’il affiche un profil bas et qu’il cherche
soit à se défendre face aux graves accusations qui sont portées contre lui,
soit à solliciter des médiateurs, pour implorer le pardon du Président Alassane
Ouattara et du peuple ivoirien. Mais, persister dans la provocation et les
outrages est la manifestation d’une désespérance existentielle.
Au demeurant, quelle légitimité a-t-il, pour s’adresser à la
nation toute entière le dernier jour de l’an ? Peut-être que c’est le message
qu’il avait préparé et qu’il gardait en poche au cas où son coup d’Etat
marcherait. Mais maintenant qu’il a échoué, au lieu de se laisser gagner par la
sagesse et la raison, il préfère enfoncer le clou. Comme on dit souvent «
chassez le naturel, il revient toujours au galop ». C’est le vrai visage de
Soro Guillaume que les ivoiriens sont en train de découvrir maintenant. Il est
dans la manipulation et la victimisation à outrance.
Voilà en effet quelqu’un qui court se cacher en France et qui
dès sa première prise de parole se met à insulter et à donner des leçons de
courage au Président français.
Je voudrais aussi relever que l’argument avancé par Soro,
selon lequel la bande sonore entendue proviendrait d’une conversation avec un
espion qui aurait été mandaté par le Président Ouattara, ne saurait prospérer.
Nulle part dans la conversation il n’a été entendu que l’espion était venu lui
proposer ses services, pour l’épargner d’un éventuel danger.
En effet, dans les échanges rendus public par le Procureur,
le sujet était totalement différent. C’est le Président Ouattara qui était la
cible, c’est Soro qui dévoilait son plan d’attaque et se vantait de détenir la
télécommande. A aucun moment on a entendu quelqu’un lui proposer ses services,
pour le protéger. Pour nous, c’est quelqu’un qui est pris la main dans le sac
et qui tente de démontrer que la main qui est dans le sac n’est pas la sienne.
En réalité, la volonté de Soro Guillaume n’est pas d’aller
aux élections. Il a eu à tâter le terrain.
D’abord, aux dernières élections locales où il a aligné plus
d’une cinquantaine de candidats face aux candidats du RHDP, tous ont mordu la
poussière sauf trois qui ont eu gain de cause aux municipales.
Ensuite, il y a eu une mini tournée nationale qui n’a pas eu
le succès escompté. Chez lui-même à Ferkéssédougou, le RHDP a fait une
démonstration de force, à l’occasion de la mémorable et grandiose journée
d’hommage à SEM Alassane Ouattara.
A son corps défendant, Soro s’est rabattu sur l’étranger pour
dénigrer le régime. Peine perdue ! La seule option qui lui restait était la
force. Et c’est là qu’il s’est fait prendre.
Pour conclure, nous affirmons que point n’est besoin de
tenter de distraire l’opinion avec des dates. Le fait est là. Soro Guillaume
s’est inscrit dans une logique de déstabilisation depuis plusieurs années.
L’atteinte à la sureté de l’Etat dont il est question ici n’est pas une
infraction prescriptible.
Par conséquent, ce qui a été fait en 2017 est aussi
punissable que ce qui est fait en 2019.
C’est comme un voleur qui pour se défendre devant le juge
d’instruction, fait savoir que le vol dont on l’accuse ne date pas
d’aujourd’hui mais d’avant-hier.